En 2013, Edward Snowden déclenche l’un des plus grands séismes politiques aux Etats-Unis en révélant des documents secret-défense de la NSA. Sous le nom le code « CITIZENFOUR », il contacte la documentariste américaine Laura Poitras. Elle part le rejoindre à Hong Kong et réalise en temps réel CITIZENFOUR, un document historique unique et un portrait intime d’Edward Snowden.Citizenfour – 4 Mars 2015 – Réalisé par Laura Poitras
Quand j'ai découvert « Snowden » de Oliver Stone l'an dernier, j'ai pensé irrémédiablement à « Citizenfour » que je n'avais pas encore vu et que beaucoup brandissaient pour le dénigrer. Car le film de Laura Poitras aurait tout dit et que le travail d'Oliver Stone ne faisait qu’effleurer ce qu'elle avait abordé. Sauf que les opposer est réducteur tant il sont au final complémentaires, car la ou Stone s'intéresse seulement à l'homme « Snowden », la réalisatrice de « Citizenfour » se concentre quant à elle sur les révélations qu'il leur livre à Hong-Kong, à Glenn Greenwald, Ewen MacAskill et à elle même.
Des le début du film on est plongé dans une atmosphère de film d'espionnage, pas du genre « James Bond » mais plus du style de « Tinker, Taylor, Soldier, Spy » réalisé par Tomas Alfredson. On ne peut faire confiance à personne, c'est austère, lent et il n'y a aucune gloire à en tirer. Une motivation qui à guider un analyste de la NSA à se mettre hors-la-loi pour dénoncer les pratiques de son gouvernement, mais aussi celle de gouvernement allié aux USA et qui se met en tête de contacter la journaliste et réalisatrice de documentaire Laura Poitras. Ils vont échanger pendant un certain temps et une relation de confiance s'installera peu à peu, jusqu'à la rencontre cruciale à Hong-Kong.
Snowden ne choisit pas Laura Poitras par hasard, c'est aussi une femme qui est dans l’œil des services de renseignements américains, car le choix des sujets pour ses documentaires dérangent. Elle a même été mise sur une liste de surveillance de la sécurité intérieure après son documentaire « My Country, my Country ».
Une femme de conviction qui sait que son travail peut la mettre en danger et qui comprend les problématiques de surveillance de masse, mais qui n'a pas encore la vue globale que va lui offrir Snowden. Une fois à Hong-Kong, on va assister avec recul et pudeur a ce séisme mondial que déclenche ces révélations. Elle saisit ainsi pendant sept jours, les failles et les doutes d'un homme qui a tout abandonné, pas pour la gloire mais par conviction et qui va faire vaciller des millions de gens dans le monde. Ce film montre l'envers du décor, sur le risque que prend Snowden en se montrant au monde, sur le risque des journaux impliqués qui ne savent pas si ils peuvent ou non publier les révélations et sur les conséquences que cela aura sur leurs vies.
Les révélations quant à elle ne montre pas seulement que la NSA surveille qui elle veut, quand elle veut ! Elle montre aussi que les gouvernements dans le monde font ce qu'ils ont envie. De la surveillance des téléphones portables en passant par la collecte des données sur internet, ils n'ont que faire de l'opinion publique et les USA par exemple s'arrange pour légaliser leurs écoutes en s'appuyant sur une cour parallèle appelée « FISA Court ». Un reniement en règle de nos droits les plus fondamentaux, pourquoi ? Pour qui ? Certainement pas pour nous et cela se vérifie quand aucun pays de l'U.E ne veut accueillir le lanceur d'alerte qui à juste eu le tort de mettre en lumière des pratiques illégales qui nuisent à notre liberté.
Un documentaire qui vise juste et qui alterne entre moment de sidération et des scènes plus simples avec Edward Snowden. Ce qui démontre à la fois la particularité de son geste, du simple quidam qui veut servir son pays aux montagnes qu'il à réveiller en dévoilant leurs actes. Un combat qui semble impossible à gagner, sauf que Laura Poitras avec son « Citizenfour » montre qu'il ne nous faut pas nous résigner et que c'est à nous de reprendre ce que l'on a perdu …