Jérôme Pham Van Bouvier et Anthony Gauge, sont plus connus pour le moment sous leurs pseudos respectifs Evilashymetrie et Thefloydus, comme co-créateurs du podcast cinéma Podsac. Ils le sont sans doute aussi des lecteurs de ces lignes en raison de leurs nombreuses collaborations avec l'équipe œuvrant sur ce site. Le 20 février, les deux amis, aidés de Thibaut Turcas (le réalisateur du film Les vilains, que l'on vous recommandait ici), rendent public leur nouveau court-métrage, Soldat de plomb, en le diffusant gratuitement via la plateforme Youtube.
Jérôme et Anthony endossent le rôle de réalisateurs et scénaristes, quand Thibault Turcas prend celui de co-scénariste. Ils s'entourent d'une équipe de jeunes acteurs talentueux parmi lesquels s'illustrent Anthony Darche (l'un des acteurs principaux des Vilains), Julia Gratens (vue dans les Vilains et dans plusieurs courts-métrages de Thibault Turcas ), Marion Conojero, Nassim Azrou, Yohan Jore ou encore Gwenaël Pigat .
Soldat de plomb est un court-métrage orienté action et pourrait être présenté comme un hommage aux films d'action musclés des années 80, dans lesquels des Chuck Norris, Steven Seagal ou Mel Gibson s'en donnaient à cœur joie. Ce ne serait pourtant pas rendre justice à ce film que de le réduire à cette simple comparaison. Certes, Soldat de plomb présente plusieurs aspects rappelant cette période du cinéma américain, mais il faut aussi saluer sa prise de risques et son inventivité, principalement en termes de mise en scène. On n'évitera pas l'une des caractéristiques majeures du genre action / revenge movie, dans lequel un héros déterminé est prêt à tout pour venger un proche (ici sauver sa copine) et entreprend de mettre hors d'état de nuire tous les méchants vilains qui se trouveraient sur son chemin. Vous l'aurez compris de vous-même, on ne vient pas ici pour découvrir un scénario incroyable et il faut d'emblée accepter que si l'histoire n'est pas qu'un prétexte pour une déferlante d'action, elle est tout de même complètement au service de celle-ci, de la mise en valeur des personnages et de la mise en scène.
L'un des points forts de ce Soldat de plomb réside dans la mise en images des scènes d'action et des nombreuses chorégraphies de combat qui émaillent le film. Sans doute aidés par leurs nombreuses participations et présences sur les tournages de réalisateurs de web-séries, de courts métrages ou de longs métrages d'action, les deux réalisateurs démontrent un talent évident pour faire surgir la violence, rendre les combats réalistes et percutants. Bien aidés par le travail sur chaque combat mené par Nassim Azrou, Jérôme et Anthony parviennent à livrer un film rythmé, nerveux et prenant. On pense parfois même au travail réalisé par Gareth Evans sur les films The raid, dont ils se sont peut-être aussi inconsciemment inspirés.
Les mouvements de caméra sont précis, tant dans la gestion intelligente des gunfights que dans celle des corps à corps. Mention particulière pour la plus belle séquence du film, durant laquelle le héros affronte un adversaire dans un espace très exigu. Même l'utilisation de la shaky cam pour une scène de course à pied offre un rendu appréciable, ce qui est pourtant rarement le cas de cette technique ayant une propension à rendre les mouvements illisibles à l'écran.
La générosité dans la mise en scène s'étend jusqu'à offrir à certains personnages une dimension intéressante, malgré un background forcément léger au vu du format du métrage. Anthony Darche tient son rôle de manière décidée et offre une épaisseur suffisante à un héros badass et très crédible lors des affrontements. L'acteur prouve ici que son jeu ne se limitera probablement pas à la comédie. A noter également la performance saisissante de Julia Gratens, dont le charisme crève l'écran à chaque apparition. L'actrice fait presque oublier son physique renversant par une prestance impressionnante. Il faut saluer aussi la première prestation très juste devant la caméra de Gwenaël Pigat , dans le rôle d'un homme de main marquant.
Si Soldat de plomb ne révolutionnera pas le genre auquel il rend hommage, vous prendrez du plaisir à le visionner si vous n'êtes pas réfractaire aux films d'action musclés. Il faut aussi penser à le replacer dans le contexte d'un court-métrage aux moyens très limités et réalisé par des faiseurs encore peu expérimentés malgré tout.