Le developpement du personnage nourrit le conflit

Toutes les histoires sont à propos de personnages même lorsque ceux-ci sont des animaux ou des êtres vaguement anthropomorphes.
Et ceux qui restent en nos mémoires ont été capables de nous fasciner. Quelque part, nous devons bien admettre que nous les admirons.

Les personnages qui résonnent le plus en nous sont ceux qui dans le cours de l’histoire apprennent à transcender leurs failles et leurs faiblesses pour accomplir quelque chose dont ils ne se pensaient pas capables, si tant est qu’ils y pensaient.
Ce mouvement est connu sous le nom d’arc dramatique.
Le personnage principal doit atteindre à une sorte de grandeur à la fin du scénario. Pour faire court, on peut dire qu’il s’améliore. Il pourrait même trouver un état de grâce dans la mort (symbolique ou réelle) tant que cela mène à une rédemption ou à une sagesse.

Une élévation

En surmontant ce qui l’affaiblit, le personnage s’éveille en quelque sorte à un autre être. Au début de l’histoire, il est un personnage en devenir, un projet de personnage qui doit s’accomplir au cours de l’histoire.

Il peut acquérir une dignité qui lui manquait ou une confiance en soi qu’il ne possédait pas au début de l’histoire.
Comme dans la vie réelle, les moments de nos vies qui nous définissent vraiment sont essentiellement personnels. Ce sont ces moments où nous devenons capables par nos actions, nos décisions de dépasser nos propres limitations et nous élever vers notre véritable être.

Cela signifie pour un auteur qu’il doit connaître la totalité de son personnage. Ce qu’il deviendra à la fin de l’histoire doit être connu dès le début de l’histoire.
Cet être que le personnage deviendra ne provient pas du chaos ou du néant. Le personnage est déjà cet être dont l’auteur va nous décrire la révélation à travers l’arc dramatique.

Définition de l’arc dramatique

C’est un parcours souvent rocailleux de développement personnel. Un personnage suit ce parcours, habituellement à son corps défendant, et va lutter contre de sérieux obstacles émotionnels qui sont autant de peurs, de limitations, de blocages ou de blessures.

Par exemple, il pourrait avoir à lutter contre sa lâcheté et la vaincre (si tel est la volonté de l’auteur). Ce pourrait un être empli de doute, cherchant à donner un sens à sa vie.
Il pourrait avoir un code moral déficient et comprendre dans le cours de l’histoire la nécessité d’en changer. Chaque personnage possède son propre jeu de valeurs. C’est une notion très subjective. Mais rien n’interdit d’en changer.

Un personnage pourrait apprendre à aimer ou à aimer de nouveau. Une blessure aurait pu broyer l’élan amoureux chez lui et son attitude en retrait des autres pourrait tuer dans l’œuf toute tentative amoureuse de la part d’autrui l’isolant encore davantage.

Ce n’est pas autrui qui cherche à lui nuire. L’image de lui-même (dont il est responsable) et qu’il offre au regard d’autrui alimente son isolement.

Un sentiment de culpabilité pourrait étreindre le personnage. C’est généralement dans le passé que se situe l’événement originaire de cette culpabilité. D’où l’intérêt de bien repérer dans la biographie du personnage les éléments en rapport avec cette faille dans sa personnalité.
Il est généralement préférable pour favoriser le rapprochement entre le lecteur et le personnage de donner au lecteur quelques indices qui explicitent le comportement actuel du personnage.

C’est ainsi que le trauma à l’origine de la faille est important. Tout ce qui peut humaniser un personnage est important. Toutes les imperfections, les faiblesses voire les vices d’un personnage sont des choses universelles avec lesquelles le lecteur peut s’identifier (les comprendre).

Une orientation

Ces failles donnent au personnage un endroit où se rendre. Elles sont une force qui le fait avancer. Le développement d’un personnage est donc intéressant dans cette lutte contre lui-même. Généralement, il triomphe mais ce n’est pas une obligation. Le tragique fait aussi partie de la vie.

Charlie Babbitt (Rain Man) par exemple nous est introduit comme un vendeur de voiture cynique. Il kidnappe son frère autiste parce qu’il se sent blousé dans sa part d’héritage et pour tenter de trouver un moyen légal de gérer la fortune de son frère qu’il estime lui revenir.

Après un road-movie à travers le pays, Charlie cependant apprendra à quel point est important la famille (ce qui le rapproche aussi de sa petite amie) et laissera tomber l’argent.

Les fonctions de l’arc dramatique

La fonction majeur d’un arc est de maintenir la tension et le conflit. Le développement perpétuel de l’arc (dans la durée de l’histoire) assure qu’il y aura du conflit. Et le conflit génère de la tension dramatique.
Le tourment intérieur d’un personnage aide aussi à externaliser le conflit parce qu’en connaissant ses peurs et ses faiblesses, vous savez quels dangers, quels obstacles mettre sur son parcours.

Le conflit personnel qui décrit l’intériorité d’un personnage est par nature immatériel. Or spécialement dans un scénario, il faut montrer les choses et non les dire.
C’est ainsi que le conflit extérieur (ce qui se passe dans l’environnement du personnage) va refléter son conflit interne.
John McClane, par exemple, est séparé de sa femme parce qu’il n’a pas su se mettre à son écoute. C’est sa faiblesse.
Le conflit extérieur consiste à se battre contre les méchants de l’histoire qui ont pris en otage le personnel de la société qui emploie sa femme.
Mais si McClane prend tous les risques, c’est que parmi les otages, il y a sa femme. Sinon, cela ne l’aurait pas motivé. Les méchants de l’histoire, en fin de compte, sont comme sa faiblesse qui le tient éloigné de sa famille.

Un arc, c’est un changement interne progressif qu peut être positif ou négatif.
S’il est négatif, c’est une tragédie. Les personnages qui restent essentiellement semblables du début à la fin sont déterminés à finir tragiquement à moins qu’il ne s’agisse de James Bond ou des nombreux personnages incarnés par John Wayne.
Et même dans ce cas, un changement a lieu mais il s’agit davantage d’une influence bénéfique du héros sur un autre personnage.
Gardez en mémoire qu’un personnage qui renforce encore plus une conviction qu’il possédait au début de l’histoire change en quelque sorte en restant résolu dans sa détermination ou bien en résistant à ce qui cherche à le changer pour lui nuire (c’est le motif universel des tentations).