Bonnie and Clyde

Bonnie and Clyde
Etats-Unis, les années 1930. C'est la Grande Dépression, suite au krach boursier de 1929. Un couple d'amants criminels, Bonnie Parker et Clyde Barrow, sillonne le pays en braquant des banques. Bientôt, l'Amérique ne parle plus que de ces hors-la-loi inexpérimentés. Certains les admirent. D'autres sont horrifiés. Quoiqu'il en soit, poursuivis par la police, ils devront bientôt faire face à leur destin...

Bonnie and Clyde – 8 Novembre 1967 - Réalisé par Arthur Penn
C'est un jour perdu dans les méandres de feu « Zive » qui se nomme désormais « SFR play » que j'ai découvert après moult recherche aussi agaçante que fatigante, un film sur un couple mythique. Pas un de ceux qui a forgé la légende du cinéma, mais plutôt de ceux qui ont marqué l'histoire des USA. Un film sur les années 30, sur la grande dépression, ses ravages et ses légendes, comme « Bonnie and Clyde »
Une journée comme une autre au Texas, territoire ravagé par les conséquences de la grande dépression, les banques ferment, la pauvreté s'installe et la misère gagne de plus en plus d'américains. Bonnie Parker est une jeune femme que la lassitude gagne, elle papillonne d'homme en homme sans que cela ne satisfasse ses envies. Un jour alors qu'elle attend que le temps passe dans sa chambre, elle surprend un homme à l'allure élégante s'approcher de la voiture de sa mère, ses intentions ne font aucun doute, mais pris par l'insolence qui se dégage de lui, elle tombe sous le charme de celui qu'on appelle Clyde Barrow. Une rencontre déterminante, ou Bonnie découvre le visage de son interlocuteur, un braqueur insouciant qui prend ce qu'il désire, animé par un esprit de revanche qui va les entraîner sur les routes sinueuses de l’illégalité. Sauf que les temps sont durs pour tout le monde et que les butins sont aussi rares que faméliques, ce qui pousse le duo à faire toujours plus. Clyde réunit ainsi son frère et sa femme avec eux, le gang Barrow écume divers États, hélas ils finissent par attirer l'attention de la police …
Une fois le film fini, je n'ai pas tout de suite était convaincu, car je trouvais que le film d'Arthur Penn forçait sur la « glamourisation » de son couple, rendant presque son histoire complètement artificielle. Cependant et cela après quelques jours, les qualités du films sont ressorties peu à peu, pour se révéler être en phase avec le sujet qu'il aborde. Un acteur/producteur en perte de vitesse qui cherche à prendre une légitimité qu'il n'a pas pour un film en rupture avec les codes de l'industrie en vigueur à l'époque …
Avant que le film existe, il y a un livre, écrit par John Toland « The Dillinger Days » qui raconte l'histoire de ce duo. Ces deux jeunes scénaristes qui s'en emparent pour l'adapter, il s'agit de Robert Benton et David Newman séduit par l'histoire de ces gangsters et par l'aspect révolutionnaire que le couple incarnait à l'époque, qui résonne alors avec l'esprit de la fin des années 60. Admiratif du réalisateur François Truffaut, il lui propose le scénario, mais trop occupé par l'un de ces films, il décline l'offre et leur conseille de s'adresser à Jean-Luc Godard qui décline à son tour. Mais le destin, qui se nomme Truffaut, leur met sur la route Warren Beatty qui cherche une opportunité pour se relancer. Intéressé par le rôle, il décide de tout faire pour que cette fois-ci rien ne lui échappe comme pour « What's New Pussycat », il achète les droits, le produit, recrute le réalisateur et fini même par incarner au final le rôle principal.
Un choix idéal qui sert à merveille l'histoire. Si Beatty n'a pas voulu que son personnage soit bisexuel comme dans la réalité (Question d'image à l'époque pour lui), ils ont fait de lui quelqu'un d'impuissant et qui va comme sa partenaire à l'écran chercher quelque chose de nouveau, à dépasser sa propre condition de départ grâce à leurs vies de gangsters. Car au delà des méfaits qu'ils commettent, ce sont deux personnes en marge de la société et qui ne cherche qu'une place qui leur échappe depuis trop longtemps. Bonnie veut prouver qu'elle n'est pas qu'une femme qui attend le bon partie et Clyde qu'il n'est pas qu'un simple séducteur et braqueur de banque. Une quête de soi qui ne se fera pas sans heurt, ni drame, mais qui les verra changer et porte l'idée d'un monde différent ou chacun aurait sa place. Une métaphore à peine caché de la situation des gens dans les années 30 qui subissaient la crise et qui se devaient de se battre pour espérer une vie meilleure. le parcours de Bonnie & Clyde est alors symbolique du mal-être de la population qui voit en eux des idoles renversant un ordre établi qui les oppresse. Une façon aussi pour Arthur Penn et Warren Beatty de placer leur film au début du Nouvelle Hollywood …
Un film à la richesse thématique indéniable dont Arthur Penn s'empare pour faire un film en rupture avec les codes de l'époque à Hollywood. Une obligation vu les personnages qu'il met en scène, mais aussi par rapport à la situation de « la grande dépression » qui n'était pas avare en coup dur et autre drames. Premier bon point, c'est tout l'ambiance et le background mise en œuvre à l'écran, on voit un Texas qui est entrain de dépérir, ou les propriétaires sont jetés à la rue par les banques, les paysages sont désertiques, les habitations abîmés par le temps, les couleurs sont chaudes, dans des teintes de jaunes, que la photographie de Burnett Guffey magnifie et ou les décors de Dean Tavoularis résonne comme les fantômes de la grande dépression. Un décorum de western qui nous accompagne tout au long du film, ou le réalisateur nous livres des scènes de poursuites et de fusillades d'une violence étonnante pour l'époque, tout comme la représentation de la sexualité à l'écran qui est présenter frontalement (presque) notamment au début quand on découvre Bonnie, ou de manière détourner par des substituts (bouteille ou arme à feu). Le réalisateur nourrit ainsi la personnalités des différents protagonistes, un duo à l'apparence adulte mais au comportement juvénile mue par leur instinct les plus basiques, boire, manger, faire l'amour. Un film qui va au rythme de ces différents protagonistes, à la fois rapide et instinctif, que lent, tendre et cruel, jusqu'au final d'une brutalité choquante …
Le casting est quant à lui magnifique, beau et plein de talent. C'est la première fois que je regarde un film avec Warren Beatty et je n'ai pas était séduit à 100 % par l'acteur qu'il est. Alors pour son rôle de Clyde, il se glisse à merveille dans les habits de ce gangster, il a la carrure et la dose d'impulsivité qui sied au personnage, cependant je le trouve un peu lisse, il manque un peu de caractère. Ce qui est pour moi tout le contraire de sa partenaire à l'écran Faye Dunaway, un vrai caméléon qui donne naissance à un personnage dur, sensible et attachant. Une performance majuscule pour une actrice qui se métamorphose en deux heures, avec minutie, empathie et subtilité, qui font passer la Bonnie sensuelle et insouciante à la femme sure d'elle, qu'elle est à la fin. Michael J. Pollard joue le rôle du mécano/chauffeur « C.W. Moss » un peu simplet que le duo recrute; il y a aussi Gene Hackman dans le rôle du frère de Clyde « Buck », une composition survoltée qui tranche avec celle de Beatty ; Estelle Parsons joue la compagne de « Buck », c'est aussi l'antithèse du personnage de Bonnie, ce qui crée quelques étincelles ; puis pour finir on trouve Denver Pyle dans le rôle du texas ranger Frank Hamer et Dub Taylor dans le rôle du père de Moss. 
C'est l'histoire d'une rébellion inter-générationnelle qui ne vieillit pas, beau, intense et puissant ... 
Bonnie and Clyde