Réalisé par : Danny Boyle
Avec : Ewan McGregor, Ewen Bremner, Jonny Lee Miller, Robert Carlyle et Kelly Macdonald
Date de sortie : 1er Mars 2017
Durée : 1h57min
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Synopsis :
D’abord, une bonne occasion s’est présentée. Puis vint la trahison.
Vingt ans plus tard, certaines choses ont changé, d’autres non.
Mark Renton revient au seul endroit qu’il ait jamais considéré comme son foyer.
Spud, Sick Boy et Begbie l’attendent.
Mais d’autres vieilles connaissances le guettent elles aussi : la tristesse, le deuil, la joie, la vengeance, la haine, l’amitié, le désir, la peur, les regrets, l’héroïne, l’autodestruction, le danger et la mort. Toutes sont là pour l’accueillir, prêtes à entrer dans la danse…
2/5
Faire revivre des personnages 20 ans après la fin plutôt abrupte d’une histoire peut sembler sur le papier plutôt alléchant. On a tous envie de savoir la suite car oui, la curiosité est un vilain défaut. Mais est-ce forcément une bonne idée ? Les bonnes histoires ne devraient-elles pas gentiment prendre la poussière dans nos DVDthèques surchargées ? Ce n’est pas le goût de tout le monde en tout cas. Dans une industrie cinématographique au bord de l’implosion, un réalisateur de renom se devait d’apporter sa pierre à un édifice déjà chancelant. Il faut dire que nos salles obscures sont désormais envahies par des suites en tout genre avec les sempiternels mêmes personnages qui ne cessent de revenir dans des come back toujours plus tonitruants (et inutiles).
C’est donc au tour de Danny Boyle de revenir sur les traces de sa propre filmographie, comme en manque d’amour propre et de reconnaissance d’un public perdu dans les limbes d’un cinéma stérile. En choisissant de faire revenir sur le devant de la scène les énergumènes de Trainspotting, le réalisateur anglais prend un risque majeur. Sans surprise, c’est un échec.
« Tu es un touriste dans ta propre jeunesse » lui assène son père d’un regard fatal, rempli de jugement et d’amertume. Comme s’il n’avait pas changé d’un iota, il perpétue les mêmes erreurs qu’il faisait encore alors qu’il n’était qu’un jeune adolescent marginal. Aujourd’hui, il regarde derrière lui sans vraiment avoir évolué ou pris conscience de ses erreurs. Parle-t-on du réalisateur ? Non, mais de Brenton – le personnage incarné par Ewan McGregor – est toujours plus bedonnant. En même temps, il faut le comprendre : 20 ans se sont écoulés depuis Trainspotting, premier du nom. Il avait laissé sur le carreau le spectateur et sa bande de délinquants à la petite semaine, au profit d’un sac plein à craquer de billets. Lui et sa bande de potes n’ont pourtant pas bien changé. Ce sont les mêmes mais en pire : le nez plongé dans la coke ou la merde jusqu’au cou. Brenton a refait sa vie à Londres mais se voit contraint de revenir sur le lieu de ses premiers méfaits. Commence alors la rencontre avec ses anciens acolytes.
Ainsi, coincé dans un paquet de problèmes que constitue leur vie, chacun tente à sa manière de lever la tête pour respirer une bouffée d’air pur. Mais tous sont coincés dans un piège qu’ils ont eux-mêmes créé, un cercle vicieux qui finit toujours par les replonger là où tout avait commencer : dans les bas-fonds d’une Angleterre discriminatoire. Mais le principe fondamental d’un cercle vicieux est qu’il n’a pas de fin, chaque action en entraîne une autre d’autant plus dommageable. Jusqu’où iront les personnages dans leur quête de la médiocrité, de l’absurdité, de la futilité ? De déboires en débauches, chacun y va de sa petite bêtise, énervant toujours plus le spectateur. Cette course aux souvenirs se métamorphose petit à petit en chasse à l’ennui. La comédie noire à l’humour grinçant de la première partie aura bien tenté de nous réveiller avec ses saillies bien senties mais le pseudo-thriller de second acte nous achève sur le vif.
On pourra dire ce qu’on voudra, 20 ans n’est jamais assez. Personne ne change. Ils sont tous devenus de simples caricatures grotesques d’eux-mêmes. Alors que le premier volet des aventures des joyeux lurons adressait clairement un gros bras d’honneur à toute cette bourgeoisie bien-pensante, à tout ce que la contre culture punk méprisait, dans un film énergique et bourré d’idées novatrices, ce second volet semble vide.
Comme nostalgique d’une époque pas si lointaine, Boyle voyage à travers le temps et sa propre cinématographie mais semble avoir perdu quelque chose en chemin, sûrement son talent, caché entre ses milliers de scripts aussi inutiles les uns que les autres.