Synopsis : " Un groupe d'explorateurs plus différents les uns que les autres s'aventurent au cœur d'une île inconnue du Pacifique, aussi belle que dangereuse. Ils ne savent pas encore qu'ils viennent de pénétrer sur le territoire de Kong... "
Kong à contre-jour devant le soleil; les hélicoptères de combat qui avancent vers la lumière, éclairés à contre-jour de la même manière que Kong; Samuel L. Jackson faisant face aux flammes avec un travelling bas-haut... vous croyez avoir tout vu ? Vous n'avez en réalité encore rien vu. Trois ans après le grand retour de Godzilla devant la caméra de Gareth Edwards et sous le regard de la société de production/distribution Warner Bros, voici que débarque cette fois le célèbre Kong. Dans l'optique de développer un " Universe Monsters " parce que c'est à la mode, la société Warner Bros a décidée d'offrir à ces icônes de la pop culture une cure de jouvence. Deux grands retours, mais deux retours fondamentalement différents à cause d'un business sans cesse changeant. En 2014, le cinéma sortait plus ou moins de sa phase " Nolanienne " (post trilogie The Dark Knight et son regard sur les traumatismes d'un super-héros par le prisme du monde qu'il se doit de sauver) et les sociétés de productions adoubaient chaque projet qui optait pour une ambiance sombre, dramatique et chaotique. En 2017, tout a changé et malgré des critiques assez cinglantes vis-à-vis de certains projets, c'est la couleur, le pulp, l'entertainement fun et décomplexé qui est à tout prix recherché. Guardians of the Galaxy, Suicide Squad, bientôt Thor : Ragnarok, mais en attendant voici Kong : Skull Island. Hommage fortement assumé et appuyé au cinéma de guerre, mais avant tout à l'œuvre réalisée par Francis Ford Coppola, Apocalypse Now, Kong : Skull Island se dévoile comme un divertissement qui prône le spectaculaire au travers d'une ambiance et d'une esthétique qui transpire le soufre et le napalm.
Après avoir signé une petite comédie indépendante nommée The King of Summer avec Alison Brie, Jordan Vogt-Roberts s'attaque à un gros blockbuster de plus de 100 millions de dollars de budget pour son second long-métrage. Il passe du tout au tout, mais s'avère devenir grâce à ce Kong : Skull Island, un cinéaste à suivre. Un cinéaste et non pas qu'un simple Yes Man. Au-delà du simple divertissement qu'il est, et qu'il assume pleinement d'être, Kong : Skull Island est un défouloir dont la dimension esthétique est prédominante. Les couleurs inculques une ambiance à chacune des séquences et leur vivacité permet au film de ne pas être si conventionnel et plat que cela. Le surréalisme est de mise, les couleurs sont vives, appuyées et l'image fortement contrastée. De la fiction pure et dure, et aucune recherche de naturalisme pour créer par exemple un attachement ou une empathie. De l'action surréaliste, mais jubilatoire dans un monde à feu et à sang.
L'action est omniprésente, la mise en scène est nerveuse et les scènes de combat sont d'une jouissance sans nom grâce à un travail sur le gigantisme qui n'est pas sans rappeler celui d'un certain Gareth Edwards, entre autres. Un gigantisme recherché afin de rendre les affrontements et duels toujours plus impressionnants. Un tout poussé à son paroxysme au point que s'enchaînent facilités et incohérences scénaristiques (personnages qui grimpent une montagne en quelques minutes, une typographie de l'île incohérente...). L'ennui n'est pas de mise avec ce Kong : Skull Island tant le spectateur entre avec instantanéité dans l'œuvre proposée. Et ce, malgré une histoire qui ne mérite pas uniquement des louanges.
Même si l'histoire avec un grand H (caractérisation des personnages, dialogues, amorces des scènes d'action...) n'est pas épatante d'originalité, elle s'avère suffisante afin de permettre une bonne immersion du spectateur dans l'action et l'œuvre dans sa globalité. Le scénario est bien écrit, car concis et va directement à l'essentiel. Les personnages sont rapidement et fortement caractérisés, donc aisément identifiables un à un par le spectateur. Même si encore une fois, ils répondent tous plus ou moins, aux codes des personnages types du cinéma d'action et d'aventure. Les personnages sont hauts en couleur, et leurs forts caractères permettent au film de gagner en densité et en férocité lors des duels verbaux et/ou physiques. En l'espace de quelques minutes, le spectateur est déjà en connaissance de tout ce qu'il doit savoir et n'a plus qu'à prendre place et de se laisser emporter par l'action sur l'île du crâne.
Certains disaient être frustrés par le manque d'action d'un Godzilla qui préférait la suggestion à la démonstration. Ces derniers seront ravis, car Kong : Skull Island va droit à l'essentiel, va droit à l'action, et ce, sans concessions. En plus de proposer une mise en scène nerveuse et un cadrage suffisamment large et aéré pour permettre une belle lisibilité de l'action sans avoir à user de sur-découpage au montage, Jordan Vogt-Roberts inculque une patte artistique à son œuvre. Cette volonté perpétuelle d'iconiser les personnages par tous les moyens possibles. Chaque séquence possède son lot de money shots, son lot de plans où vont être iconisés les personnages. Par le cadre, par un ralenti, par la mise en scène ou encore par la colorimétrie choisie.
En Conclusion :
Certains diront que c'est trop, alors que d'autres jugeront que c'est au contraire parfait, car tous les éléments qui composent ce film ont la même volonté, celle de faire un film d'action référencé, esthétiquement léché, à la colorimétrie appuyée, au rythme soutenu, aux personnages badass typiquement américains et aux scènes d'actions spectaculaires. Kong : Skull Island est un film d'action américain consensuel dans les grandes lignes, mais qui en met plein la vue. On en vient cependant à se poser la question : comment est-on passé d'un film Skull Island, à un film Kong ? Car ici, même si Kong n'est pas encore le roi connu de tous, les créatures qui l'entourent sont au second plan. Tout tourne autour de Kong et l'île n'est finalement qu'un simple terrain de jeu avec quelques créatures qui vont être mises sur le chemin des Américains. Tout n'est certainement qu'une question de business, mais même si l'on a aimé ce Kong, on aurait aimé avoir un vrai film Skull Island avec un bestiaire plus surprenant, plus développé.