Sans les oscars et les autres récompenses, je n'aurai jamais donné sa chance à Lion. La promo française a su annihiler toutes envies chez moi. Les quatre par trois ou les visuels disparaissaient sous une typo aux couleurs flashies hurlant «le nouveau slumdog millionaire», c'est pas ma came. Alors que j'ai adoré ce film de Dany Boyle.Puis il y a eu toutes ces récompenses, le discours bouleversant de Dev Patel, et l'affection que j'ai pour cet acteur ont su faire naître l’intérêt, mais c'est la bouille de Sunny Pawar qui a su me conquérir. Je me suis donc installée devant ce film sans savoir ou j'allais.Saroo est un petit bonhomme de cinq ans qui suit comme son ombre son grand frère Guddu. On les rencontre en train de chiper du charbon dans un train (pour être précise la scène d'ouverture est plus poétique, mais je vous laisse la découvrir). Ils vont revendre ce charbon au marché, et avec cet argent ils achèteront du lait pour leur maman et leur petite sœur. Mais la vie est difficile, et la maman doit laisser ses enfants pour aller travailler. Guddu quant à lui, en tant que grand frère responsable, part pour plusieurs jours pour un travail de force dans une ville éloignée. Mais saroo se sent assez fort pour travailler avec son frère et aider sa maman. Il fait un numéro de charme, et fini par obtenir ce qu'il veut.Guddu qui doit avoir entre douze et quatorze ans est un grand frère aimant et attentionné. Mais une fois arrivé à destination, le titou n'arrive pas à se réveiller, il le laisse dans une gare le temps de travailler. Mais Saroo se réveille et se réfugie dans le wagon d'un train. Wagon qui est fermé et est rapatrié pendant plusieurs jours jusqu'à Calcutta. C'est là que commence son existence d'enfant des rues.Saroo n'est pas un personnage de fiction. Il est l'auteur d'une autobiographie qui raconte une partie des sa vie et dont est inspiré ce film. C'est cette histoire qui nous est contée. Celle d'un homme hors du commun qui a retrouvé le chemin de sa petite enfance en sachant retrouver ses souvenirs de tout petitou et avec Google earth. Il est un homme à l'image de l'enfant qu'il était, exceptionnel. C'est presque un privilège de connaître son histoire et d'entendre ce qu'elle dit de notre société.Ce film aborde des thèmes plus larges ce n'est pas juste un biopic.Il a un discours sur la famille. Une famille qui n'a pas une forme traditionnelle. La vision de la maternité qui est importante dans ce film est assez originale. j'aime ce qu'il découvre de sa mère adoptive. Je suis admirative de sa liberté, de ses choix et de l'amour qu'elle donne. Elle rafraîchit l'imagerie qu'il y a autour de l'adoption à l'étranger, de l'adoption tout court, et même de ce qu'est la maternité. Cette femme est un exemple.Sa maman indienne est tout autan extraordinaire, elle tient debout dans les pires circonstances. Elle survit a des situations que je ne suis pas sure de pouvoir encaisser. Elle élève seule, ses enfants dans une pauvreté sans nom. N’interprétez pas mal mon emballement, leurs portraits sont nuancés spécialement celui de Sue sur qui on s'attarde le plus. Mais ce qui en ressort c'est la force de ces femmes, et l'amour qu'elles donnent à leurs enfants. Ces familles ont des niveaux de vie, et des milieux diamétralement opposés. Mais ce qui est commun c'est l'amour qu'elles portent à Saroo.L'amour est au centre de ce film.L'amour d'une famille comme je viens de le dire, dont l'inquiétude pour un enfant les bouffe. Et jamais un père et une mère n'auront jamais été aussi heureux que lorsque leur enfant trouvera la paix. C'est aussi l'amour fraternel. Quoi qu'en dise le personnage principal, il est aussi inquiet pour son petit frère d'adoption qu'en imaginant l'inquiétude de Guddu. Il veille le sommeil de l'un comme il chérit le souvenir de l'autre.Il y l'amour d'un homme et d'une femme. D'abord celui des parents qui font blocs, et qui agissent en osmose. Ou celui de Saroo et de son amoureuse. Ce couple qui implosera sous la douleur de cet homme, sous sa volonté à lui de traverser cette épreuve tout seul. Mais cet amour qui rend cette femme si compréhensive et toujours présente. Ce film fait le portrait de notre société et de ses travers. Il se fait l'écho de tant de nos problématiques actuelles par le prisme de la vie de cet homme. Pour servir ce film, il y a deux acteurs absolument merveilleux. Ce sont eux qui prêtent leurs traits à Saroo, ce sont Sunny Pawar et Dev Patel. Sunny Pawar qui porte bien son prénom est lumineux et très attachant. Il m'a étonné par la maîtrise de son jeu et son charisme. Il arrive à incarné un enfant dans une telle détresse avec un sourire et des yeux tristes qui m'ont arrachée le cœur. il est si jeune et si inexpérimenté pour porter seul une partie du film. Mais il le fait crânement et avec justesse. Puis il y a Dev Patel , qui du haut de ses vingt six ans a déjà démontré son talent; Il compose son personnage avec finesse et sensibilité. Il retrace l'évolution de cet homme avec justesse. Il est bouleversant.Je glisserai un petit mot sur Nicole Kidman, dont je ne suis pourtant pas fan, et qui incarne sue la mère adoptive. Je suis impressionnée par son second rôle ou elle accepte de ne pas apparaître sous son meilleur aspect soit avec une coiffure indescriptible, ou vieillit et marquée par la vie. Dans toutes les scènes ou elle apparaît elle ne tire pas la couverture à elle. Elle créé une femme d'une sensibilité exacerbée et à mes yeux une femme exemplaire dont on pourrait s'inspirer.Il y a cependant des bémols dans ce film, pour moi c'est majoritairement sur la forme. La chronologie est mal développée à mon goût. Le film est formellement divisé en deux une ou le héros est enfant et la période couvre les deux ans et demi, entre le moment ou il se perd et celui ou il est adopté en Tasmanie. Puis une fois adulte du moment ou naît son mal être à son retour en Inde dans son village d'origine. Ce qui me gène c'est la non stigmatisation des moments. Par exemple dans la période ou il est enfant il aurait aussi bien pu se passer quinze jours, six mois ou cinq ans. Rien ne marque le temps qui passe. Je peux interpréter que ce floue est là pour nous faire marcher dans les pas de cet enfant qui lui même ne perçoit pas le temps qui passe. Mais c'est pareil pour lui adulte, on comprend qu'il s'écoule du temps dans cette partie du film. Mais il est difficilement matérialisable et à partir du moment ou il se sépare de son amoureuse il n'y a plus rien qui nous indique le temps qui passe. Est ce que ça a duré des mois ,des années, je suis incapable de le dire. De même Saroo à retrouver son village avec Google earth et ses souvenirs. On ne voit quasiment pas ces recherches; je comprends que ce soit chiant google à l'écran; mais on ne voit que peu ses flashbacks. Ils sont peu utilisés, c'est surtout de son mal-être dont nous sommes témoin. la recherche apparaît concrétisée par un tableau et des punaises... Saroo Briezly a créé une organisation pour les enfants des rues de Calcutta. Dans ce film il y a une volonté de raconté ce qui se passe, et probablement de retracer une partie des souvenirs de cet homme. Mais c'est assez mal amené, et ça fait un chouia catalogue. C'est aussi le cas dans l'orphelinat ou on a vraiment l'impression d'une galerie de portraits plutôt que d'un moment clé de l'histoire. C'est un peu triste.Puis finalement je parlerai des couleurs et de la lumière.Je trouve ça un peu facile l'utilisation de lumières chaudes et des gammes de couleurs jaunes et ocres dans les périodes ou le film se situe dans le petit village indien, et les tons verts, gris et brumeux qui dominent les moments en Tasmanie.
Ce film est imparfait, mais je m'en fous ses qualités ont surclassés ses bémols. Écrire dessus à fait renaître la boule au ventre qui ne m'a pas quittée pendant le film. Il va rester longtemps en moi, et laissera dans mon âme une petite cicatrice.