1958, dans une Amérique encore largement ségrégationniste, un couple mixte s’aime, se marie et tente de faire valoir leurs droits. Lui blanc, elle noire ; ce fait historique est une des premières pierres à l’édifice de l’obtention de l’égalité des droits.Jeff Nichols nous avait habitués à des films profonds et ambigus. Là, il revient avec un récit linéaire et hyper classique ; loin de son cinéma ayant déjà marqué les esprits, peut-être pour établir sa stature de futur grand du cinéma mondial. Il parvient tout de même à contourner les pièges du « film dossier » en donnant plus à voir des instantanés de vies de ce couple plutôt qu’à filmer la procédure judiciaire ; même si toutes les scènes ne sont pas utiles au récit. Oui, lui l’habitué des scènes toujours utiles aurait pu dégraisser. Il évite aussi le pathos voire le mélodrame qui accompagne ce type de film. Toujours juste, bien distancé et surtout sobre ; mais malgré tout, quoi de neuf depuis, par exemple, « La couleur pourpre ». Même finesse dans l’écriture de ses personnages, un regard, un sourire et tout est dit des souffrances, de la lassitude et des doutes. Ce jeu tout en émotion est porté par deux magnifiques comédiens ; lui introverti avec sa simplicité rustique d’ouvrier, et elle avec sa force et sa détermination tout en retenu. Ils incarnent à merveille ces deux individus que le destin à pousser à se battre tout en voulant conserver une forme d’anonymat. Et là la beauté d’un combat qui se veut discret et sans égocentrisme, tout en humilité.Nichols montre par ce film que, sur le thème des dysfonctionnements familiaux, il est capable aussi de faire plus classique, plus académique. Il perd donc de sa personnalité et de son intérêt même dans la réussite de son projet.
Sorti en 2017
Ma note: 12/20