The Lost City of Z, critique

Par Fredp @FredMyscreens

James Gray est de retour et change de registre sans changer ses thèmes de prédilection avec the Lost City of Z. Un grand film d’aventure qui peut déjà se targuer d’être un classique instantané et l’une des œuvres majeures de l’année !

Connu pour ses films New-Yorkais intimistes à base d’immigrés russes, de flic, de mafia, de destin et surtout de tragédies familiales et amoureuses avec Joaquin Phoenix, de Little Odessa à the Immigrant, James Gray part enfin à l’aventure avec the Lost City of Z. Et pour cause puisqu’il laisse tomber la jungle urbaine pour l’Amazonie et la recherche de l’El Dorado au début du XXe siècle en s’inspirant du livre de David Grann. Un projet compliqué à mener à bien et en gestation depuis 8 ans alors qu’il devait être au départ tourné avec Brad Pitt qui ne sera finalement que producteur.

Voici donc l’auteur nous emmenant sur les traces de Percy Fawcett en pleine jungle à travers 3 expéditions pour cartographier les frontières entre le Brésil et la Bolivie et, accessoirement, redorer le blason de son nom, honni depuis que son père était reconnu comme un alcoolique notoire. Au cours de cette mission, éloigné de sa famille, il tombe amoureux de l’aventure, de la jungle. En somme il s’agit d’une histoire de film d’aventure à l’ancienne et le réalisateur ne s’en cache pas avec une réalisation plutôt classique voir intimiste, nous immergeant dans la jungle dans des conditions parfois compliquées mais nous faisant aussi découvrir ses peuples et les débats internes qui animent le personnage.

Mais plus qu’une simple exploration de jungle, James Gray nous emmène dans la psychologie de son personnage. Comme souvent, les films d’aventure sont aussi des voyages spirituels et c’est bien le cas ici. Car nous suivons tout de même un homme qui choisit délibérément d’abonner plusieurs fois sa famille pour se retrouver dans un milieu hostile après être rentré de la guerre, et également d’un homme qui devient véritablement obsédé par l’aventure et sa quête pour la cité d’or et l’inconnu, découvrant alors la drogue du voyage et de la découverte, se perdant lui-même. Un portrait passionnant et intimiste, sans oublier d’être parfois impressionnant rendant son voyage véritablement unique.


En plus de ce voyage intérieur, the Lost City of Z parle aussi du monde, du contexte de l’époque mais avec des problématiques encore d’actualité. Avec des séquences glaçantes de la première guerre mondiale, le film nous fait passer de la dureté de la jungle à des horreurs encore pires dans le monde civilisé. Et pendant que le monde se transforme et s’industrialise, il rappelle un message environnemental en montrant des indiens qui ne prennent à la nature que ce dont ils ont besoin, les rendant alors moins sauvages qu’ils ne pourraient être et montrant une acceptation de l’étranger jusqu’à les emmener dans leur dernier voyage avec un supplément d’âme. A travers l’intime, Gray touche aussi l’universel dans un film véritablement magnifique où la photo est tout de même à tomber !


Et si le film sort du carcan habituel de son auteur, c’est pour mieux y retourner. Car malgré la jungle, il s’agit encore et toujours d’une personne étrangère qui doit faire sa place ailleurs (ici un anglais qui va se faire sa place dans la jungle), doit prouver sa valeur et doit également renouer avec sa famille. A ce titre, la relation père-fils est une composante essentielle du film qui lui donne toute son émotion. Car le fils, déçu de l’abandon de son père va apprendre à connaitre sa cause et finir par l’accompagner dans son rêve. Une évolution magnifique de la relation entre les deux qui est appuyée par une prestation impeccable de Charlie Hunnam et Tom Holland. On ajoutera d’ailleurs également un Robert Pattinson méconnaissable et excellent en second de Fawcett et Sienna Miller qui arrive formidablement à faire ressortir toute la force de son personnage de femme et de mère restée au pays.

Pendant 2h20, avec parfois quelques petites ellipses et longueurs aisément pardonnables, nous nous retrouvons dans un véritable voyage dans le temps et dans la jungle intérieure des obsessions d’un père et d’un héros de guerre. The Lost City of Z est alors aussi beau que fascinant, devenant l’un des plus grands films de son auteur et sans aucun doute l’un des plus grands films de l’année.