« Fantastic Birthday » : Greta chez les Maximonstres.

L'Australie, cette terre si fertile en un cinéma hors-du-commun ! Le désert rutilant et apocalyptique de George Miller, la noirceur âcre du cinéma de David Michöd et l'oeil si cru de Justin Kurzel (pré- Assassin's Creed) : Enfin bref, un cinéma pas forcément des plus extravagants en gaieté. Et pourtant débarque en ce début de printemps, un film aussi doux qu'une brise ensoleillée : " Fantastic Birthday " ou le premier film de Rebecca Myers, rêve farfelu sur l'âge adolescent aux airs de Wes Anderson, MGMT et Maurice Sendak.

Dès le premier plan-séquence, plusieurs noms nous sont évoqués en pleine figure : Deux adolescents isolés discutant avec une intonation étrange rappelant les bizarreries de Todd Solondz, et portant des uniformes colorés par un jaune vif flamboyant qui n'auraient pas déplu à un certain Wes Anderson. Ce premier long-métrage de Rebecca Myers traverse les influences, passant aussi par les seventies de Richard Linklater et la flamboyance (certes montré sous un ton plus soft) de Gregg Araki. Ces influences, qui pourraient facilement être vu comme un défaut à repérer, se dévoilent cependant comme une force évidente chez Myers pour le développement de son histoire.

Après une première partie exposant la détresse de ce personnage principal, perdue dans ses craintes et sa timidité maladive, le film bascule rapidement vers un onirisme fantastique influencé par tout ce qui a été introduit précédemment. L'héroïne, Greta, erre dans ce monde perdu et ténébreux peuplé de son environnement réel implanté par son subconscient. Ainsi, pour mieux s'ancrer dans l'ère adolescente, elle devra affronter son mal-être interprété sous les traits de créatures fantastiques, dont l'imagerie rappelle les " Maximonstres " vu par Sendak et Spike Jonze, soulignant la lourdeur de son père, la sur-protection oppressante de sa mère et les humiliations causées par les filles les plus populaires de son lycée.

On peut donc imaginer Greta comme un alter-ego de Rebecca Myers, démarrant dans la production cinématographie avec les craintes et les assurances, baignant systématiquement dans les influences pour affronter cette première étape. Xavier Dolan puisait chez Wong Kar-Wai, Tarantino chez Kubrick et la Nouvelle Vague, Julia Ducournau clame son amour pour Cronenberg, Myers puise donc chez Anderson Araki, Solondz et les clips de MGMT pour au final proposer un résultat singulier et personnel sur l'entrée difficile à l'âge adolescent.

" Fantastic Birthday " marque les premiers pas d'une réalisatrice talentueuse. Léger et parfait pour passer un moment coloré, ce film nous laisse dans un état de douceur à la sortie de salle.

Victor Van De Kadsye