Un film qui faisait saliver d'avance, une bande-annonce forte et mystérieuse qui promettait un western mêlant thriller psychologique et violence spaghetti pour un film réalisé et signé Martin Koolhoven auquel on doit déjà un très bon film de guerre "Winter in Wartime" (2008). Film signé d'ailleurs dès le titre puisque le titre officiel est "Koolhoven's Brimstone" à la manière qu'a pu faire avant lui Tarantino. Un peu prétentieux sans doute quand on a un seul film ayant connu une petite carrière à l'international mais qui montre aussi la volonté d'imposer sa patte, même si elle est d'avance ultra référencée. Le réalisateur-scénariste cite d'ailleurs ses références comme Alejandro Jodorowski, "Les Nerfs à Vif" (1991) de Martin Scorcese, "Le Grand Silence" (1968) de Sergio Corbucci, "Carrie" (1976) de Brian De Palma, "La Leçon de Piano" (1993) de Jane Campion et "La Nuit du Chasseur" (1955) de Charles Laughton... Et on peut le croire, on pense effectivement à tous ces films au moins une fois (sauf pour "Carrie" peut-être) même si on pense surtout au film "Les Nerfs à Vif" (1961) de Jack Lee Thompson et qu'on peut aussi penser que Koolhoven a vu le bon western allemand "The Dark Valley" (2014) de Andreas Pochaska.
"Brimstone" est en quelque sorte "La Nuit du Chasseur" revu à la sauce western spaghetti et avec une dose de violence sadique et psychologique au-dessus de la moyenne. Par ailleurs le révérend de "Brimstone" est incarné par un acteur magnifique et parfait, un acteur qui a déjà tourné dans des westerns atypique, Guy Pearce ayant déjà explorer les univers de "Vorace" (1999) de Antonia Bird, "The Proposition" (2005) de John Hillcoat et "The Rover" (2014) de David Michôd. Il est donc le Révérend qui poursuite la jolie Liz avec qui un passé qu'on devine tortueux le lie... Liz est interprétée par Dakota Fanning, la petite fille de "La Guerre des Mondes" (2005) de Steven Spielberg a bien grandi et trouve enfin un vrai rôle adulte à sa mesure. Chapitré façon Nouveau Testament (Révélation, Exode, Genèse, Châtiment) et en flash-back Marton Koolhoven a parfaitement assimilé les réalisateurs qu'il aime, car Tarantino n'est pas très loin non plus. Une atmosphère pesante et malsaine règne sur tout le récit, la photographie sublime et froide n'a d'égal que le sang froid et le sadisme du prêtre. La narration est judicieuse et permet de découvrir le pourquoi du comment de façon crescendo avec toujours plus de folie malsaine.
Sur le fond le cinéaste dénonce la condition de la femme corrélée à la toute puissance de la Religion. La Religion est misogyne ! Torture psychique et physique, viol, esclave, la femme en prend pour son grade dans ce thriller qui va loin... Malheureusement à vouloir aller loin on dépasse un peu les limites. Non pas dans les violences et/ou la perversité (le film en perdrait toute son essence même) mais dans un minimum de cohérence et de vraisemblance, dans le scénario et dans certaines scènes. Par exemple, un prologue qui insinue une dose de fantastique qui s'avèrera aussi fausse qu'inutile, une agonie horrible mais surtout trop grandguignolesque et une fin qui prête à double interrogation (comment cela se peut ?!). Des petits hics qui gâchent un peu le film et qui ne permet à ce western de sortir réellement du lot pour atteindre les sommets du genre. Un peu déçu donc mais, néanmoins, "Brimstone" est un western gothique, sombre et funeste, un thriller glaçant et malsain qui ne peut laisser indifférent. A voir et à conseiller malgré 3-4 scènes maladroites.
Note :