« 20th Century Women » : Un conte d’été merveilleux.

Par Victorvandekadsye @BrouillonsCine

Mike Mills aurait-il été inspiré de Dickens et des Shangri-Las ? Le passé, le présent et le futur, trois esprits incarnés dans des corps féminins qui, tel un conte de Noël, enseignent à un jeune adolescent l'art de la sensibilité et la condition féminine dans une atmosphère a la limite du féérique pour cette chronique de vie enchantée.

Sous le soleil de Santa Barbara, situé dans la période la plus conflictuelle et égarée due l'Amérique du 20ème siècle, trois générations se confrontent ainsi pour former un kaléidoscope doux-amer de la Femme bouleversée par les grands changements de l'époque. Gravitant autour d'une jeune figure masculine (remarquable Lucas Jade Zumann) : Nostalgie, mouvement féministe et adolescence prennent l'apparence d' Annette Benning, Greta Gerwig et Elle Fanning pour évoquer, réfléchir à ce qu'est une femme du 20ème siècle. Entre une incompréhension d'une période en mouvement constant, politiquement et artistiquement , le désenchantement d'une jeune génération perdue se réfugiant dans la contre-culture et une adolescence découvrant le sexe et les coeurs brisés, le film se montre suffisamment divers pour élargir son vaste sujet. Par le biais de voix-offs et clips stylistiques centrant ces générations, Mills virevolte entre ces figures sans jamais perdre le fil au public, qui sera conquis par une bienveillance aussi rayonnante que le soleil californien.

Comme dans son précédent long-métrage, " " , Mike Mills jongle avec pertinence ces différentes cultures temporelles. La tristesse du passé s'efface au bonheur du présent, la peur du futur questionne notre présent et les malheurs du présent anticipent le futur et rebondissent sur le passé. Un jeu en revers s'effectue tout le long entre ces personnages aussi charismatiques les uns que les autres. Car, outre ce symbolisme transcrit au scénario, " " est une formidable chronique de la vie d'une galerie de personnages rappelant les débuts au cinéma de Paul Thomas Anderson (ère Boogie Nights). Chaque personnage crève l'écran. Annette Benning est touchée par la grave, Greta Gerwig est aussi hallucinante que ses cheveux colorées et ses goûts en musique, Elle Fanning est émouvante tandis que Billy Crudup amuse en Don Juan des temps modernes.

Agrémentée d'une bande-originale envoûtante, véritable ode aux Talking Heads, " " nous touche en plein coeur par la délicatesse de son traitement mélancolique, laissant ainsi le spectateur dans une douceur confortable et apaisante.

Victor Van De Kadsye