L'année dernière, nous avions interviewé Jean-Marc Culiersi à l'occasion de la campagne de crowdfunding lancée pour son film " Derniers remords avant l'oubli ". Financée avec succès, cette adaptation cinématographique de la pièce de Jean-Luc Lagarce sera tournée cet été en Normandie.
Pendant quelques mois, nous allons donc suivre ce projet à travers un dossier consacré au cinéma indépendant. Proposition artistique, production, tournage, exploitation et diffusion, autant de sujets que nous pourrons développer à travers de futurs articles.
Sacraliser la salle web
Ce qui marque quand on discute avec Jean-Marc Culiersi, c'est son enthousiasme, son envie de faire revivre un cinéma français qui, selon lui, est en train de disparaître petit à petit. Face à une réalité économique qui n'est pas favorable au cinéma d'auteur, il est très difficile pour les petites productions de donner naissance à leurs projets ! Et beaucoup sont celles et ceux qui, malheureusement, abandonnent : " Si on reste sur cette approche un peu négative, ce n'est vraiment pas intéressant. Il faut élever le débat et se demander 'Qu'est-ce qu'il se passe aujourd'hui dans le cinéma ?' "
Pour lui, la réponse à cette question est toute simple : le cinéma d'auteur périclite dans les salles face au poids incontestable d'un cinéma de pur divertissement.
Quelle solution mettre en place face à ce constat pour le moins morose ? Jean-Marc Culiersi nous donne des éléments de réponse : " L'autre question qu'il faut se poser est la suivante : 'Qu'est-ce que la modernité ?' S'il existe bien un outil qui doit nous permettre de nous réinventer, de nous renouveler d'un point de vue créatif, mais aussi dans la relation que nous avons avec le public, c'est le web ! " Dépasser les a priori et les clichés qui veulent faire croire que le web est l'apanage des formats courts, voilà ce qui le nourrit depuis qu'il s'est lancé dans ce projet. " Ce qui est souvent occulté par les gens qui travaillent dans le cinéma en France, c'est la dimension internationale du web ", précise-t-il.
Internet, drôle d'idée pour diffuser un film ? Pas vraiment : " Nous sommes dans une phase transitoire qui touche à la fois au sociologique et au culturel. Pourquoi ? Parce que je pense que le web est le principal vecteur de toute une génération, comme l'était d'ailleurs la salle de cinéma entre les années 1950 et le milieu des années 1970. Après, c'est la télévision qui a pris le dessus. "
En se lançant dans cette aventure, Jean-Marc Culiersi a très vite réalisé que son projet ne pourrait pas se faire de façon traditionnelle. Alors, plutôt que de remuer ciel et terre pour obtenir des financements qui ne tomberont peut-être jamais, il s'est très vite demandé quels étaient les différents moyens à disposition pour contourner les circuits de production habituels ... et internet s'est imposé comme une évidence. " Je pense que le web permet de sublimer notre liberté de créer. "
Une réelle démarche indépendante
Adapter l'oeuvre d'un dramaturge, aussi reconnu soit-il, n'est pas chose aisée dans le milieu du cinéma : " Il ne faut pas croire que les producteurs se bousculent chez les ayants droit de Jean-Luc Lagarce. " Jean-Marc Culiersi nous précise tout de même avoir été rassuré de voir que Xavier Dolan allait adapter Juste la fin du monde.
En se lançant dans cette aventure, il a très vite réalisé que son projet ne pourrait pas se faire de façon traditionnelle. Alors, plutôt que de remuer ciel et terre pour obtenir des financements qui ne tomberont peut-être jamais, il s'est très vite demandé de quelle façon il pourrait contourner les circuits de production habituels et le web s'est imposé comme une évidence. " Pour que Derniers remords avant l'oubli prenne vie, il a fallu passer par des modes de production alternatifs. En tant que jeune producteur, j'ai fait ce que tout le monde m'a dit de faire. [...] Pour être sincère, j'avais l'impression que ce n'était pas comme ça que cela pouvait se faire. Avec la mise en place d'un système de production alternatif (crowdfunding, mécénat...), le film était déjà en train de se créer en marge. A mes yeux, le film se faisait déjà dans une réelle démarche indépendante. "
Sa définition de l'indépendance est d'ailleurs très personnelle, et assumée. Et sur ce point, nous aurions du mal à ne pas lui donner raison : " Il y a quand même une définition qu'il faut assumer, que j'assume et qui ne me met pas en opposition avec les guichets traditionnels. Je définis le cinéma indépendant comme un cinéma qui n'est pas aidé par les institutions publiques. Un vrai cinéma indépendant, c'est faire des films sans les aides publiques. [...] Avoir le CNC, avoir les régions, ce n'est pas ça l'indépendance. "
To be continued ... 😉