Orpheline (2017) de Arnaud des Pallières

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Après le superbe film "Michael Kolhaas" (2013) avec Mads Mikkelsen voici donc le nouveau film de Arnaud des Pallières qui quitte le moyen-âge patriarcal pour un féminisme d'aujourd'hui avec le portrait d'une femme à 4 stades différents de jeune vie. La petite originalité du projet tient dans fait que 4 actrices tiennent le personnage aux 4 âges, soit le jeune Vega Cuzytek (4 ans), Solène Rigot à 13 ans, Adèle Exarchopoulos à 20 ans et Adèle Haenel à 27 ans... Le gros soucis de départ reste le choix de Solène Rigot, 23 ans, l'âge de sa partenaire Adèle Exarchopoulos donc, et qui ne fait certainement pas une petite ado de 13 ans. 1er bémol, malgré le talent de l'actrice on ne croit pas une seconde que l'héroïne puisse avoir seulement 13 ans ! Un décalage 17-23-30 ans aurait été plus judicieux. Aux côtés de ses belles et jeunes actrices on a les acteurs Jalil Lespert en conjoint à la fois perdu et loyal, Nicolas Duvauchelle en papa, on retrouve Sergi Lopez (déjà dans les deux précédents film du réalisateur) et en atout bonus la britannique Gemma Arterton en amante vénale... L'idée de cette histoire a été inspiré en grande partie au cinéaste par la vie de sa propre scénariste, Christelle Berthevas (déjà sur "Michael Kolhlaas").

La force du film réside d'abord par le fait qu'il s'agit d'un portrait de femme qui montre un aspect différent et inédit du mot "Orpheline", ensuite par une déconstruction narrative qui permet au récit de ne pas tomber dans un rythme trop linéaire et attendu. Car l'héroïne n'est "officiellement" orpheline, elle l'est pour le cinéaste d'abord par le fait que Kiki-Karine-Sandra-Renée (étant la seule et même personne) est une jeune femme qui se cherche, qui semble et/ou pense que ses parents ne l'ont jamais comprise, et qui cherche sa place comme elle le peut. Orpheline car elle est à la recherche de sa propre identité, de la liberté qui lui conviendrait le mieux. Malheureusement le film pêche par bien des côtés. Outre le soucis de crédibilité et de vraisemblance pour la partie ado via Solène Rigot, on reste perplexe également pour Renée qui est déjà directrice d'école après 5-6 ans d'études. Il y a un soucis de cohérence et donc de vraisemblance dans l'évolution de la jeune femme. Mais le plus gros problème réside dans le traitement "féministe" du film. En effet s'il suffit de signer un portrait de femme pour l'être ça serait trop simple.

Sur le fond, l'héroïne est toujours en perte de contrôle total, toujours vénale et qui pense toujours réussir via le don de son corps à la gent féminine. Le soucis c'est que le cinéaste ne semble voir que le pouvoir sexuelle de son personnage, et quel pouvoir quand il est surtout celui de la soumission au sexe fort. Elle ne fait qu'illusion, sous couvert d'un caractère fort qui s'avère toujours factice. On aurait aimé une jeune femme qui évolue plus en profondeur et qui ne soit pas quasi essentiellement résumée à un corps sexuellement libérée. La narration destructurée qui permet de casser la dramaturgie est une bonne idée et assure l'intérêt pour son évolution d'enfant à femme, la mise en scène est tout aussi prenante. Mais encore une fois le traitement est différent vis à vis de l'âge, si Kiki 4 ans apparait sur 10% du film c'est maximum. Plus elle vieillit plus la partie est importante. Idem, on aurait aimé un partage plus juste ce qui éviterait des raccourcis sur certaines interrogations un peu faciles et/ou trop simples. Heureusement les actrices sont éblouissantes et Arnaud des Pallières est un metteur en scène inspiré ce qui permet au film de tenir néanmoins la route à minima.

Note :