1780, un noble désargenté monte des Dombes à Paris afin de rencontrer le Roi et d’obtenir qu’il finance un assèchement des marais de sa région. Les gens y meurent en nombre. Le provinciale va découvrir une cour cynique où les bons mots fusent comme des flèches et où l’éloquence peut permettre d’avoir audience auprès de Louis XVI.Patrice Leconte, pour ce qui est peut être son meilleur film, s’appuie sur un scénario et des dialogues brillantissimes. « Ridicule » percute comme la chute d’un système, il nous montre une aristocratie oisive préoccupée par l’apparence et la place que veut bien lui accorder le Roi. Ce beau monde vit en vase clos autour de mots d’esprits ; complètement déconnecté du peuple qui souffre. La Révolution Française arrive à grands pas et eux ne ressentent même plus le pouls du peuple. La Révolution rôde en coulisses et eux foncent tête baissée. Toute ressemblance avec la vie politique française actuelle serait fortuite. Troquez le costume d’époque contre un costard à 5.000 euros et vous y verrez Fillon et d’autres. Et que dire de ces gesticulations dans les couloirs de l’Assemblée Nationale où les députés les plus en vus ne sont pas les plus actifs et où les députés néophytes tentent vainement de faire bouger les lignes. Et la colère incomprise du peuple qui monte. Ce film est en fait terriblement d’actualité sur la déconnection des élites avec le peuple. Cette réussite est rendue possible car Leconte, avec le choix d’un sujet complexe et profond, transcende l’académisme éculé du film en costume.
L’idylle entre Grégoire et Mathilde montre deux jeunes gens en prise avec les idées des Lumières ; elle, se revendique de Rousseau. Alors que la cour en parle mais ne vit pas cette idéologie dans son quotidien, l’évocation des Lumières permet juste d’afficher son érudition. A part çà, cette idylle ennuyeuse n’apporte guère à la force du film.Beau portrait « d’un monde se sachant déclinant mais refusant de mourir »
Sorti en 1996Ma note: 17/20