Kairo

Kairo
Taguchi, un jeune informaticien, est retrouvé pendu dans son appartement. Sous le choc, ses collègues cherchent à en savoir plus sur ce suicide inexplicable. La victime a laissé un mystérieux message contenu dans une simple disquette. De toute évidence, celle-ci recèle un virus qui contamine ses utilisateurs et a de graves répercussions sur leur comportement. A Tokyo, l'inquiétude grandit au fur et à mesure que le virus se propage à travers les réseaux informatiques. Des petits groupes de jeunes gens tentent de résister, tandis que les disparitions se multiplient.

Kairo – 23 Mai 2001- Réalisé par Kiyoshi Kurosawa
Les seuls films de fantômes japonais que je connaissais avant « Kairo », c'était ceux de Hideo Nakata ! Notamment avec Ring et Dark Water, deux films angoissants, assez populaires et qui ont vite connus un remake américain. Un destin qui n'a pas échappé à « Kairo », avec un remake du nom de « Pulse » qui n'a pas connu le même succès que ses aînés. Personnellement ça me soulage, car je crois fortement que le film est beaucoup trop ancré dans sa société pour être adapté convenablement, surtout que c'est bien plus qu'un film de fantôme …
Taguchi est un informaticien de talent qui travaille pour un boutique de plantes. Ses collègues s'inquiètent au bout de quelques jours, car il n'a pas rendu un travail qu'ils attendent tous. Kudo Michi une de ses collègues décide d'aller le voir. Elle découvre son ami déprimé, livide et désorienté, puis sans crier gare, il se pend. Un suicide mystérieux que tous ses collègues ne comprennent pas, désemparés par la soudaineté de son acte. En parallèle on fait connaissance avec Ryosuke, un jeune étudiant qui décide de brancher internet dans son domicile. Quand il commence à surfer, il tombe sur un site étrange qui lui diffuse des images aléatoires, de gens seuls, parfois inquiétants, voire terrifiants et c'est ainsi que pris de panique, il débranche tout ça avant de s'endormir. Le lendemain, il décide de se renseigner sur le site et très vite rien n'aura de sens, sauf si l'on croit aux fantômes …
Bref, j'adore vous résumer l'histoire à ma façon, mais j'avoue que là c'est assez complexe à expliquer! Cependant, je dois dire que j'ai pris pas mal de plaisir devant ce film qui à la lourde tache de passer après l'excellent « Charisma ». Kiyoshi Kurosawa marche dans les traces des fameux « Yurei Ega » (film de fantôme) à sa façon, sans clinquant, sans effet tapageur et surtout avec un mélange des genres qui surprend tout le temps !
Scénariser par Kiyoshi Kurosawa, l'histoire se concentre sur le malaise de deux jeunes personnes dans une société qu'ils ne comprennent plus. Celle d'une société de plus en plus connectée, ou les écrans sont omniprésents et sur l'isolement qu'ils peuvent entraîner. Les fantômes représentent ici le stade ultime de la solitude dans laquelle s'enferme les personnages. Piégés et repliés sur eux, ils ne voient plus la différence entre leurs situations et ce que représente l'acte de se suicider. C'est ainsi que la dite « invasion » des fantômes dans le monde réel, n'est que le reflet de l'uniformisation de cette partie de la société, jeune, volontaire mais qui ne peut malheureusement échapper à ce qui l'attend, une vie solitaire. D’où au final la métaphore d'une catastrophe à l’échelle planétaire, symbolisant un monde qui se replie sur lui-même. Un final noir, sans détour ni concession, si ce n'est ce bateau, un éclair dans la nuit, l'arche de Noé d'un monde qui ne sait pas ou il va…
Si le film me parle énormément, il n'échappe pas à quelques poncifs et autres petits ratés que je trouve dommageable. Sans jamais être ennuyeux, Kiyoshi Kurosawa ne maîtrise pas tout a fait son rythme; la première demi-heure est d'une efficacité à toute épreuve, c'est angoissant, le suspense est la et l'effroi avec, mais après cela retombe comme un vieux soufflet et il n'arrive jamais à retrouver cet équilibre par la suite. Il tombe même dans la facilité à la fin, avec le syndrome du « personnage débile qui fait tout ce qu'il ne faut pas faire ». Cependant c'est très bien mis en scène, il y a un jeu constant avec les écrans, les matières et tout ce qui peut séparer deux individus; insistant sur un quotidien qui nous enferme dans une prison de conformité. Ajoutons à cela un sens du cadre limpide, une construction épurée et des mouvements de caméra toujours au service de ce que l'image nous raconte, le tout sans jump-scare. Un procédé inutile au vue de l'ambiance crée et de la musique associé, qui participe à l'ambiance anxiogène que dégage certaines scènes.
Le casting quant à lui se révèle plutôt bon. Dans un rôle minime on retrouve Koji Yakusho, ce qui fait toujours plaisir. Ensuite on trouve Haruhiko Kato dans le rôle de Ryosuke Kawashima, qui interprète un étudiant un peu dilettante. Une performance réussi, ou il alterne sans forcer entre l’insouciance et la peur terrible de mourir, avec conviction. Puis il y a aussi Kumiko Aso qui joue Kudo Michi. Cette actrice est un peu reléguer au rôle de la demoiselle en détresse, sauf qu'elle crée suffisamment d'empathie pour que l'on s'attache à son sort. Et enfin il y a Koyuki Kato dans le rôle d'une prof d'informatique aussi enjouée que curieuse, qui joue avec intelligence sur ce qu'elle découvre et sur les réactions que cela engendre chez elle. 

Film efficace malgré quelques maladresses ...Kairo