Avec Dev Patel, Rooney Mara, Nicole Kidman
Chronique : Présenté à la fois comme le nouveau Slumdog Millionaire par son distributeur et comme un tire-larme indigeste par ses détracteurs, Lion n’est au final ni l’un ni l’autre. S’il a en commun avec le film de Danny Boyle son acteur principal et le fait qu’il se déroule en Inde (et encore, qu’en partie), les comparaisons s’arrêtent-là. Sur la suspicion d’objet bassement lacrymal, impossible de nier que Lion est ostensiblement émouvant. On s’en veut d’ailleurs un peu de se faire avoir et de réprimer ses premières larmes, et puis en fait non, on assume car le film lui-même joue carte sur table et ne s’excuse pas de raconter une histoire vraie bigger than life pour laquelle les ressorts dramatiques sont amenés naturellement.
Car Garth Davis traite ce fait divers absolument incroyable avec justesse et finalement assez peu de sensationnalisme. Il divise son récit en deux parties distinctes. La première se déroule en Inde et est portée par le charisme solaire et sidérant d’un petit bonhomme de 5 ans qui bouffe l’écran par son aisance et son sourire. Le périple de ce gamin livré à lui-même aux allures de digression dickensienne est en ce sens réussi, car il pose les bases du deuxième acte Australien en créant un lien fort avec le garçon. Cette seconde partie est certes plus conventionnelle et fait jouer parfois un peu trop bruyamment les violons, mais en plaçant en son cœur les liens familiaux, elle touche une corde sensible et néanmoins universelle. L’histoire de Saroo, son errance, son arrivée dans sa famille d’adoption, le rejet de ses origines puis le besoin viscéral de les retrouver résonnent forcément d’une façon ou d’une autre chez le spectateur. D’autant plus que cette quête et ses conséquences sur son entourage sont incarnées par des acteurs brillants et investis. Dev Patel est surprenant et traduit parfaitement le mal-être de Saroo, et si on regrettera que le personnage de la petite amie interprétée par Ronney Mara soit un peu en retrait, on accueille avec une joie non feinte le retour en grâce de la Reine Nicole. En acceptant enfin son âge, elle redevient cette actrice magistrale capable d’exceller dans tous les registres (si vous ne l’avez pas encore fait, découvrez la mini-série Big Little Lies, grosse claque, où sur sept épisodes Kidman construit un personnage complexe et inoubliable). Elle participe grandement aux décharges émotionnelles qu’assène le film de Garth Davis.
Un mélo, certes, mais auquel on peut succomber sans honte.
Synopsis : Une incroyable histoire vraie : à 5 ans, Saroo se retrouve seul dans un train traversant l’Inde qui l’emmène malgré lui à des milliers de kilomètres de sa famille. Perdu, le petit garçon doit apprendre à survivre seul dans l’immense ville de Calcutta. Après des mois d’errance, il est recueilli dans un orphelinat et adopté par un couple d’Australiens.
25 ans plus tard, Saroo est devenu un véritable Australien, mais il pense toujours à sa famille en Inde.
Armé de quelques rares souvenirs et d’une inébranlable détermination, il commence à parcourir des photos satellites sur Google Earth, dans l’espoir de reconnaître son village.
Mais peut-on imaginer retrouver une simple famille dans un pays d’un milliard d’habitants ?