Après deux films mineurs "Intolérable Cruauté" (2003) et "Ladykillers" (2004) les frères Coen reviennent avec leur 12ème film et délaissent la comédie pour un film policier qui mêle les genres et surtout qui offre une vision bien plus sombre de notre monde. Ce film est aussi unique dans leur filmographie puisqu'il s'agit alors de leur première adaptation littéraire et qu'il est aussi leur film le plus violent. Adapté donc du roman éponyme (2005) de Cormac McCarthy (auteur déjà adapté avec "De si jolis chevaux" en 2000 de Billy Bob Thornton et "La Route" en 2009 de John Hillcoatt) les frères Coen producteurs-réalisateurs-scénaristes-monteurs ajoute tout de même un soupçon d'humour (très) noir à cette histoire qui en manque totalement dans le roman. Un humour très fin surtout apporté par la performance aussi marquante qu'icônique de la star ibérique Javier Bardem dans le rôle du tueur impitoyable. Pour l'acteur espagnol il s'agit là de son premier vrai grand rôle à l'international après sa reconnaissance critique dans "Mar Adentro" (2004) de Alejandro Amenabar et sa participation dans "Collateral" (2004) de Michael Mann. Idem pour son partenaire Josh Brolin qui voit sa carrière prendre réellement son envol après ce film, et retrouvera son autre partenaire Tommy Lee Jones dans la foulée pour le film "Dans la vallée d'Elah" (2007) de Paul Haggis. Tommy Lee Jones retrouve par la même occasion Woody Harrelson avec qui il venait de jouer dans "The Last Show" (2006) de Robert Altman. En prime on retrouve également l'actrice britannique Kelly MacDonald célèbre pour son rôle dans "Trainspotting" en 1996 de Danny Boyle.
Le titre qui veut dire "Non, ce peys n'est pas pour ce vieil homme" est en référence au personnage joué par Tommy Lee Jones dans son énième rôle de shérif texan, ici désabusé et usé par l'évolution de la violence. Violence ici particulièrement représenté par le tueur Chigurh (Bardem) qui semble jouir de son pouvoir sadique et de tuer de sang froid. Ce dernier recherche un cowboy looser (Brolin) qui a voler une forte somme au Cartel. Le film reprend les codes à la fois du western et du Film Noir, les Coen revisitent les deux genres dans un mix moderne saupoudré de nostalgie et de mélancolie.
Les décors de l'ouest américain ancré dans sa mythologie et magnifique mis en photo par le fidèle Roger Deakins (quasiment de tous les films des Coen) sont un écrin idéal pour cette chasse à l'homme dont on ne devine jamais l'issu. Le film serait parfait à un petit détail près... Si le personnage du shérif reste le symbole de l'absurdité du monde et qu'il est déconnecté d'une violence qui le dépasse son rôle reste beaucoup trop en retrait, pour ne pas dire presque superflu, résumé à ses monologues plus ou moins philosophiques qui finissent par frôler l'effet soporifique dans la toute fin. Un shérif plus investi directement dans l'intrigue et une fin un peu plus courte aurait été une bonne idée. Néanmoins, ce film aux 4 Oscars (carton plein pour les frangins Meilleurs Film, Réalisateur et Scénario avec en bonus meilleur acteur dans son second rôle pour Javier Bardem) reste un chef d'oeuvre de maitrise, des personnages charismatiques et emblématiques du mythe américain et une tension qui monte subrepticement vers un dénouement qui s'avère inévitable. Un des meilleurs films des frères Coen.
Note :
Critiques De Films
" Article précédent