[critique] cendrillon

[CRITIQUE] CENDRILLONFICHE TECHNIQUE

  • Sortie : 25 mars 2015
  • Titre original : Cinderella
  • Réalisateur : Kenneth Branagh
  • Scénaristes : Chris Weitz
  • Acteurs : Lily James, Richard Madden, Cate Blanchett...
  • Compositeur : Patrick Boyle
  • Genre : Bibidi Babidi Bou
  • Pays : Amérique
  • Durée : 1h45

C'est l'histoire d'une gamine jolie et blonde dont les deux parents sont morts. Par conséquent, elle se retrouve sous la coupe d'une odieuse marâtre qui fait d'elle la bonniche de la maison. La gamine grandit et continue d'être douce, jolie et blonde. Un jour, ô splendeur, le prince local décide d'organiser un bal afin de se trouver une fiancée. Surgit alors une marraine fée qui aide Blondinette à se rendre au bal. S'ensuit une soirée où ne règnent qu'amour et magie. Mais à minuit, le charme se rompt. Seule une paire de souliers de verre pourra, peut-être, permettre au couple de se retrouver et de couler d'éternels jours heureux...

Cette trame vous dit quelque chose ? Bah, normal, c'est celle de Cendrillon, the princesse préférée des petites filles. Ayant été élevée au rang d'icône intouchable par le dessin animé de Disney de 1950, il fallait quand même du cran pour oser s'atteler à une version live des aventures de cette héroïne culte et, surtout, pour faire en sorte que celle-ci soit respectueuse des traditions passées tout en étant moderne et dûment réactualisée.

Et franchement, cette affaire ne s'annonçait pas gagnée au début. D'abord à cause d'une bande-annonce qui semblait ne prédire que du débordement de guimauve et de la pièce montée indigeste. Ensuite à cause du choix de Lily James pour incarner Cendrillon : on aurait plus vu une Amanda Seyfried pour jouer ce rôle. Lily, avec son nez pointu, ses sourcils foncés et ses yeux noirs ne correspondait pas d'emblée à l'idée qu'on peut se faire de la diaphane princesse. Tout ça, donc, ne donnait pas forcément envie de voir le binz. Mais comme on est gentils, on a quand même voulu laisser sa chance au film...

Pour être honnêtes, les vingt premières minutes, assez ennuyeuses et tartignoles, ont continué de nous faire redouter un gros plantage. La mise en place de l'histoire (la pauvre orpheline qui se retrouve avec sa saloperie de belle-mère et qui est traitée comme une souillon) est longuette et plate. Ce qui fait que, arrivés à la vingtième minute du film, on s'est dit qu'on n'allait pas tenir le choc et on s'est vraiment mis à craindre le pire...

Et c'est là que le meilleur est arrivé. Passé l'intro laborieuse, le scénario met en scène une rencontre entre Cendrillon et le prince dans la forêt, avant le bal. Non seulement la scène est très réussie mais à partir de là, le film s'envole. Il devient charmant, aérien, gracieux, délicieux. Les séquences incontournables du conte (apparition de la marraine, transformation de la souillon en princesse, soirée de bal, fuite de Cendrillon, essais de chaussures de verre...) s'enchaînent mais sont, à chaque fois, judicieusement liftées, habilement remaniées pour susciter malgré tout surprise et émerveillement. C'est du très bon boulot.

Au niveau narratif, tout est ingénieux. Le synopsis s'expurge des chansons disneyennes habituelles qui peuvent vite alourdir un récit (mais, bonne surprise, on retrouve quand même les deux plus célèbres dans le générique de fin, chantées par Lily James puis Helena Bonham Carter). Le synopsis s'expurge aussi des scènes les moins intéressantes du dessin animé (notamment le " déchirage " de la première robe de bal home-made de Cendrillon par ses belles-sœurs). Les amis animaux de Cendrillon sont présents mais point trop (et c'est une bonne initiative car on en a un peu notre claque des souris chantantes et des oiseaux gazouilleurs). La psychologie des personnages est fouillée, intelligente, opportune. Branagh innove. Son prince ( Richard Madden) a un charme et une sensualité que n'avait certes pas le prince animé. Sa marraine fée ( Bonham Carter) est une créature pittoresque, à mi-chemin entre la fée bleue et Bécassine. Sa marâtre ( Cate Blanchett) est une vamp aux airs de Lauren Bacall qu'on verrait bien dans un film noir des années 50. Et au final, la petite James, qui au départ ne nous emballait pas, finit quand même par nous convaincre. Son talent est de présenter une Cendrillon accessible et attendrissante, jolie sans ostentation, douce sans être naïve, bonne sans être bête.

Au niveau visuel, tout est beau, tout le temps. Réalisme et féerie s'équilibrent adroitement. La scène de bal, qui fait très Second Empire, est magnifiquement chorégraphiée, et James et Madden s'en tirent avec élégance. La séquence de transformation de Cendrillon, elle aussi, en met plein la vue. Couleurs, décors, cadrages, scénographie, tout rappelle bien à quel point Branagh maîtrise le langage cinématographique. Il crée le parfait dosage entre esthétisme, poésie, humour, romantisme et merveilleux. Et fait du même coup la démonstration (encore mieux que Bill Condon avec sa Belle et la Bête tout récemment) qu'il est possible de proposer quelque chose d'inédit avec une histoire que l'on connaît pourtant par cœur et dont on croyait avoir déjà vu la version " définitive ".

Thank you sir Branagh !

[CRITIQUE] CENDRILLONPOUR LES FLEMMARDS : Hormis quelques défauts assez minuscules, ce film est une éclatante réussite, qui fait la preuve que l'on peut, à condition d'être suffisamment audacieux et habile pour cela, réinventer un mythe, et que, loin de le dénaturer, cela peut lui conférer un nouveau chatoiement.

Bande-annonce de Cendrillon :