Synopsis : " Une saison dans les coulisses de L'Opéra de Paris. Passant de la danse à la musique, tour à tour ironique, léger et cruel, l'Opéra met en scène des passions humaines, et raconte des tranches de vie, au cœur d'une des plus prestigieuses institutions lyriques du monde. "
Les lumières de la salle de cinéma s'allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position " je m'installe comme à la maison " ce n'est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique...
Moins d'un an après la sortie du documentaire Relève : Histoire d'une création réalisé par Thierry Demaizière et Alban Teurlai, voici que s'ouvre au public français une nouvelle plongée au cœur de l' Opéra de Paris. Un simple concours de circonstances qui va finalement faire le bonheur de ce nouveau film documentaire sobrement titré L'Opéra. Réalisé par Jean-Stéphane Bron ( L'Expérience Blocher, Cleveland contre Wall Street...), L'Opéra est un documentaire d'ampleur qui, contrairement au précédent cité, cherche à parler de l'institution et de tout ce qu'elle propose. Ce qui va être un véritable problème pour le film. Un film ambitieux, une ambition qui va lui coûter cher. Sans être mauvais pour autant, L'Opéra s'avère être un documentaire fastidieux à cause d'un faux rythme qu'il installe dès son introduction. Un tel documentaire va avant tout intéresser les amateurs d'opéra, de danse ou encore du lieu. Des connaisseurs qui souhaitent en savoir plus, découvrir l'envers du décor. Ce qui ne va être que partiellement le cas. Et encore. Les non-amateurs seront davantage relégués au second plan, car non-affilié à des têtes connues comme Benjamin Millepied encore une fois. Relève : Histoire d'une création réussissait à instaurer une tension grâce au point de vue opté par la narration qui n'était autre que celui du chorégraphe et directeur du ballet de l' Opéra de Paris : Benjamin Millepied. Un point de vue et un objectif à atteindre : créer et présenter dans les temps le ballet " Clear, Loud, Bright, Forward ". Monté tel un compte à rebours, Relève : Histoire d'une création emportait le spectateur auprès du chorégraphe et de son équipe. Une véritable aventure humaine, car portée par des personnes qui deviennent des personnages vecteurs d'émotions et de sensations. Le film L'Opéra ne réussit à aucun moment à véhiculer de telles émotions ou sensations.
Les jeunes enfants qui débutent leur apprentissage, les adolescents qui se perfectionnent, en passant par le ballet dirigé par Benjamin Millepied ou encore le jeune chanteur d'opéra qui fait son entrée dans la cour des grands. Sans oublier les problèmes administratifs qui touchent de plein fouet cette grande institution qu'est l' Opéra de Paris. Les sujets sont multiples, le spectateur ne sait où donner de la tête. Les sujets s'emboîtent un à un, s'entrelacent par le biais du montage parallèle, mais aucun ne domine. Aucun sujet n'est premier, aucune forte personnalité ne va sortir du lot. Le spectateur n'a aucun attachement et les personnes qui vont et viennent ne font que de passer. Aucun ne devient de personnages à part entière et ne provoque un attachement permettant au spectateur de s'immerger tant physiquement, qu'émotionnellement dans le documentaire. De ce fait, ce dernier sort de la projection déclamant : " c'est bien... et alors ? ". L'amateur de l'institution et le connaisseur du film de Thierry Demaizière et Alban Teurlai auront cependant un avantage : compléter sa vision de l' Opéra de Paris avec des éléments et discussions entre le grand directeur et ses conseillers. Cependant, ce qui est intéressant n'est que survolé, donnant la fâcheuse impression de voir un documentaire autorisé, mais supervisé par la hiérarchie de l'institution qui ne souhaitait pas tout dire ou tout montrer pour ne pas entacher l'image de prestige.
L'Opéra est un documentaire de qualité, bien réalisé (les images sont belles, la lumière est assez bien gérée...), au montage plutôt intéressant même si manquant cruellement de punch par moment, mais beaucoup trop ambitieux pour convaincre et emporté. Il survole ses sujets et n'en développe correctement aucun. Aussitôt vu, aussitôt oublié ou presque...