Focus BIFFF : Morse (2008)

Focus BIFFF : Morse (2008)Un jeune adolescent dans une petite ville de la banlieue de Stockholm est la risée de ses camarades. Il se fait maltraiter mais est incapable de riposter. Emménagent à côté de lui un homme avec une drôle d'adolescente qui ne ressent pas le froid et ne vit que dans le noir. Leur rencontre va le transformer complètement.

Morse est le quatrième film du réalisateur suédois Tomas Alfredson à qui l'on doit également La taupe qui fut pas mal considéré à sa sortie. Il est également en train de préparer l'adaptation du Bonhomme de neige de Jo Nesbo, l'un des opus de la saga Harry Hole, qui promet d'être plutôt pas mal, avec Michael Fassbender dans le rôle principal. Le casting de Morse est plutôt réussi. Dans le rôle du jeune adolescent on retrouve Kåre Hedebrant, que vous avez pu voir également dans la très bonne série d'anticipation Real Humans (Äkta människor) et dans celui du vampire, Lina Leandersson, dont la voix est doublée pour donner une impression plus androgyne au personnage.

Morse est un film au croisement des genres, qu'ils soient cinématographiques ou humains. L'ensemble est finement orchestré. Morse prend des éléments du film noir, son ambiance glacial, ses couleurs contrastés et sa musique aux accents classiques et élégants, mais également du film d'horreur très visuel avec des effets spéciaux qui sont too much et qui semblent du coup presque faux, la présence du sang, très graphique. Le plus étonnant est les emprunts aux films dit Teenage Movie romantique, la place d'outsider du héros qui va évoluer et s'émanciper grâce à sa rencontre avec Eli. L'ensemble est intéressant et propose ainsi une identité visuelle très originale.

Focus BIFFF : Morse (2008)

Morse propose également une vision originale sur le vampire, et donc sur le genre et l'adolescence. Dernièrement, le vampire comme figure mythologique a délaissé son lien avec la transmission de maladies mortelles pour se concentrer plus sur la recherche identitaire, et notamment sexuelle, lors de l'adolescence. Morse est bien loin de Twilight et propose un vampire assez différent du cul béni apprivoisé d'Edward Cullen. Première originalité : les protagonistes ont à peine commencé leur puberté et semblent encore très enfantins. Ensuite, ni le genre, ni le sexe d'Eli ne sont très définis. Elle est considérée comme fille pendant tout le film, mais dit également qu'elle n'est pas une fille. Il y a également un gros plan très fugace sur son sexe avec une énorme cicatrice qui est ambiguë car il peut être à la fois féminin ou masculin castré. Eli est donc un vampire qui est dans la lignée de ceux qui doivent séduire pour survivre, mais une séduction assez lointaine du charme gothique habituel.

Morse est un film fantastique original, à la fois film d'amour et film du genre horrifique. Son mélange des genres opère très bien sur le spectateur qui passe du frisson au rire d'une séquence à l'autre. Tomas Alfredson est un réalisateur de la précision qui sait manier les images à la perfection ainsi que les histoires complexes.

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