Strange Days

Strange Days
Los Angeles 1999. Lenny Nero, flic déchu, mi-dandy, mi-gangster, s'est reconverti dans le trafic de vidéos très perfectionnées qui permettent de revivre n'importe quelle situation par procuration. Un jour, il découvre une vidéo révélant l'identité des meurtriers d'un leader noir.

Strange Days – 7 Février 1996 – Réalisé par Kathryn Bigelow
A l'aube de l'an 2000, la ville de Los Angeles est une vraie cocotte minute prêt à exploser. La mort d'un célèbre rappeur, dans des circonstances troubles alimente les tensions. Lenny Nero, flic déchu de la cité des anges s'est mué en un receleur d'images prisent et regardables avec le système SQUID. Prévu à la base pour les forces de l'ordre (espionnage), l'appareil est depuis détourné à des fins plus personnelles et illicites, comme le commerce d'images violentes ou à caractère sexuel. Ce qui en fait son succès, c'est qu'il vous place directement à la place de la personne dont vous revivez les images. Un avantage dont profite Lenny pour se remémorer de vieux souvenirs, doux et chaleureux, tout le contraire de ce qu'il reçoit un jour, un disque qui lui montre le viol et la mort de l'une de ses amies. Lenny doit alors faire taire sa nature profonde et enquêter sur cet acte odieux, une tache périlleuse qui va le plonger au cœur de la ville et de ses mystères.
Comme à chaque fois que je découvre un film d'un ou une cinéaste que j'apprécie, j'appréhende la découverte car j'ai peur de la « désillusion » ou encore du dit syndrome « Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? ». Mais ici, avec « Strange Days » ce n'est pas le cas, le film à eu beau être un four commercial à sa sortie, il n'en reste pas moins un film ambitieux et visionnaire. Un long métrage ou l'on trouve le savoir faire d'une grande réalisatrice et de deux excellents scénaristes, avec le renommé James Cameron (Je vous fais pas un dessin) et Jay Cocks (Silence, Le Temps de l'Innocence).Strange Days
Lenny Nero est un ancien flic qui doit à nouveau endosser ce rôle d'ancien quand l'une de ses amies meurt atrocement et que le tueur semble lui en vouloir personnellement. Hélas depuis le temps, Lenny a énormément changé, il fuit tous les conflits et s'échappe de la réalité en plongeant dans les souvenirs réconfortant que lui procure le SQUID. Tout comme ses clients qu'il fournit en images, il fuit ainsi la réalité.
Le background du film est alors posée, le monde dans lequel on vie n'est plus authentique, les gens s'échappent aux responsabilités grâce a aux SQUID, dans un univers rêvée qui les conforte dans leur illusion de confort. L'histoire navigue alors entre plusieurs genres, comme le thriller, la science-fiction et le film noir le tout mâtiné d'une touche de romance. Cela permet à James Cameron d'écrire une histoire qui n'est pas si éloignée de ce qu'il à déjà fait et de brasser ainsi un éventail large de thèmes à aborder. Comme la dualité entre l'humanité et la technologie, les dangers d'une société droguée à la technologie, le voyeurisme, la société américaine, le racisme et les violences policières. Ce qui donne au film une profondeur de lecture intéressante et surtout il est en avance sur son temps.Strange Days
Premièrement, il s'agit de confronter deux mondes, ceux des émeutes qui ont suivi l'acquittement des quatre policiers impliqués dans tabassage de Rodney King, révèle une Amérique scindée en deux et profondément inégalitaire. Une Amérique ou l'on trouve les blancs d'un coté et les noirs de l'autre. L'une n'a pas à subir les discriminations, les abus de la police ou le racisme, parfois elle ne voit même pas le mal qu'elle fait quand l'autre se débat pour exister dans une société qui ne semble pas la vouloir et qui se confronte sans cesse à un plafond de verre qui ne veut pas céder. D’où la dichotomie à l'écran entre le personnage de Mace, femme noire, mère et célibataire avec celui de Lenny. la première a la tête dans la vie réelle avec les soucis que cela engendre et les violences qu'elle affronte , alors que Lenny évite les confrontations et ne vit qu'au travers des souvenirs qu'il revit avec le SQUID. Un sujet qui tient particulièrement à cœur la réalisatrice.
Le SQUID c'est la trouvaille du film, le petit truc qui fait la différence et qui prouve que Cameron voit toujours plus loin que les autres et cela même quand il est scénariste. C'est un petit appareil qui à la forme d'un casque et qui sert aussi bien à enregistrer ce que l'on voit, mais surtout à revoir ce que l'on a enregistré. Un appareil destiné d'abord a la police pour des missions d'espionnages, qui basculera vite vers des abus (Ce que l'on en déduit) et vers un excès dans son utilisation, rendant addicts (littéralement) les gens avides de surveillance ou encore d'images diverses et variées qu'ils consomment comme un mauvais fast-food. Le film anticipe les dérives de la tv et des réseaux sociaux, comme facebook, twitter, ou encore Youtube, qui rendent accessible tout le temps et a toute heures, une quantité faramineuses d'images.
A cela on rajoute l'évocation à peine voilée du « bug de l'an 2000 », de cet instant crucial entre 1999 et l'an 2000 qui en était presque arrivé a nous faire croire que l'on courrait vers l'apocalypse. Un dernier pied de nez à nos convictions, qui nous ramène à ce que l'on a de plus simple, notre seule humanité comme barrière aux problèmes qui se dressent devant nous et non à la technologie, qui ne doit rester qu'un outil …
C'est cette histoire aux multiples angles de lectures, à la fois forte, étrange, malsaine et efficace que Kathryn Bigelow met en scène avec énormément de passion et de talent. Le récit constamment équilibré n'hésitait pas à choquer et à en mettre plein la vue et ça des le début, pour nous amener à un final empli d'espoir. Graphiquement le film n'est pas trop daté, la direction artistique fait des choix judicieux, notamment pour le visuel du SQUID, qui est assez complexe pour que l'on y croit et pas assez pour qu'on se dise que ce n'est pas réaliste; tout en restant raccord avec l'univers créé dans le film.Strange Days
Ensuite si la réalisatrice sait gérer les scènes d'actions et les scènes de dialogues avec brio, elle nous en met par contre plein la vue avec les scènes à la 1er personne ! Des séquences dignes d'un FPS (First Person Shooter) plus vraies que nature et qui ont demandé énormément de travail. Que cela soit pour le chef opérateur Matthew F. Leonetti, que dans la conception du matériel pour filmer les séquences en questions ou pour chorégraphier l'imposante introduction du film. Des scènes qui sont toujours fortes en adrénaline, mais qui n'ont pas le même but, l'introduction par exemple vous coupera le souffle par son intensité, alors qu'une autre vous mettra mal à l'aise, très mal à l'aise vu qu'il s'agit de la scène du viol d'un des personnages.
Le casting est quant à lui parfait ! Oui c'est le mot, pour moi il n'y aucune faute de goût et que cela soit dans les seconds rôles que dans les rôles titres. Lenny Nero est joué par Ralph Fiennes, parfait junkie aux images, dandy décalé et séducteur qui retrouve le sens des réalités. Mace est incarnée par Angela Bassett qui se place en digne héritière des héroïnes de Cameron, une femme forte, indépendante, qui a même le loisir de sauver notre petit Lenny. Juliette Lewis prend les traits de Faith, l'ex chérie de Lenny; un personnage agaçant comme à chaque fois que je croise Juliette Lewis dans un film. Tom Sizemore joue l'antagoniste du film Max ; un personnage étrange, discret et secret que l'on ne voit pas arriver et qui s'avère convaincant. Puis on trouve des têtes que l'on reconnaît dans les seconds rôles, avec le terrible sheriff de nottingham Michael Wincott: les inspecteurs Vincent d'Onofrio et William Fichtner en policiers racistes ! Brigitte Bako dans le rôle de la victime Iris ou encore Glenn Plummer dans celui du rappeur Jeriko One.
Excellent film qui à vu les choses, avec clairvoyance !

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