Comrades est le film d’un indigné et d’un profond humaniste : Bill Douglas. Moins connu que Ken Loach, il est aussi le porte-voix des pauvres et des oubliés et aussi un des piliers du cinéma social britannique. Distribué en France après sa mort, ses films jouissent, depuis, une notoriété légitime. Sa trilogie autobiographique du début des 70’s est son œuvre phare.Là, il s’intéresse aux paysans du début du XVIIIème du Dorset qui s’unirent de manière pacifique afin de pouvoir vivre dignement et qui finirent par être déportés en Australie. Un film rouge en pleine période thatchérienne, là déjà c’est sacrément couillu. Très figé dans sa mise en scène, Bill Douglas reste sur des plans fixes peu novateurs, mais il parvient tout de même à l’essentiel : faire naitre et vivre une communauté solidaire sans pathos ni folklore sous nos yeux. Bien documenté, sa reconstitution de l’Angleterre des villages de l’époque est juste car pas tape à l’œil. La vision du cinéma de Bill Douglas : « Simple is strong » et ce film incarne bien ce parti pris. Seule excentricité artistique au tableau, l’exploitation du lanterniste tout au long du film. Personnage qui lui permet de faire le lien entre développement des arts visuels et aspiration à la liberté du peuple. Et c’est Alex Norton qui joue le montreur d’ombres et une multitude de personnages équipés à chaque fois d’une nouvelle machine optique préfigurant l’arrivée du cinéma : diaporama, lanterne magique, appareil photo expérimental,… Bon le film fait trois heures et on ne s’ennuie pas, le propos est tellement puissant. Cependant, cinématographiquement c’est vieillot. « Heimat », son pendant plus récent et germanique, est encore beaucoup plus fort car plus « arty » et visuellement actuel.Bon film, mais de Bill Douglas sa trilogie sur l’enfance résistera bien plus à l’usure du temps… Du bon « free cinéma »
Sorti en 1986
Ma note: 13/20