Synopsis : " Mathias et Alexia sont en couple depuis des années, et pour la première fois, il la trompe avec Juliette, une wedding planer... Quand Alexia découvre la carte de visite de Juliette dans la poche de Mathias, il perd ses moyens, il bafouille... Elle comprend tout de suite : Juliette est une organisatrice de mariage, il veut donc l'épouser ! Elle dit " OUI ". Sans le vouloir, Mathias va se retrouver au milieu de sa " femme " et de sa " maîtresse ", contraint d'organiser son mariage imprévu ! "
Les lumières de la salle de cinéma s'allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position " je m'installe comme à la maison " ce n'est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique...
L'étape du second film est toujours vécue avec angoisse pour un réalisateur. Il faut à la fois confirmer le succès du premier et dans le même temps se démarquer. Proposer une offre encore plus forte ou creuser un sillon dans un genre précis. Après la comédie familiale et le retour aux origines, Reem Kherici propose la comédie sur le mariage. Après Paris à tout prix, il est à noter que la comédienne, réalisatrice et scénariste accompagnée de Stéphane Kazandjian a bénéficié de quatre années pour écrire ce second long, un luxe dans le milieu du cinéma où tout va très voire trop vite ! Bien entendu, l'idée de départ est originale et osée : comment le " coup d'un soir " va-t-il se transformer en wedding planer pour éviter toute rupture dans un couple établi ? On entre de plain-pied dans le vaudeville français, la comédie de boulevard avec claquement de porte et maîtresse dans le placard. Et je vous écris cela sans aucune malice, ni aucun mépris. Au contraire, ce sont souvent ces comédies qui sont les mieux réussies. Reem Kherici propose une farce sur le mariage et la peur de l'engagement, les deux sujets essentiels de l'histoire. Avec un sous-entendu profond : le mariage crée la famille... et parfois elle peut être dysfonctionnelle au possible. En ce sens, Chantal Lauby en mère alcoolique (pour Reem Kherici) et Lionnel Astier en père obnubilé par sa fille (pour Julia Piaton) sont excellents. Chacun de leur passage amenant de la drôlerie et les éclats de rire nécessaires au bon déroulement de l'intrigue. Cependant, on ne rit pas tout le temps. Bien que la présence de François-Xavier Demaison en bon pote totalement barré est parfaite et que Nicolas Duvauchelle exploite son talent comique jusque-là insoupçonné, Jour J prend le parti pris de dériver parfois sur la corde sensible.
Comme dans Paris à tout prix, la réalisatrice en profite pour parler de la famille. Dans son premier long, elle explorait la recherche des racines, des origines et la quête de la mère disparue. Ici, si le père est absent, la fibre sensible autour des relations mère-fille est recherchée. Cela livre quelques beaux moments de flashback avec Chantal Lauby et la jeune Juliette mais ils auraient pu être un plus fouillé. D'un côté, Jour J est réussi grâce à son humour borderline ( Reem Kherici a fait partie de la Bande à Fifi, ça ne s'oublie pas) et de l'humour plus mélancolique. C'est là que le bât blesse : ces passages peu nombreux font le sel de l'histoire. Et il aurait été nécessaire qu'il puisse bénéficier d'un temps de traitement plus long. Le personnage de Chantal Lauby aurait mérité une plus grande exposition, tout comme la co-gérante de la société Jour J, impayable Sylvie Testud. Au point de laisser un petit goût d'inachevé tant la conclusion est prévisible au point d'en être un peu déçu. Cependant, l'image est léchée, les décors somptueux et le scénario suit un fil narratif qui laisse place à une croisière paisible malgré quelques sorties de route bien senties (comme la vision de la grenouille par exemple ou le premier mariage sous Candy Crush).
En résumé, Jour J est une comédie tendre et en même temps piquante prouvant les réelles qualités d'écriture et de direction de Reem Kherici. L'image est jolie, le cadre agréable et les acteurs prennent un réel plaisir à s'amuser même si on regrettera qu'ils n'en profitent pas plus... il y avait là moyen à pousser le curseur (voire le bouchon plus loin encore... sans doute que ce sera le cas pour son troisième long ?).