On l'appelle Jeeg Robot (2017) de Gabrieli Maineti

Voilà un "petit" film italien plutôt surprenant, autant dans le fond que dans la forme. L'Italie s'est déjà, à une époque, réapproprié le western genre américain par excellence et voici que le pays spaghetti s'attaque au film de super-héros ! On peut ici parler d'audace d'autant plus qu'il s'agit du premier long métrage de Gabrieli Maineti, jusqu'ici connu pour quelques courts comme "Basette" (2008) et surtout "Tiger Boy" (2012) nommé aux Oscars. On peut se douter des difficultés de produire un tel film avec un tel sujet. Le réalisateur s'en explique ainsi : "Pourquoi un super-héros italien ?... À mon avis, faire un bon film signifie raconter une histoire avec originalité. Lorsqu'on aborde un nouveau genre, il est difficile de nepas tomber dans l'imitation. Nous ne voulions pas raconter les aventures d'un Superman en collants...". De plus le cinéaste n'a pu recourir aux finances habituels d'une production au vu d'un sujet trop risqué dans le cinéma italien. Gabrieli Maineti a donc dû créé sa propre société de production et a produit le film personnellement avec un budget de 1,7 millions d'euros (on vous laisse calculer la différence avec Hollywood !). Rien que le prise de risque est à saluer...

On l'appelle Jeeg Robot (2017) de Gabrieli Maineti

Outre cette histoire de super-héros le cinéaste a voulu rendre hommage au manga de son enfance, titré "Kotetsu Jeeg", Jeeg Robot en Italie (par l'auteur Go Nagai connu également pour "Goldorak"). Super-héros lié au manga, mais l'histoire est aussi un mélange des genres, avec romance et mafia. C'est le mélange judicieusement mesuré qui fait tout le sel du film. Peu d'effets spéciaux, un récit ancré dans la réalité sociale de l'Italie, on est donc très éloigné des blockbusters de chez Marvel ou DC Comics, mais le film s'inspire sans aucun doute de quelques films comme "Incassable" (2000) de M. Night Shyamalan, "Hancock" (2008) de Peter Berg, "Super" (2011) de James Gunn, "Defendor" (2010) de Peter Strebbings, "Kick-Ass" (2010) de Matthew Vaughn et dernièrement "American Hero" (2016) de Nick Love. Mais loin de copié le réalisateur-producteur-compositeur du film digère ses références et les enrichis de spaghetti-manga pour un résultat surprenant mais efficace et fun.

On l'appelle Jeeg Robot (2017) de Gabrieli Maineti

Le super-héros Jeeg Robot est incrané par l'acteur Claudio Santamaria, déjà connu pour "Romanzo Criminale" (2005) de Michele Placido et dans le trop méconnu "La terre des hommes rouges" (2008) de Marco Bechis. Le méchant dit Le Gitan est joué par Luca Marinelli révélé par "La solitude des nombres premiers" (2011) de Saverio Costanzo et revu depuis dans "La Grande Bellezza" (2013) de Paolo Sorrentino. En prime l'atout charme dans son premier rôle au cinéma avec la belle Llena Pastorelli (Sorte de Béatrice Dalle en jeune et jolie). De l'humour noir et cynique, de la violence gratuite et juste assez trash, une dose parodique mais juste assez pour que la dramaturgie l'emporte sur le ridicule, le fil étant parfois ténu. Mais ce qui est sûr c'est que Gabriele Mainetti a réussi son pari, en témoigne par ailleurs son Prix du Jury au festival de Gérardmer et surtout ses 7 David Di Donatello (Césars italiens) ! Pour l'anecodte, l'acteur Claudio Santamaria est le doubleur voix de Christian Bale dans la saga Batman, tandis quela voix Off de la fin est celle de Adriano Giannini, la voix italienne du Joker dans "The Dark Knight" (2008) de Christopher Nolan... Du cinéma audacieux, artisanal encore, à voir et à conseiller.

Note :

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