Synopsis : " Un homme attend huit ans pour se venger d'un crime que tout le monde a oublié. "
Les lumières de la salle de cinéma s'allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position " je m'installe comme à la maison " ce n'est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique...
VOIR VOS HORAIRES / RÉSERVER VOTRE PLACETous les ans, on annonce que le cinéma espagnol est moribond. Et à chaque fois, une pépite débarque sur nos écrans. Si l'année dernière, Pedro Almodovar avait remis en avant Adriana Ugarte, aujourd'hui, c'est le thriller espagnol La Colère d'un Homme Patient qui relance le cinéma espagnol. Posons le décor : le film a mis 10 ans à voir le jour. Son réalisateur n'est autre que l'acteur Raúl Arévalo (vu en steward dans le film Les Amants Passagers du dit Pedro Almodovar). Le budget a été conséquent, mais compliqué à réunir, car il a choisi de tourner en 16 mm. Enfin, son sujet co-écrit avec le psychologue David Pulido porte sur la question de la vengeance : que feriez-vous si on avait tué la personne que vous aimiez ? Sujet déjà rebattu et débattu au cinéma. Et pour ajouter à la difficulté, il s'agit là d'un premier film à la gestation longue. Finalement, c'est le banco : 4 Goya (les Césars espagnols) dont celui du meilleur film et du meilleur premier film. Maintenant les prix ne font pas tout, mais ici, ils sont amplement mérités pour ce film. Dernier point : le titre original " Tarde para la ira " signifie " trop tard pour la colère " ou " une colère tardive ". Pour une fois, l'adaptation française est convenable, car José attend depuis huit ans pour se venger.
À la fois thriller psychologique et drame intimiste, La Colère d'un Homme Patient plante avec lenteur le mécanisme de la vengeance. Le rythme imposé par la caméra place l'ensemble des personnages dans un engrenage où chacune des pièces se positionne pour former le grand dessein de José (sublime Antonio de la Torre). Dès que la vengeance débute avec " la prise en otage " de Curro (détestable Luis Callejo), le rythme s'accélère pour rencontrer les voleurs à éliminer comme ils ont... pas de spoiler pour découvrir cette vengeance. Le film de Raúl Arévalo pose une question : a-t-on le droit de se faire justice quand elle a été incapable de retrouver les meurtriers, de faire parler le seul coupable arrêté. Si le scénario nous pousse au départ à l'empathie pour José (notamment par le système des vidéos flashbacks), très vite il distille une tension sourde et continue. Des moments de malaise continus jusqu'au final prenant où se pose la question de savoir si cela est juste. Du grand art pour une première réalisation qui laisse augurer le meilleur pour la suite.
Pour rappel, ce film est interdit aux moins de 12 ans.En résumé, La Colère d'un Homme Patient est un film stressant, étouffant, prenant. Il pose la question de la vengeance personnelle et de sa légitimité tout en nous questionnant sur la justice. Un coup de maître qui éblouit prouvant toute la vitalité du cinéma espagnol.