LES SALAUDS DORMENT EN PAIXd'Akira Kurosawa
Parler de ce film est un exercice très particulier pour moi, car des que vous tapez ce titre dans une barre de données on vous fait le parallèle avec l’œuvre de Shakespeare sur laquelle le réalisateur s'est appuyé. Et dès que l'on annonce son titre on sait ce qui finira par arriver à notre héros. Je ne peux pas ne pas écrire sur cette magnifique œuvre sans en parler et spoiler. Je sais la portée de mon choix, car je me suis refusée a être aussi pleinement en empathie pour me protéger.
Le film commence lors d'un mariage, celui de Koishi et Yoshiko. Il est le secrétaire de son père à elle. Mais ce mariage est suivi par une nuée de journalistes qui nous présentent les protagonistes. Car le père de la mariée est le directeur d'une grosse entreprise de btp, dont la garde rapprochée est interpellée au fur et à mesure pour malversations. Quelques minutes avant le mariage le maître de cérémonie est parti avec le commissaire. Plus encore quelques années au par avant les mêmes personnes étaient déjà impliquées dans un scandale qui s'est conclu par le suicide de l'un des lampistes.
Koishi aussi prend cet aspect là. D'abord dans des postures très symboliques. Par exemple lorsqu'il est assis dans son fauteuil le regard perdu avec son verre de whisky à la main, ou dans ses tenues, ses lunettes à écailles, sa coiffure... il n'a pas besoin d'en rajouter, il incarne juste le personnage.
La morale de ce film est particulière. En aucun cas le réalisateur prend partie pour son personnage. Kurosawa dira même que Quoiqu'il se passe autour de soi, ici dans le Japon de l’après guerre, la délinquance est un choix. Ce n'est pas une fatalité. Cette vengeance ne l'ai pas non plus. D'ailleurs jamais la caméra ne semble de parti pris, elle le montre quand il perd son humanité de la même manière qu'elle film les exactions des autres.