Imaginez : Vous êtes au volant de votre voiture, plongée dans un quotidien tiraillé entre vie familiale vie professionnelle. Vous passez sous un tunnel et, soudainement, celui-ci s'écroule subitement sur vous. Une expérience peu enviable que va nous faire ressentir Kim Seong-hum dans l'haletant " Tunnel" .

Chez Kim Seong-hum, le moindre élément perturbateur dans la vie de son protagoniste prend une proportion gigantesque. Quand ce n'est pas un accident de la route meurtrier dans " Hard Day ", c'est un tunnel effondré qui bouche le trajet quotidien de ce héros. Durant deux heures, le calvaire de ce monsieur-tout-le-monde sera l'objet d'une immersion totale dans cette condition et ce qu'il entraînera autour. Seong-hum redouble d'intelligence pour démultiplier les points de vues face à une telle catastrophe sans que le spectateur perde une seconde d'attention.

" Tunnel " n'est donc pas uniquement un survival claustrophobe, il est aussi une redoutable satire sur l'ampleur qu'un tel événement peut enclencher au sein de la bureaucratie, de l'action gouvernemental et de la voracité des journalistes types " BFM TV" . Un ton mordant pouvant rappeler un homologue hispanique plus cynique, " Un jour de chance " d' Alex de La Iglesia, mais dont Seong-hum se détache remarquablement en laissant de côté une facile méchanceté dont il aurait pu faire preuve. Si la tension reste permanente, elle se relâche agréablement en sortant du tunnel pour vivre une opération de sauvetage permettant quelques moments d'humour bienvenu.

Kim Seong-hum a parfaitement compris l'essence-même du blockbuster. Un spectacle intelligent et bien ficelé accompagnée d'une tension scotchant son public à son siège. " Tunnel " parvient à ne pas voir son projet s'effondrer violemment et marque la consécration d'un réalisateur remarquable.