Critique : The Bleeder (Outsider) de Philippe Falardeau

Par Cinephiliacr

L'histoire vraie de Chuck Wepner, négociant en alcools du New Jersey, qui a tenu 15 rounds contre le plus grand boxeur de tous les temps, Mohammed Ali, lors du championnat du monde poids lourds en 1975, avant de finalement s'incliner par K.O. technique. Durant les dix années où il a été boxeur, celui que l'on surnommait " Bayonne Bleeder " a eu 8 fois le nez cassé, a connu 14 défaites, deux K.O., un total de 313 points de suture... et a inspiré le personnage de Rocky Balboa dans la franchise au succès planétaire Rocky.

Après Congorama, Monsieur Lazhar ou encore Guibord s'en va-t-en guerre, le québécois Philippe Falardeau se lance dans l'aventure américaine avec The Bleeder, également titré Outsider, son second film en langue anglaise, le premier étant The Good Lie avec Reese Witherspoon. Il s'attaque à l'histoire de Chuck Wepner, le " vrai " Rocky Balboa. Celui qui a inspiré Sylvester Stallone pour le personnage.

Un peu comme Bleed for This (décidément, les films de boxe aiment mettre " bleed " dans leur titre en ce moment), The Bleeder se démarque aussi un peu des autres films bien qu'il ait également plus de points communs avec ces derniers. Les points communs ce sont les côtés célébrité, alcool, drogue et femmes. Bien qu'il était marié, Chuck Wepner n'a pas su résister à la tentation de la chair et autres. Cela lui a évidemment nuit. Ces aspects là sont souvent présents dans les films de boxe ou même de célébrités. En cela, The Bleeder pourrait paraître très cliché. Mais il se démarque car il s'agit d'un film sur un boxeur dont la vie a inspiré un autre film. Il s'agit d'une œuvre qui parle d'un boxeur qui a vécu la période à laquelle le film tiré de sa vie est sorti. C'est assez inhabituel.

Wepner a du mal avec la célébrité. Il l'a acquise grâce à ses combats mais aussi, et surtout, grâce à Rocky. Tout cela va le décontenancer. Il va avoir du mal à gérer tous les aspects de sa vie et en voudra à Stallone de ne pas lui avoir donné de royalties pour Rocky. Les problèmes vont s'accumuler tandis que les repères vont s'éloigner, devenir plus flous. C'est par tous les aspects extra-sportifs que The Bleeder parvient à tirer son épingle du jeu.

Philippe Falardeau propose une mise en scène un peu moins démonstrative mais filme les combats de manière très immersive. Ce n'est pas aisé d'imposer une patte et de sortir des sentiers battus avec ce genre de métrage mais, Falardeau parvient tout de même à faire le nécessaire pour rendre le film attrayant sans tomber dans le film plan-plan comme n'importe quel faiseur.

Chuck Wepner est incarné par un Liev Schreiber inspiré. Il a une carrure imposante et une grosse moustache qui lui donne un air particulier. C'est un genre de rôle dans lequel on a peu l'habitude de le voir mais le résultat est complètement satisfaisant. Habitué aux seconds rôles (sauf dans la série Ray Donovan où il a le rôle principal, c'est agréable de le voir porter un film. Il est épaulé par sa compagne dans la vie, Naomi Watts, Ron Perlman ou encore Elizabeth Moss.

The Bleeder (Outsider) est une proposition intéressante sur une facette méconnue d'un personnage marquant du monde de la boxe. C'est surtout abordé via un angle intéressant qui change un peu de ce que l'on a pu voir auparavant. La prestation de Liev Schreiber vient couronner le tout. Cela ne fait pas de The Bleeder un immanquable mais il a le mérite d'avoir tenté quelque chose de plus singulier qui résonne toujours aujourd'hui.

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