[Critique] – Houston, we have a « Problemos » …

Par Victorvandekadsye @BrouillonsCine

Lorsqu'un groupe de zadistes et une famille parisienne forment un nouveau berceau de l'humanité, forcément le chaos s'installe très vite. Le nouveau long-métrage d' Eric Judor est une comédie anarchique pour un constat amer de l'humanité, pleine de défauts.

Le tour de force de " Problemos " est qu'il réussit à ne pas tomber dans le piège de la moquerie pure et dure des mouvements type " Nuit Debout " en vogue l'année dernière. Tout le monde en prend pour son grade pour notre plus grand plaisir. Le monde dépeint dans " Problemos " est affreux, sale et méchant. Un univers bouffi d'orgueil et d'hypocrisie auquel gravitent plus ou moins consciemment touts ces étranges personnages pas si éloignés de notre réalité. Car tout le monde est ou connaît une personne comme Victor ( Eric Judor), l'archétype même du parisien uniquement confort à sa petite bulle citadine ou Gaia ( Blanche Gardin, remarquable de drôlerie), caricature exagéré du militantisme bohémien.

L'harmonie rêvée par ce nouveau monde ne résulte pas d'une éternelle bienveillance envers son prochain mais d'un perpétuel échange ou l'on se renvoie sans cesse les fautes et les travers individuels de chacun. Par un humour cruel (sur l'abandon du veganisme ou rejet stigmatisant d'un habitant pour un simple manque d'hygiène), on pourrait faire un curieux rapprochement entre le cinéma de Judor et celui de Lars von Trier dans cette idée même que notre humanité est désespérante. Mais à la différence de notre fidèle comparse danois, Eric préfère filmer ce constat avec moquerie et humour afin de nous laisser un goût doux-amer plutôt que déprimant. On rit énormément devant cette fable satirique où les vannes fusent et dérangent (on aurait pu se passer d'une ou deux blagues transophobes cependant...).

On est ni devant une comédie cathartique ou réflexive sur notre condition. Eric Judor sert juste de cet état comme un terrain de jeu afin de faire grincer les dents de son public mais surtout de le faire rire. Et pour ça, il y a pas de " Problemos " ...

Victor Van De Kadsye