« Master of None », saison 2 : Mange, survie, aime.

« Master of None », saison 2 : Mange, survie, aime.

" Je suis un foodie dans l'âme ". Partant de cette déclaration lors d'une rencontre avec un journaliste des Inrockuptibles, il est facile de comprendre le moteur d' Aziz Ansari : La vie est absurde, souvent tumultueuse mais on y survit par le pouvoir de la nourriture. La saison 2 de " Master of None ", sortie depuis vendredi dernier sur Netflix, explore cette philosophie en dix épisodes remarquables.

Cette nouvelle saison commence là où nous avait laissé la précédente : A Modène, petite ville au charme pittoresque au coeur de l' Italie. Après les galères sentimentales et professionnelles encourues lors des précédents épisodes, Dev semble apprendre à maîtriser sa vie en faisant ce que l'être humain fait au mieux : Se nourrir. Sublimé en un noir-et-blanc qui se prête à l'exercice de style de type hommage au néo-réalisme italien (le premier épisode s'intitulant " The Thief " en hommage au "Voleur de Bicyclette " de De Sica), l'épisode présente d'emblée ce nouveau mantra qui semble définir l'essence de la série. Car sous des faux-airs de sitcoms à la " Louie ", où Aziz Ansari incarnerait une version de lui-même dans le New-York huppé selon des critiques virulentes à tort, " Master of None " se démarque de ses homologues contemporains afin de prononcer sa propre pensée de la vie, pouvant être résumer en un seul et unique mot : Manger.

Dev et touts les personnages gravitant autour de lui vivent cette leçon philosophique au cours des chapitres les plus importants de leurs vies. Un plat de spaghetti fait-maison permet de surmonter le fait que son ex-femme se remarie, le repas annuel de Thanksgiving grandit l'acceptation de l'homosexualité au sein d'une famille conservatrice, le porc faisant même office de thème lors d'un épisode centré sur la pratique religieuse. La nourriture est donc une base essentielle qui aide à passer outre les ennuis de la vie quotidienne mais pas seulement, elle est aussi ce qui nous maintient en vie.

Ce fait aussi élémentaire que vain, notre héros en fera les dépens lorsque après plusieurs rôles manqués au cinéma et dans des séries, sa carrière reprendra un souffle conséquent en présentant " Clash of Cupcakes ", un concours culinaire à base de petits gâteaux sucrés diffusé à la TV. Un symbole évident de ce système qui alimente le corps et l'esprit de chaque individu, Dev étant payé par Food TV, chaîne de télé basé sur la nourriture, et son patron inquiétant joué par Bobby Cannavale.

La nourriture réconforte et nourrit mais elle créé des contacts au sein de cette saison. Des contactes, certes, tumultueuses comme le prouve le formidable épisode sur les dates ou bien lorsque la camérase perd le temps d'un épisode dans les quatre coins de New-York avec ses brèves de vies éparpillés dans touts les sens.

" Master of None " est comme son titre l'indique, une série polyvalente ne croyant en aucun système régulier. Les épisodes ont des écarts de durées souvent hallucinantes (Mention spécial à l'avant-dernier épisode de la saison, durant près d'une heure sous un charme " Linklaterien "). et semblent ne rien maîtriser dans leur continuité, ce dont les personnages tentent de faire tout le long de la saison. Mais elle est aussi une série pleine de sensibilité nous apprenant à tous une chose essentielle : La nourriture est le meilleur ami de l'homme, sans aucune hésitation.

Victor Van De Kadsye.