Qu'est-ce qui vous a attiré dans Their Finest ?
Les producteurs et le scénario.
Avec le producteur Stephen WOOLLEY, nous avions déjà très bien travaillé ensemble. Lui et Amanda POSEY, sont deux des meilleurs producteurs du pays. Ils sont les champions en matière de films indépendants... ce qui n'est pas une entreprise facile, spécialement aujourd'hui en Grande-Bretagne. Je les admire vraiment.
Pour ce qui est du scénario, je le considère comme réellement unique, rare. Je n'avais jamais lu auparavant un scénario où il était question d'un film dans le film, prenant place pendant la Seconde Guerre Mondiale et considéré du point de vue d'une femme ! Je ne connaissais pas le rôle des femmes dans la fabrication de ces films de propagande. De plus, mon personnage est inspiré d'une personne ayant réellement existée... tout ça m'a fascinée.
Je pense également que le ton de ce film est unique : il est difficile de le définir. Un ton qui rappelle Wilbur ou Italian for Beginners qu'a aussi réalisés Lone SCHERFIG... des films un peu " transgenres ", des comédies qui sont à la fois sombres, poétiques et pleines de sens.
Le film dans le film n'est pas un film comme les autres, il s'agit d'un film de propagande... vous êtes vous renseigné, avant de tourner, sur ce pan particulier de la Seconde Guerre Mondiale ?
Les fake news, les films de propagande, la manière de manipuler les gens dans un sens positif, sont très intéressants...
A cette époque, nous savions que notre lutte était une bonne lutte. Cette propagande était une bonne propagande ! Bien sûr, ces films étaient manipulateurs. Ils étaient décidés et dirigés par le gouvernement, mais c'était une nécessité. Et puis les gens avaient besoin de voir des films qui parlaient de ce qu'ils traversaient et qui leur permettaient d'aller de l'avant.
Chose totalement nouvelle et étonnante : ces films étaient destinés aux femmes, elles qui soutenaient l'effort de guerre alors que les hommes étaient au front.
J'ai regardé beaucoup de ces films de propagande de cette époque, et notamment : Millions like us.
Pensez-vous qu'il est important de parler des rôles attribués aux femmes dans les films et de la place de la femme dans l'industrie cinématographique ?
Absolument. Parce que les femmes représentent 50% de la population, que l'on fait partie intégrante de ce monde, que l'on a des choses à dire et que dans la manière dont les histoires sont racontées nous sommes sous représentées dans l'industrie du cinéma. La majorité des films sont centrés sur les hommes. Beaucoup de problèmes dans le monde viennent du fait que les femmes ne sont pas célébrées comme elles le devraient.
Aimez-vous travailler en suivant le scénario au mot près, ou aimez-vous plutôt l'improvisation ?
J'aime tout ! J'aime travailler avec un texte, avoir le sens précis d'une scène, d'un dialogue et de leur rythme, mais j'aime aussi l'improvisation que je trouve amusante.
Je pense aussi que 80% du travail d'un acteur est de faire croire que ce qu'il a à dire vient de lui... il y a là une manière d'improvisation !
Après le James Bond, Quantum of Solace, votre carrière a véritablement décollé. Est-ce que cela vous a surpris ?
Je n'avais jamais envisagé de tourner dans un film. Tout ce qui m'importait et ce pour quoi je travaillais, c'était le théâtre. Le cinéma a donc été, en effet, une grande surprise pour moi !
Hollywood vous fait encore rêver ?
Il ne s'agit pas de répondre : " non ", mais : " qui sait " ! Il y a toujours beaucoup de grands films qui se font à Hollywood.
Et l'une des raisons pour laquelle j'adore mon métier c'est que je ne sais pas ce qui va arriver ! Même si je fais des plans, il y a beaucoup de choses inattendues qui arrivent... et c'est ce que j'aime.
Êtes-vous venue à la production et au travail de l'écriture parce que vous n'étiez pas complètement satisfaite des rôles que l'on vous proposait ?
C'est en effet en partie, en réaction à une certaine insatisfaction. Mais c'est aussi dû au fait que j'ai toujours voulu créer. J'ai commencé à 16 ans en entrant dans une compagnie de théâtre (NDLR : la Royal Academy of Art de Londres) où il y avait beaucoup de complicité. On créait une pièce à partir de zéro, et ça, ce sont mes véritables racines. Ce processus de création, c'est ce dont j'ai vraiment envie.
J'aime lire un scénario et m'y atteler... mais créer, c'est beaucoup de plaisir !
Quid de votre expérience des films français que vous avez tournés ?
J'adore tourner avec les acteurs français... ils sont très différents des acteurs anglais, sans doute parce que les acteurs anglais ont une formation plus importante. Les acteurs français ont quelque chose de plus brut.
Quant aux réalisateurs, ils sont généralement de véritables auteurs (et l'on n'en a plus autant que ça actuellement en Grande-Bretagne)... ils contrôlent donc beaucoup ! (rires), mais ça me va !
Quel fut dans votre travail ou dans votre vie votre meilleur souvenir
Dans mon travail, sans conteste : mon propre film (NDLR : The Escape dont la sortie est prévue en septembre prochain). Et même si c'est un film très simple et à petit budget, j'en suis très fière.
Je suis très fière du film et de l'avoir fait.
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