Pour ce quatrième " Cannes-Test" , on a l'honneur de recevoir Alexandre Dupret, rédacteur du blog " Good Taste Police" . Il y parle de Netflix, d'une fusillade dans un lycée et d'une redoutable vengeance.
Ma palme d'or favorite : Je n'ai pas vu beaucoup de films palmés (et c'est clairement un tort). Mais sur le peu que j'ai vu, c'est Elephant qui se détache le plus. Pour ses silences, pour la beauté de sa mise en scène, pour son côté électrisant. Une claque que je n'ai pas vu venir, jeune comme j'étais, qui m'a mis KO en 1H30 à peine. Remarquable. Dommage que Gus Van Sant ne soit plus aussi stratosphérique depuis.
Une palme déméritée : Comment rater l'adaptation d'une BD aussi belle que le Bleu est une couleur chaude ? C'est bien simple : transformez-la en un objet froid et racoleur, dénué de la moindre forme de poésie, le tout sur les trois heures les plus longues de votre vie. Vous obtenez la Vie d'Adèle. A côté, Enter the Void fait l'effet d'un espresso.
Un film en compétition que j'aurais aimé voir palmé : Un seul choix possible, aucune hésitation : Old Boy. Bon, passons sur les qualités évidentes du film et son caractère exceptionnel, on les connaît tous. C'est plus le film palmé cette année qui rend la chose injuste. C'est Michael Moore et son Fahrenheit 911 qui est reparti avec le césame. Old Boy. Pourquoi une telle injustice ? Incompréhension, yeux écarquillés, marteau dans la face. Bref, Old Boy aurait du gagner, point.
Un snob cannois que je ne comprends pas : Encore une fois, il n'y a pas à hésiter, le bide de Southland Tales est la chose que je comprends le moins (au monde). En dehors de la popularité de la Guiness, mais c'est un autre débat. Richard Kelly a sorti SON chef d'oeuvre, SA pièce maîtresse, aussi bizarre que chaotique, imparfaite que majeure. C'était splendide et tout le monde l'a boudé. Heureusement pour lui, le film s'est taillé une belle petite réputation depuis, mais le mal était déjà fait.
Un scandale qui m'a marqué : Je ne m'étais jamais senti vraiment " impliqué " dans un scandale cannois avant cette année. Même les provocations de Lars Von Trier étaient devenues routinières. Par contre, le bashing anti-Netflix ne passe pas. En tant qu'utilisateur, en tant que spectateur, en tant que public de films et de séries, je ne peux pas cautionner le procès fait à la boîte américaine, pour des dizaines de raisons que je ne prendrai pas le temps d'évoquer ici (on n'est pas là pour ça).
Un événement qui m'a marqué au cours de la cérémonie : Le discours de Dolan en 2014 pour Mommy. C'était beau. Juste beau. Tellement beau. Ce monsieur est un délice à écouter. Rien de plus à ajouter.
Un président du jury que je rêve de voir un jour : Je ne sais pas si je trolle ou si je ne trolle pas, mais voir Michael Bay à la tête d'un jury me remplirait de joie, et c'est un euphémisme. Parce que ça nous changerait un peu quand même. Puis ça emmerderait le monde, et ça c'est cool.
Mon pronostic pour la Palme 2017 : Ce n'est pas un pronostic mais une demande, une envie : la palme d'Or pour Okja. Je le veux. Je veux qu'un Coréen remporte cette Palme. Je veux qu'un film optimiste remporte cette Palme. Je veux que Netflix remporte cette Palme. Il le faut. C'est vital.
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