Autant être prévenu direct : avec Le Roi Arthur, la légende d'Excalibur, c'est partir pour un trip intersidéral shooté au LSD, qui n'a rien à voir avec l'idée qu'on peut se faire du mythe de Camelot. Guy Ritchie se réapproprie la légende en la basculant dans l'heroic fantasy type Seigneur des Anneaux gonflé aux amphétamines, où éléphants géants, super-pouvoirs et gros boss final se côtoient dans un spectacle aussi énergique que brouillon.
Dans le fond, Le Roi Arthur ne propose rien de plus qu'un blockbuster lambda, optant pour un angle archi-banal avec un héros venu des bas fonds qui doit devenir, via un genre de prophétie, le big boss de l'Angleterre. Pire, sur l'autel des sacrifices, on notera le traitement des personnages, aucun d'eux n'arrivant à être un tant soit peu consistant (si ce n'est pour Arthur lui-même et son ennemi Vortigern, à la limite). Dans la forme en revanche, Ritchie a certainement eu carte blanche, et de ce fait son style " un peu " décalé s'incruste parfois avec brio, parfois sans saveur, dans des scènes souvent atypiques. Exactement comme pour ses Sherlock.
C'est d'ailleurs la même recette qu'il essaye d'instaurer ici, entre comique, spectacle et décalage, mais sur certains points, les aventures du gamin des rues devenant roi semblent moins abouties. L'humour est par exemple moins bien dosé, les personnages encore une fois moins travaillés, et même l'action est moins épique.
Pourtant, de ce côté-là, Le Roi Arthur n'en manque pas. Et même si on adhère franchement au n'importe quoi proposé par le réalisateur - l'intro met dans l'ambiance sans vaseline, le dernier acte est un carnage digne d'un jeu vidéo -, c'est hélas trop confus pour y voir clair. Trop bordélique.
Ça fait cependant beaucoup de bien de voir un blockbuster raconté d'une façon extravagante, où s'entremêlent dialogues dynamiques à la Snatch et ellipses montées avec frénésie, et où la réalisation stylisé de Ritchie s'applique sur des moments vraiment magnifiques (la dame du lac, le rocher dans lequel est planté Excalibur...) le tout habillé par une BO remarquable de Daniel Pemberton (les bonnes soundtracks, ça devient un exploit ces derniers temps).
De surcroît, si tous les acteurs sont corrects, Jude Law brille comme à son habitude et surtout Charlie Hunnam est ici parfaitement dans son élément, offrant une prestation à des années lumière de celle qu'il avait fourni dans Pacific Rim, bien plus à l'aise en guenilles qu'à l'intérieur d'un robot géant. Le comédien a bien ce qu'il faut pour interpréter un personnage tour à tour hautain, leader, perdu et puissant.
POUR LES FLEMMARDS : Blockbuster atypique et ultra-énergique, tornade de foutraque pas toujours maîtrisée visuellement, où brille enfin Charlie Hunnam au cinéma.
Bande-annonce du Roi Arthur, la légende d'Excalibur :