Critique : Happy End de Michael Haneke

Critique : Happy End de Michael Haneke

" Tout autour le Monde et nous au milieu, aveugles. " Instantané d'une famille bourgeoise européenne.

Ses deux derniers films, Le Ruban Blanc et Amour, ont tous deux remporté la Palme d'Or lors de leur venue au Festival de Cannes. C'est un euphémisme de dire que le retour du réalisateur autrichien était attendu. Mais, la déception est rude.

Michael Haneke, c'est souvent synonyme de malaise. Il crée des ambiances pesantes comme personne d'autre. Il se sert encore de cela pour Happy End. L'histoire parle d'une famille bourgeoise résident à Calais. Le père avait une société de construction que sa fille a reprise et où son petit-fils travaille aussi. Son autre fils est docteur. Ce dernier va devoir accueillir sa fille qui vivait jusqu'alors avec sa mère. Bref, chacun a ses petites histoires et Haneke se fait un plaisir de les faire souffrir.

Chaque personnage va avoir ses petits problèmes, ses relations conflictuelles. Beaucoup d'idées et de thèmes déjà utilisés par Haneke sont d'ailleurs repris ici. C'est ce qui l'intéresse et l'a toujours intéressé. Il procède comme il l'a toujours fait, crée toujours aussi bien le malaise et avec toujours autant de précision. Il y a du neuf aussi. Haneke utilise parfois le point de vue de la petite fille, qui filme sa vie et son malheur avec son smartphone. C'est un certain modernisme auquel l'autrichien ne nous avait pas habitués. Tous les arcs narratifs s'articulent les uns autour des autres, ils forment un puzzle qui se révèle petit à petit. Dommage qu'ils soient si pauvres et, parfois, faciles et ce malgré le fait qu'ils fonctionnent relativement bien. Haneke en arrive à se parodier, ce qui est triste à voir. Le résultat semble vain. Tout ça pour ça ?

Critique : Happy End de Michael Haneke

Il n'est pas vraiment aidé par son casting (ou alors il le dirige mal, c'est selon). Isabelle Huppert est bien mais, elle fait du Huppert comme elle en fait tout le temps. Mathieu Kassovitz a un jeu plein d'ambiguïté qui n'est pas inintéressant. La jeune Fantine Harduin est formidable, tout comme Jean-Louis Trintignant. Le problème vient plutôt de Franz Rogowski, qui incarne le fils d'Isabelle Huppert. Son jeu est bien trop forcé et ne semble jamais naturel. A un certain moment de l'histoire, cela pose moins de problème parce que le déroulement fait que ça passe mais, avant ça, cela ne va pas du tout.

Finalement, Happy End est une espèce de best of de Michael Haneke. Le malaise est là, les liens familiaux aussi. C'est pas mauvais mais très décevant pour du Haneke. Il a fait ce qu'il voulait et, c'est déjà très bien. Dommage que ça ne soit pas satisfaisant pour les festivaliers.

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