La fille d'un sénateur disparaît. Joe, un vétéran brutal et torturé, se lance à sa recherche. Confronté à un déferlement de vengeance et de corruption, il est entraîné malgré lui dans une spirale de violence...
Lynne Ramsay avait disparu des radars depuis We need to talk about Kevin. Elle est de retour avec un film aux antipodes mais elle poursuit dans sa volonté de travailler avec de prestigieux comédiens. Après Tilda Swinton, place à Joaquin Phoenix, plus physique que jamais.
Une ville la nuit, un vétéran au train de vie singulier, une nouvelle mission. En cette fin de festival de Cannes, la Croisette ne s'attendait sans doute pas à ça. Car You Were Never Really Here est un film surprenant. Jusqu'à la toute fin du film de par son absence de générique, le film ayant été probablement été terminé juste à temps pour le festival. C'est un film, comme finalement peu lors du festival, qui tient beaucoup de l'interprétation de son comédien principal. Ici, c'est Joaquin Phoenix, massif comme un roc, acteur à la prestance incroyable, au charisme fou. Il incarne un ancien soldat qui fait des petites besognes au plus offrant. Il a des pulsions suicidaires et vit encore avec sa vieille mère. Mais un jour, Joe va devoir retrouver la fille d'un sénateur. Les choses vont se corser.
Le concept voulu par Lynne Ramsay est plutôt ténu. Un job qui tourne mal, il faut régler le problème. C'est la base de nombreux films mais, contrairement aux autres, Ramsay ne tire pas sur la corde. Elle va au bout de son concept et s'arrête quand il faut. C'est pour cela que You Were Never Really Here ne dure qu'une heure vingt. C'est aussi pour cette raison qu'il est aussi fort et efficace. Ce n'est probablement un uppercut comme certains essaient de le vendre mais, c'est indiscutablement une œuvre qui fait forte impression.
Lynne Ramsay épate encore à la mise en scène. Elle filme Joe comme un animal, sous tous les angles. Elle le surveille presque. La perception du personnage qu'elle donne aux spectateurs participe à sa construction et son développement. Elle montre une ville de façon poisseuse qui contribue à l'élaboration de cette ambiance si particulière. Le soin apporté par Ramsay contraste avec le ton qu'elle emploie. Le montage est aussi primordial, d'autant plus que lui aussi joue une pièce importante dans le développement de Joe. Les quelques flashbacks en disent long sur le caractère de l'homme.
Joaquin Phoenix est encore au top de sa forme. Il est habité et a des faux airs de Mel Gibson. Sa force et son dévouement sont deux des éléments anxiogènes du film. La jeune fille qu'il doit sauver est interprétée par Ekaternina Samsonov, vue également dans Wonderstruck de Todd Haynes, également en compétition, dans lequel elle avait un tout petit rôle. En tout cas, ses choix sont plutôt bons puisqu'elle est dans deux des films qui nous ont le plus plu à Cannes. La demoiselle a quelques répliques cinglantes et on espère déjà la revoir prochainement.
Avec You Were Never Really Here, Lynne Ramsay conclut la compétition cannoise de bien belle manière. Tant la mise en scène que les comédiens sont au top, au service d'une histoire très efficace et utilisée de façon la plus juste possible. Après une compétition de niveau correct mais avec très peu d'œuvres qui se détachent véritablement, c'était agréable d'avoir pareil film pour terminer.
Cannes 2017cinémacompétitioncritiqueCritique de filmEkaterina SamsonovfestivalFestival de CannesJoaquin PhoenixLynne RamsayYou Were Never Really Here