Synopsis : " Un braquage qui tourne mal... Connie réussit à s'enfuir mais son frère Nick est arrêté.
Alors que Connie tente de réunir la caution pour libérer son frère, une autre option s'offre à lui : le faire évader. Commence alors dans les bas-fonds de New York, une longue nuit sous adrénaline. "
Les lumières de la salle de cinéma s'allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position " je m'installe comme à la maison " ce n'est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique...
À peine un an après la sortie de leur précédent film, The Safdie Brothers sont de retour, mais cette fois ils passent par la grande porte. Présenté en compétition officielle lors du 70e Festival de Cannes, Good Time est une œuvre qui porte bien son titre. Pour leur quatrième film de fiction, Ben et Joshua Safdie signent un pur divertissement. Électrique et dynamique, Good Time conte l'histoire de Connie qui va tout mettre en œuvre pour faire évader son frère de prison suite à un braquage raté. Good Time est un film dont on distingue rapidement le bon fond et cette volonté de mettre en exergue l'amour fraternel. Plus précisément l'amour que peut porter un frère pour un autre atteint d'un handicap. Un bon fond sans pour avoir un scénario aux multiples facettes et thématiques à questionner. À l'instar d'un Gus Van Sant ou plus particulièrement d'un Larry Clark, les fondateurs du " mumblecore " s'attardent une nouvelle fois avant tout sur des personnages forts, hauts en couleur, mais concrètement ancrés dans notre réalité. C'est un cinéma où tout est centré autour des personnages, autour de personnages qui ont des problèmes, aussi bien sociaux que personnels. Dépeint au travers de ce film une société et des personnages inhabituels au cinéma, car en marge de la société même si réaliste. Ils sont ceux que les grandes autorités aimeraient cacher, car pas à l'image de ce qu'ils veulent montrer et bâtir. Good Time est en ce sens un film intéressant, car aux personnages " clarkiens ", mais à la technique (aussi bien dans l'esthétique que dans la mise en scène) frôlant avec le cinéma de Martin Scorsese et de Nicolas Winding Refn (époque pré NWR, pré Only God Forgives). On retrouve cette volonté de parler de quelque chose de concret, de réaliste, mais dans un univers à l'esthétique très prononcée. Moins habité qu'un film de Scorsese, moins léché qu'un film de Refn, mais tout aussi intense et nerveux que le cinéma des cinéastes cités précédemment.
Si ce Good Time possède des failles scénaristiques, notamment causées par cette, il n'en demeure pas moins un film à la mise en scène des plus soignée. Dynamique, intense et nerveuse, The Safdie Brothers élaborent leur mise en scène afin de permettre au film de ne pas perdre en rythme. Une aventure d'une nuit, une course-poursuite de quelques heures condensée sur une heure et trente minutes de durée. Le mouvement est omniprésent dans les cadres, les personnages sont toujours affairés et toujours en mouvement permettant à l'action d'être omniprésente et au spectateur de ne pas s'ennuyer. Cependant, la réalisation brute caméra à l'épaule vient ajouter un surplus de mouvements à cette mise en scène. Un trop-plein qui par moment va nuire au plaisir du spectateur sans pour autant nuire à la compréhension de l'action et des mouvements. Dommage, notamment lorsque l'on voit le travail réalisé sur l'esthétique globale du film jonglant entre des couleurs ternes (bas fond de New York...) et des couleurs vives (vêtements, néons...). On retiendra notamment le climax qui se déroule intégralement dans un parc d'attractions de nuit. Visuellement superbe, un moment que l'on aurait aimé plus avare en mouvements de caméra plus calme dans sa mise en scène pour instaurer une réelle ambiance, un climat de peur et de suspicion.
Bien évidemment, si l'on parle tant de ce film depuis sa première présentation cannoise c'est grâce à son casting. Et plus particulièrement de son interprète principal : Robert Pattinson. Depuis la fin de la saga Twilight qui lui a permis de faire un premier pas dans le monde du cinéma international, celui-ci n'a cessé de nous épater. David Cronenberg, Werner Herzog, David Michôd, James Gray... des cinéastes de renom, de purs films d'auteurs et de superbes interprétations. Des choix surprenants prouvant sa volonté de casser avec cette image qui lui collait à la peau et de prouver l'étendue de son talent. Il est une nouvelle fois impeccable dans ce rôle de ce loser, braqueur de banque amateur, mais protecteur émérite de son frère. Il électrise le spectateur et convint sans peine, sans avoir à faire une tête de chien battue une heure trente durant. Impartial, il élève le film et lui offre une portée émotionnelle supplémentaire là où les problèmes de scénario et de réalisation auraient tendance à l'amputer. Sans omettre la magnifique prestation du co-réalisateur Ben Safdie qui tient le rôle du frère et arrive à tenir tête à Robert Pattinson.
Good Time, pure course poursuite à la mise en scène nerveuse et intense qui tient le spectateur en haleine sur toute sa durée. Une esthétique appuyée et une bande originale électro-pop omniprésente viennent appuyer cette volonté de faire de ce Good Time un divertissement plaisant et nerveux avant d'être un grand film de scénario. Un trop-plein d'action (mise en scène + mouvements de caméra...) qui vient cependant amputer un plaisir qui aurait pu être bien plus fort. Même si pas déplaisant ni inintéressant, on ne retiendra surtout ce Good Time pour la nouvelle et excellente prestation de Robert Pattinson qui s'affirme de plus en plus comme un des acteurs de sa génération sur lesquels il nous faut aujourd'hui compter !