Ces dernières semaines au ciné, il y avait plusieurs films dont on n’a pas parlé immédiatement, pas forcément indispensables mais qui pouvait tout de même éventuellement valoir le coup d’œil. En vrac, on s’intéresse donc à Tunnel, Get Out et King Arthur, sans oublier le nouveau volet de Pirates des Caraïbes, la Vengeance de Salazar.
Jack Sparrow est de retour ! 6 ans après l’ennui total provoqué par la Fontaine de Jouvence mais un triomphe au box office, les Pirates des Caraïbes sont prêts à voguer à nouveau. Au programme de cette nouvelle croisière nous retrouvons donc de nouveaux personnages (le fils de Will Turner qui cherche un moyen de sauver son père de sa malédiction issue du 3e volet, une jeune femme à la recherche d’une découverte et le fantômatique Salazar du titre qui cherche à se venger à tout prix de Jack Sparrow) et évidemment le retours d’anciens comme le meilleur ennemi Barbossa et inénarrable Johnny Depp dans le rôle qui a fait de lui une superstar et qui ne se donne même plus la peine de jouer, tant il est LE pirate ! Loin de l’ennui provoqué par le précédent ou de la surenchère gloubiboulga du diptyque sur Davy Jones, les réalisateurs de Kon Tiki à la barre retrouvent ici l’esprit du premier volet avec ce qu’il faut de cartoon, d’aventure et de bons sentiments pour avoir un divertissement bien calibré.
Alors évidemment, certaines ficelles sont toujours un peu faciles (un nouveau lien de parenté inédit trouvé entre certains personnages), certains personnages manquent clairement de charisme, quelques effets visuels sont parfois trop visibles et le bad guy campé par le pourtant excellent Javier Bardem n’arrive pas à la hauteur de l’enjeu. Mais la recherche du trident de Poséidon est tout de même sacrément efficace quand il arrive à doser la folie de Depp, nous embarque dans un casse de banque qui finit n’importe comment ou quand il nous raconte dans un beau flashback la jeunesse de Sparrow. Tout cela rend vraiment le film assez réussi pour se rafraîchir pendant les fortes chaleurs.
En Corée du Sud, on n’arrête plus d’utiliser le cinéma de genre pour dénoncer les méfaits d’une société qui grandit trop vite sans faire attention. C’était le cas dans l’ultra efficace film de zombies Dernier Train pour Busan. Et cette fois c’est le réalisateur de Hard Day qui s’y attelle sous l’angle du film catastrophe avec Tunnel. L’histoire est on ne peut plus simple. Un homme rentre chez lui en voiture mais en passant sous un tunnel, celui-ci s’effondre. Il reste malgré tout en vie, protégé par la carcasse de son véhicule et une opération de sauvetage est alors mise en place pendant que son temps est compter. Avec une économie de décor certaine, le film adopte à la fois le point de vue de cet homme mais aussi de l’équipe de sauvetage et de sa femme. Avec cette vision extérieure, l’effet claustrophobique est donc largement atténué mais cela n’empêche pas le film d’être efficace et de soulever certaines questions avec ironie. Ainsi le réalisateur n’hésite pas à remettre en doute la parole d’experts en montrant qu’ils se sont trompé d’endroits où creuser, ou à se demander si ce sauvetage risqué vaut les vies mises en jeu. Avec une réalisation resserrée et son parti pris, Tunnel est donc un film catastrophe qui rassemble ce qu’il faut d’efficacité.
Get Out, c’est un peu le film phénomène aux US. Il faut dire qu’alors que le pays traverse une vague de racisme que l’on n’avait pas vu depuis longtemps et que l’élection de Trump n’a pas changé cet état d’esprit et que le film vient justement déjà dénoncer un peu tout cela. L’histoire est simple, un jeune afro-américain va rencontrer les parents de sa petite amie, WASP apparemment bien rangés et fans d’Obama. Mais très vite quelque chose cloche. En ce sens, la première heure du film est une mise en place particulièrement efficace dans son installation du malaise, avec des domestiques noirs aux airs absents, une séance inattendue d’hypnose et un grand repas de famille qui rassemble les clichés faussement polis, le film en dit déjà long sur la société et en même temps ne manque pas de second degré et on peut donc féliciter à la fois le réalisateur Jordan Peele pour sa maîtrise mais aussi Jason Blum pour son flair et savoir-faire de producteur.
Mais la seconde partie du film qui voit enfin venir les grandes révélations sur les intentions de la famille se barre malheureusement un peu dans tous les sens (entre hypnose et expériences) et perd alors de sa spontanéité et de son côté politique qu’il ne retrouvera que dans la dernière scène pour un côté horrifique beaucoup plus cliché, prévisible et mal interprété. C’est dommage de gâcher ainsi tout ce qui était pourtant très bien installé mais on mettra ça sur le compte du « premier film» en suivant tout de même de près son réalisateur qui a du potentiel et des choses à dire !
Qui de mieux qu’un anglais pourrait rendre justice au mythe du Roi Arthur ? Certainement pas cet arnaqueur de Guy Ritchie en tout cas. Le réalisateur qui avait réussi à nous amadoué avec son adaptation d’Agents Très Spéciaux se vautre ici complètement et pourrit la légende en convoquant des éléments de fantasy, un montage épiléptique où l’on ne voit rien des scènes d’action et des effets visuels bâclés. Et surtout, il y a ce ton purement Ritchie qui entre en décalage complet avec le film et un Jude Law qui joue un méchant dont le seul but est d’être méchant (sans parler d’un ninja qui doit donner maladroitement 3 coups de pieds). Alors on pourra déceler quelques bonnes idées (un Arthur venant des bas fonds de Londres, excuse idéale pour justement avoir ce ton Ritchie, les partis pris originaux de la musique) et un Charlie Hunnam qui tente tant bien que mal d’être crédible dans le rôle et y arrive plutôt bien quand la caméra arrive à le filmer correctement. Bref, ce n’est encore pas cette fois que l’on aura un grand récit épique et mythique sur le légendaire Arthur et la vision de Camelot.