Avec Marine Vacth, Jérémie Renier
Chronique : Avec L’Amant Double, François Ozon signe sans doute sa mise en scène la plus aboutie.
Racée, élégante et pleine d’assurance, elle sanctuarise les lieux que ses protagonistes visitent en en faisant des théâtres fantasmagoriques. Des expositions du Palais de Tokyo (superbes) aux halls d’immeuble en passant par les salles d’attente et les cabinets de psychiatres, le réalisateur filme chaque espace avec majesté, exploitant évidemment parfaitement tous les jeux de miroirs et de réflexion qui s’offrent à sa caméra. Car il est bien question ici de gémellité, de la notion de double. La mise en scène d’Ozon en est le très beau medium, dommage que le scénario ne soit pas tout à fait à la hauteur. Encore une fois, le style n’est pas en cause, Ozon étant spécialiste des faux-semblants et des jeux de dupes, il parvient parfaitement à faire monter la tension au fil des révélations, dosant avec parcimonie violence physique et psychologique, lutte de pouvoir et érotisme. Il peut compter sur un duo d’interprètes investi, sulfureux et véritablement charismatique (Renier est étonnant d’ambigüité).
Mais le récit semble trop souvent naviguer à vue et l’Amant Double reposer plus sur la forme que sur le fond. Le décevant dénouement fait regretter que ce thriller psychologique d’une rare élégance formelle n’aille pas plus loin dans l’étrange et qu’il manque de solidité et d’ampleur dans la construction de son intrigue et dans sa résolution.
Il n’en demeure pas moins un très bel objet de cinéma, précieux et intriguant. Et c’est déjà beaucoup.
Synopsis : Chloé, une jeune femme fragile, tombe amoureuse de son psychothérapeute, Paul. Quelques mois plus tard, ils s’installent ensemble, mais elle découvre que son amant lui a caché une partie de son identité.