Get Out

Get Out
Couple mixte, Chris et sa petite amie Rose filent le parfait amour. Le moment est donc venu de rencontrer la belle famille, Missy et Dean lors d’un week-end sur leur domaine dans le nord de l’État. Chris commence par penser que l’atmosphère tendue est liée à leur différence de couleur de peau, mais très vite une série d’incidents de plus en plus inquiétants lui permet de découvrir l’inimaginable.

Get Out – 3 Mai 2017 – Réalisé par Jordan Peele
Jason Blum est l'un des producteurs à Hollywood, le plus en vogue depuis quelques années, qui a trouvé la recette pour faire beaucoup d'argent avec peu. Son truc ? L'horreur ! Il produit par l'intermédiaire de sa société Blumhouse Productions, des petits films d'horreurs qui ont la particularité de rapporter énormément. Jusqu’à produire des films différents des succès que le studio Blumhouse à pu porter jusque là et dont fait partie « Get Out », le premier film de Jordan Peele.
Chris et Rose file le parfait amour ! Tout va bien entre eux, jusqu'au jour ou Rose souhaite le présenter à sa famille, car Chris est noir et qu'elle ne l'as pas dit à ses parents. Une anxiété que Chris a du mal à dissimuler et que son meilleur pote ne peut s’empêcher de moquer. Malgré tout, Chris part avec sa petite amie en direction du domaine de sa belle famille, une résidence au fin fond de la campagne. Si l'on passe sur le cerf qui se jette sur la voiture de Rose et sur le contrôle abusif qu'un policier veut faire subir à Chris, le voyage s'est bien passé et il est accueilli de manière affable par les parents de sa chérie. Missy et Dean sont de parfait démocrates, bien élevés et absolument pas racistes, car si ils avaient pu, ils auraient votés une troisième fois pour Barack Obama. Un cadre un peu trop idyllique qui de réflexion en allusion nauséabonde vont mettre Chris au bord du gouffre, avec comme seule solution, partir ou non !
Avant de signer ce film qui est une franche réussite, Jordan Peele c'est aussi le binôme de Keegan-Michael Key, du duo Key & Peele. Un tandem comique qui à officiait pendant trois ans sur la chaîne Comedy Central avec des sketchs sur différents sujets de sociétés. Très souvent salué pour leur finesse et l'intelligence de leurs sketchs, rien d'étonnant à voir Jordan Peele aborder le racisme avec autant de justesse !
Le scénario qui est écrit par Jordan Peele raconte l'histoire de Chris, un jeune photographe qui va rencontrer sa belle famille. Tout se basera alors sur les préjugés que vont avoir les parents de sa copine par rapport au fait qu'il soit une personne de couleur, jusqu'à un twist dont je ne vous parlerai pas. Le plus fin et le plus insidieux, c'est qu'il ne parle pas des personnes racistes comme on a pu trop souvent entendre lors des dernières élections présidentielles (Américaines ou Françaises) ou encore ceux qui sévissent sur BFM TV, mais plus ceux qui le sont, sans se l'avouer. Jordan Peele nous place au coté de Chris et du racisme ordinaire. Celui du quotidien, fait de petites phrases et de remarques, stigmatisantes la couleur de peau, l'origine, la culture ou les préjugés sur son ethnie tout en faisant en sorte que cela soit normal, puisque « Si j'avais pu voter une troisième fois pour Obama, je l'aurais fait » ! Un phrase que se répète certains personnages, tel un mantra les dédouanant de toutes « ambiguïtés » …
C'est toujours habilement amener et les dialogues, l'un des principaux vecteurs d'idées ici sont un régal de double-sens et les malaises qui s'en suivent sont souvent nombreux. Jordan Peele soulève aussi un autre point essentiel, celui du « bon » noir face au « mauvais » noir, celui qui réussit face a celui qui ne réussit pas. Le réalisateur l'amène en parlant plusieurs fois du président Barack Obama, le premier président noir, ou encore par l'évocation de Jesse Owens, quadruple médaillé d'or à Berlin en 1936, un exemple pour le père Dean Armitage. Puis il y a Chris, un photographe de talent qui commence à avoir une certaine réputation. La communauté blanche dans le film n'a d'yeux que pour eux parce qu'ils ont du talent ou qu'ils ont réussit quelque chose de grand. L'autre celui qui n'est ni président, athlète, photographe, acteur ou chef d'entreprise n'est pas là, peu considérée ou reléguer au rang de domestique. Ce qui est une métaphore à peine déguisé de l’Amérique sous Barack Obama. Un président élu et réélu qui a engendré bien des espoirs dans la communauté noire. Sauf que d'un autre coté, si populaire soit il pour une partie des américains, il n'a pu empêcher le racisme de monter, ou combler les inégalités ainsi qu'endiguer les nombreuses violences policières qui ont amené leurs lots de morts tragiques, montrant que le chemin vers l'égalité est encore long et que malheureusement si vous êtes noir, latino ou d'une toute autre ethnie vous n'avez pas forcément les mêmes droit que la majorité …
Ensuite « Get Out » est une vrai série B ! Un mix entre la forme inverse d'un home invasion classique et un épisode de la quatrième dimension, qui transcende le fond de l'histoire avec une malice à toute épreuve. Jordan Peele va faire en sorte de constamment nous surprendre, en jouant sur le décalage constant qui existe entre nous, Chris et la famille de sa petite amie. Malgré le début qui est un poil plus classique, cela s'efface des qu'ils sont sur place, sur le domaine des parents, tout prend sens et l'angoisse s'installe peu à peu. La direction artistique de Rusty Smith est très bien penser, car sans effacer tout ce qui nous est contemporain, il convoque une imagerie très particulière, entre Grant Wood (le tableau American Gothic) et les champs de cotons pendant l'esclavage, jusqu'au costume « d'oncle Tom » de Logan qui souligne par l'image le fond de l'histoire. La suite est une alternance constante entre rire et effroi que Jordan Peele maîtrise avec talent, entre des scènes de dialogues bien amenées et tranchantes, des moments de réel malaise et des scènes chocs vraiment marquante (La scène de l’enchère) jusqu'au climax qui fait basculer le récit dans le fantastique complet !
Le casting du film est absolument délicieux ! Pas de figure bankable, mais un ensemble d'acteurs brillants qui se donnent du mal pour nous divertir et franchement c'est plutôt réussi. Dans un registre un poil exagéré, voir au bord de la caricature, on trouve la famille Armitage. Les parents sont interprétés par Catherine Keener et Bradley Whitford, un parfait petit couple blanc. Un mélange d'hypocrisie mêlée de fausse modestie et d'une empathie tout aussi factice. Caleb Landry Jones dans le rôle du frère est assez tétanisant, de par son intensité et de par l'animosité qu'il nous fait ressentir. Un vrai petit psychopathe en puissance. Puis il y a Allison Williams, la copine, une actrice qui joue la fausse ingénue et attire Chris dans le piège qui se referme peu à peu, classique mais diablement efficace. Enfin on trouve l'hilarant Lil Rel Howery, suspicieux et attentionnée, il veille sur Chris comme une maman avec son fils, quitte à faire flipper son fils. Puis pour finir, le rôle principal de ce film, monsieur Daniel Kaluuya qui excelle dans le rôle de Chris. Un bonne performance ou il sait jouer entre les différentes facettes de son personnage, tantôt très cool et avenant, tantôt méfiant, voire carrément effrayé. Une aisance qu'il transmet aussi de par son jeu expressif et par la façon qu'il a de faire passer cela avec son visage.
Pour paraphraser un film désormais devenue culte « Bienvenue dans l'enfer du réel » …Get Out