Le début du XXIè siècle fût un moment crucial pour la société aux grandes oreilles, du point de vue animation, l'âge d'or des années 90 ( Aladdin, Le Roi Lion) est terminé et les nouveaux films ( La Ferme se rebelle, Chicken Little) échouent critiquement et publiquement. Coté live, Disney doit désormais affronter une énorme concurrence et de nouvelles habitudes Hollywoodiennes : les franchises ( Harry Potter, Spider-Man) et l'utilisation du numérique ( Le Seigneur des Anneaux, Jurassic Park).
À l'époque de la production du premier Pirates des Caraïbes, personne n'y croyait vraiment, une adaptation d'un support assez peu utilisé, un réalisateur sorti de nul part, étranger au blockbusters et un studio qui n'y croit pas. Les seuls véritables arguments favorables à la sortie d'un tel film : le casting mené par un Johnny Depp en totale liberté, un Orlando Bloom tout droit sortie de la Terre du Milieu et une belle Keira Knightley. L'autre argument est le producteur Jerry Bruckeimer, auréolé par le succès de Armaggeddon de Michael Bay et de Pearl Harbor de Michael Bay.
À la sortie du film, Pirates des Caraïbes : La Malédiction de Black Pearl, le nombre de critiques positives et l'énorme succès a choqué tout le monde. Il était évident que les studios Disney et Jerry Bruckeimer allaient profiter de ce succès à travers plusieurs autres collaborations plus ou moins comparatives ( Prince of Persia, L'Apprenti Sorcier), mais surtout en ne lançant pas une mais deux suites, Le Secret du coffre Maudit en 2006 et sa suite direct, Jusqu'au bout du monde en 2007. Un quatrième volet, La Fontaine de Jouvence, verra le jour en 2011 réalisé par Rob Marshall. Ce quatrième film deviendra le deuxième plus gros succès public de la saga (plus d'un milliards de dollars), malgré de très mauvaises critiques. Ces résultats critiques pousseront le producteur à demander une réécriture du scénario. Le cinquième volet, La Vengeance de Salazar, réalisé par Joachim Ronning et Espen Sandberg est sorti récemment.
À la manière d'un Transformers ou d'un Fast and Furious, osons dire que ce qui a directement fais mouche avec Pirates des Caraïbes était la surdose d'effets spéciaux, et la sur-enchère des cascades. Chacun des volets est supérieur au précédent par rapport à ce point de vue. Du moins, c'est ce que l'on aurait pu dire si la saga c'était arrêté à trois volets. Pirates des Caraïbes est une excellente preuve de l'importance de la mise en scène dans un blockbuster. Comment Gore Verbinski a redoublé d'efficacité dans les trois premiers films avant de laisser sa place aux paresseux Rob Marshall, puis au à peine acceptable Joachim Ronning et Espen Sandberg.
Léo Tyran