On n’a pas toujours le temps d’écrire sur tout les films vus au ciné, et il faut bien le dire, tous ne méritent pas une pleine critique. Voilà donc en vrac les critiques de Free Fire, Okja, la Momie, the Circle, War Machine et It comes at Night.
Ben Wheatley n’en fini pas de changer de genre et cela toujours sans concessions. Après la révélation Kill List il a donc enchaîné les projets et peu maintenant avoir des stars dans ses films. Et après le huis-clos à ciel ouvert de English Revolution et le huis-clos sociétal adaptant Ballard avec High Rise, il continue avec une huis-clos déjanté façon Tarantino avec Free Fire. Esprit 70′s, un deal de vente d’arme qui part en vrille dans un entrepôt désaffecté, humour noir et casting en or, voilà la recette de cette longue fusillade qui n’en finit pas de nous étonner par sa gestion de l’espace et des caractères des personnages. Durant 1h30 on prend les coups de fusil dans les oreilles mais c’est surtout les dialogues qui font mouche et nous font relativiser rapidement sur la vie de ces mafieux dont certaines répliques ont de quoi devenir culte. Et comme en plus on voit bien que Sharlto Coplay, Armie Hammer et Brie Larson s’amusent comme des petits fous, on prend notre pied avec eux !
Après la grosse polémique sur sa présence à Cannes mais pas au cinéma, Okja de Bong Joon-Ho est donc enfin disponible sur Netflix (si encore les studios et producteurs avaient pu le produire, mais le fait est que seul Netflix a misé de l’argent sur le film, c’est donc le système qui doit se remettre en question). Nous pouvons donc juger enfin le film pour ce qu’il est, soit une fable écolo-végan complètement dans la lignée des derniers films du réalisateur qui remettent en cause le fonctionnement capitaliste de la société (et le développement à toute vitesse de la société coréenne). Nous y suivons la jeune Mija qui a grandit avec une grande créature mi-cochon mi-hippopotame créée par la société Mirando et confiée depuis 10 ans à la famille. Mais quand Mirando récupère Okja, Mija va tout faire pour la libérer, avec l’appui d’un groupe d’activistes.
Le film débute sur la fable enchanteresse et bascule ensuite complètement dans le film activiste, dénonçant toutes les dérives du consumérisme traité presque comme une secte et n’oubliant pas l’impact d’image que peuvent avoir les réseaux sociaux. Ajoutez à cela la manie coréenne de pousser tous les curseurs à fond et vous avez des méchants très méchants (Tilda Swinton s’en donne autant à coeur joie côté dentier que dans Snowpiercer), de personnages complètement barré (Jake Gyllenhaal en roule libre) et un étrange mélange de bons sentiments remplis d’espoirs et d’images et pensées glaçantes qui feraient presque devenir végétarien. Bref, un film complètement original et audacieux que finalement seul Netflix pouvait bien produire et diffuser librement.
Universal est un peu jaloux des univers étendus de Disney (avec Marvel et Star Wars) et Warner (avec DC) et cherche donc à développer le sien. Et quoi de mieux qu’utiliser les figures légendaires qui ont fait les belles années du studio pour les faire grandir dans une franchise pour le moment intitulée « Dark Universe» que les Monstres Universal. Il y avait bien eu une tentative aussitôt avortée avec Dracula Untold. Le studio aurait appris de ses erreurs et va chercher à s’imposer à grand renfort de stars. C’est ainsi que Tom Cruise débarque dans La Momie réalisé par le scénariste en charge de l’univers, Alex Kurtzman. Et le résultat, bien que pas déshonorant n’est pas non plus surprenant. La Momie est un blockbuster lambda qui hésite entre les grosses scènes d’action et la terreur que devrait un minimum imposer la créature-star éponyme du titre. Seulement voilà, dans tout ça on glisse aussi Russell Crowe en Dr Jekyll pour commencer à imposer le concept, et ça rend le film schizophrène. Heureusement Tom Cruise se démène, court partout, s’en prend plein la figure comme un cartoon vivant et immortel, et rien que ça, c’est plutôt marrant.
Engagée, Emma Watson l’est sans conteste. Et c’est pour ça qu’elle a choisi de jouer dans the Circle. Il faut dire que le concept est intéressant et raisonne avec notre société ultra connectée. Imaginez si l’équivalent d’un Google/Apple/Facebook ne cessait ses avancées et petit à petit mettait fin à toute forme de vie privée à chaque innovation, et s’imposait à la société de tellement manière qu’elle serait encore plus efficace que certains gouvernements. Oui, dès le départ, on sent que quelque chose cloche. Et pourtant pour le personnage d’Emma Watson qui débarque dans cette société, cela semble plutôt naturel et elle irait même bien plus loin. Seulement voilà, le film est non seulement complètement transparent dans sa mise en scène sans personnalité, mais en plus il est particulièrement maladroit dans son propos. Ajoutez à cela un dernier acte qui devrait dénoncer tout le système qui est complètement bâclé et oublie la moitié des enjeux et vous avez alors un film qui passe vraiment à côté de son sujet.
Encore un film d’horreur qu’on nous vend comme « le meilleur film d’horreur de l’année ou de la décennie» . Oui, mais la formule est tout de même un peu galvaudée et rend le film forcément réceptif. Heureusement, même si il ne nous emporte pas complètement, It comes at Night est tout de même très intéressant. Ici, une famille ne sort plus de chez elle suite à un grande épidémie. Mais un intrus débarque dans la maison et va chambouler leur vie. Mieux vaut ne pas trop en dire si ce n’est que la mise en scène est oppressante comme il se doit, faisant des bois environnant comme de la maison de vrais lieux de terreur imprévisibles. Et si l’on arrive à passer au dessus du rythme mollasson utilisé pour arriver aux 90 minutes, on s’intéressera particulièrement au contenu de cette oeuvre paranoïaque. Car ce qui importe ici, c’est plus le refus et la peur de l’autre qui font tomber une famille dans la folie que les effets de peur ou gores. Signe que la terreur la plus profonde est bien ce que l’humanité renfermée sur elle-même peut devenir et finir par s’autodétruire.
Si Okja a bien fait polémique grâce à sa sélection cannoise, bizarrement aucun distributeur n’a râlé de ne pouvoir diffuser War Machine qui sortait sur Netflix fin mai. Et pourtant le film est porté par Brad Pitt et réalisé par David Michôd (Animal Kingdom et the Rover) avec un sujet qui aurait pu faire parler puisque le film dénonce clairement l’incompétence des USA dans la guerre en Afghanistan. Avec une forte liberté de ton et un sarcasme permanent, le film nous montre ainsi l’envers du décor avec une troupe de militaire non pas sur le front, mais en permanente représentation à travers le monde pour promouvoir l’oeuvre guerrière des Etats-Unis. Le truc c’est que le général campé par un Brad Pitt qui se force a avoir l’air le plus débile possible est complètement à la ramasse et nuit fortement à l’image que souhaite renvoyer la présidence Omaba. Si Michôd ne fait pas d’excès dans la mise en scène il signe tout de même un film au message clairement à contre-courant qui vaut le coup d’oeil.