Après le sublime Voyage of Time, fresque hallucinante sur la naissance de notre Univers, nous sommes prêts à vivre de nouvelles errances romantiques de Terrence Malick aux côtés de Ryan Gosling, Rooney Mara, Michael Fassbender et Natalie Portman dans le somptueux Song to Song.
Il faut voir les choses ainsi : Terrence Malick est un Dieu. Face à une industrie cinématographique qui se casse de plus en plus la figure et une actualité géopolitique désastreuse, le réalisateur arrive miraculeusement pour nous offrir son Pardon en propageant des messages d'amour et de pureté à l'écran.
Cinéaste des sensations, Malick propose un voyage éclectique au sein d'un trio d'amoureux musiciens qui se perdra afin de mieux se retrouver. Tels Catherine, Jules et Jim chez Truffaut, Rooney Mara, Ryan Gosling et Michael Fassbender vont s'adonner dans un premier temps au pur hédonisme sans retrouver une trace de réalité. Ils boivent, chantent au piano, font les singes à la plage, traînent tranquillement avec John Lydon et Iggy Pop et certains s'aiment à la folie. Mais toute forme de bonheur entraîne aussi son lot de difficultés et chacun de ses personnages va l'apprendre à ses dépends : La seconde partie du film montrera les errances de ces héros artistes, partagés entre remords et regrets d'un bon vieux temps. La vie a son lot de bonheur et de tragédie, ce trio va devoir vivre avec cette doctrine en prenant soin de l'autre afin de mieux se retrouver. Ce trio (ainsi que le personnage joué par Natalie Portman, fiancée ici du personnage de Michael Fassbender) sera filmé avec une liberté impressionnante, puisque déambulation des corps et des sensations, où Malick laisse place à une improvisation sans limite annihilant tout reproche de désincarnation. Touts les acteurs présents dans ce film marquent les esprits en dévoilant les différentes facettes de leurs talents.
Linéairement, voilà ce que raconte principalement Song to Song. Mais comme d'habitude chez Malick, un seul visionnage ne suffit pas à voir tout ce qui se dissimule autour de cette trame narrative. Song to Song est aussi un grand film sur le monde de la musique à la limite du documentaire. Sans s'attarder à nous apprendre quelque chose sur cette industrie, mais la caméra de Malick et la photographie d'Emmanuel Lubezki nous embarquent au même temps que les protagonistes à un Festival de Musique complètement halluciné à Austin. On y côtoie Die Antwoord (dont les notes de Never Le Nkemsie 2 ouvrent le film à l'intérieur d'un pogo), Lykee Li, Val Kilmer (!) en rockstar déchaîné jetant de l'uranium à son public, et surtout la grande et spirituelle Patti Smith, véritable matrice du film, porteuse d'amour et de paix.
Song to Song est aussi un fascinant kaléidoscope sur nos liens d'attaches et d'amour à toute sorte de choses. On y retrouve ce qui traverse le cinéma de Malick depuis toujours : Un lien très fort à la religion, à notre famille (bouleversante scène de retrouvailles familiales chez Gosling), à la nature sauf qu'ici nous sommes pas dans une bataille où l'on s'entretue mais bien dans des luttes introspectives.
Difficile d'oublier cette valse des sentiments amoureux aussi facilement tant les petits détails nous reviennent sans cesse, Song to Song est une balade merveilleuse qui nous met dans une sensation d'apesanteur hors du commun. Merci à toi, Terrence Malick, de nous apporter paix et amour à chacune de tes productions.
Victor Van De Kadsye