Il est temps de jeter un coup d’oeil à certaines séries qui viennent de se terminer ou qui sont sorties sur Netflix il n’y a pas très longtemps. Et pour certaines d’entre elles cela ne mérite pas une critique aussi approfondie que la géniale the Handmaid’s Tale, alors on regroupe American Gods, Designated Survivor et les nouvelles saisons de House of Cards et Orange is the New Black ici.
Cela faisait un moment que l’on attendait une adaptation d’American Gods, le roman culte et barré de Neil Gaiman. Et c’est Bryan Fuller à qui l’on doit Pushing Daisies et Hannibal qui s’y atèle pour complètement se l’approprier. Pour ceux qui n’auraient pas lu le complexe et poétique roman, il est ici question de lutte entre les anciens dieux des différentes mythologies et les nouveaux dieux américains du consumérisme, capitalisme et culte des technologies et médias. Et nous entrons dans cette bataille en suivant Shadow Moon, sortant de prison alors que sa femme vient de mourir dans un accident de la route. Embauché par le mystérieux Mr Wednesday, il va donc découvrir son nouveau monde.
Pour cette première fournée de 8 épisodes, Fuller reste d’abord très fidèle au livre avec une structure de chapitre identique en prenant le temps de raconter d’abord des histoires présentant les dieux et mythologies, puis en s’intéressant à l’histoire de Moon. Mais petit à petit il va complètement s’en éloigner pour proposer de nouvelles histoire, donner encore plus de consistance à la série et donner inutilement plus d’importance à la femme de Shadow Moon revenue d’entre les morts et surtout faire dériver la thématique centrale de la série. Car si le livre s’intéressait surtout à l’immigration qui a forgé l’Amerique, Fuller se penche de son côté sur son attrait de toujours, la Mort et la fatalité, donnant alors un tout nouveau sens à la série qui est sacrément osée, à la fois dans sa construction et les scènes oniriques qu’elle déploie.
En plus de cela il faut bien remarquer l’audace de Fuller de s’associer une fois encore avec David Slade, offrant alors à la série une image sombre, grandiloquante, mystique et onirique qui vire parfois au trip complet où le sexe et la mort font vivre une toute nouvelle expérience. Saluons également le régal que nous offrent certains comédiens (comme Gillian Anderson, obsédante Media). Alors que la saison se termine sur la révélation de l’identité de M. Wednesday (impériale Ian McShane), on peut par contre être frustré de n’avoir eu finalement qu’une longue introduction à cette guerre des dieux à venir, une frustration que l’on espère voir s’envoler pour la seconde saison.
Forcément, passer ensuite à Designated Survivor fait ensuite un peu pâle figure. Ici, tout le gouvernement américain (président inclus) a été décimé par une attaque terroriste sur le congrès. Du coup, la fonction échoie à celui qui était choisit pour ne pas être présent lors de ce congrès, un ministre de seconde zone campé par Kiefer Shuterland. Il prend donc la fonction de président alors qu’il n’y est pas préparé, dans un pays en crise qui n’était pas non plus préparé à cela.
Mais trêve de réflexions psychologiques et politiques car nous sommes ici dans une série de pur divertissement, un croisement entre House of Cards et 24H Chrono avec un président bien sous tout rapport qui doit faire face à de nombreux complots et déjouer des terroristes au sein même de la classe politique. A ce niveau, la série est un peu cliché avec des personnages qui jouent tous potentiellement sur deux tableaux, des rebondissements qui deviennent de plus en plus grossiers mais un rythme et un attachement au personnage principal qui font aisément passer la pilule pour 40 minutes qui passent toujours toutes seules. On en demande pas grand chose et c’est efficace, c’est l’essentiel.
On reste à la maison blanche pour la 5e saison de House of Cards. Cette fois, les Underwood doivent mener une campagne tendue pour que Franck soit bien un président élu par le peuple. Mais tout ne se passe pas comme prévu et, avec sa femme et son équipe, ils vont procéder aux pires manœuvres pour rester dans le bureau ovale, jouant sur le fil avec les principes de la constitution. Le couple Underwood va très loin cette saison si bien qu’on ne peut croire que Franck (Kevin Spacey devenu caricature dont le personnage ne fait que prendre de mauvaises décisions, emporté par son caractère) sera définitivement dans le fauteuil à imposer sa terreur.
Evidemment la série joue toujours sur les tensions et complots mais cela devient maintenant assez grossier sans pour autant arriver à rattraper la réalité, faisant finalement pâle figure devant l’élection de Trump. Reste tout de même cette passation vers Claire Underwood, Robin Wright, la classe incarnée, qui devrait enfin illuminer la prochaine saison dans le premier rôle !
Autre série qui fête ses 5 ans sur Netflix, Orange is the New Black. Nous avions laissé les prisonnières en fin de 4e saison en pleine émeute après la tragique mort de Poussey, Daya sur le point d’appuyer sur la gâchette, et nous reprenons exactement là où nous nous étions arrêté pour une saison sous le signe de la révolution. Car les auteurs ont fait un pari osé, celui de resserrer toute l’intrigue des 13 épisodes sur les 3 jours d’émeutes. Ils vont donc s’attacher ici à montrer cela avec le point de vue de nombreux personnages.
On le sait, depuis 2 saisons déjà, la série n’est plus celle de Chapman mais une série qui s’intéresse à un groupe de femmes et à des minorités (ce qui la rend encore plus intéressante et politique qu’au début), et cet effet est ici encore accentué, pour le meilleur et pour le pire. Car si des personnages comme Taystee (qui a la lourde mission d’engager les négociation et se montre investie) ou Suzan (touchante dans son hommage à Poussey), d’autres sont tout simplement énervants avec une place accordée trop importante (les 2 aux dents rabotées) ou perdues dans l’émeutes (Red méconnaissable). La saison n’évite donc pas quelques impairs, mais grâce à notre attachement global aux personnages mais aussi avec cette dimension politique et sociale qui donne vraiment du coeur et de l’intelligence à la série, OitNB reste tout de même une série qui se regarde bien et devant laquelle on ne perd pas notre temps.