César est de retour pour la conclusion de son histoire de la Planète des Singes. La fin d’une aventure pour le primate qui prend la place de l’homme dans un volet guerrier, sombre, passionnant qui doit tout au talent d’Andy Serkis. L’incontestable blockbuster de l’été et peut-être même un peu plus.
En 2011, contre toute attente les producteurs/scénaristes Rick Jaffa et Amanda Silver ressuscitaient la franchise de La Planète des Singes en s’intéressant à ses origines et à l’éveil du chimpanzé qui allait les guider, César. Un divertissement honnête et qui ne se fichait pas de la tête des spectateurs. La suite reprise en main par Matt Reeves à la dernière minute enfonçait le clou en mettant en scène l’affrontement entre la communauté des primates et celle des humains, ces derniers étant en voie d’extinction suite à une épidémie mondiale. Qu’allait donc pouvoir apporter ce 3e volet avec toujours Reeves à la barre ?
La réponse se trouve dans les première minutes de la Planète des Singes – Suprématie. Un silence total, des soldats humains dans la forêt, prêts à la bataille et l’attaque meurtrière qui va suivre, pour les deux clans. La guerre est ouverte entre les hommes et les singes et Matt Reeves choisit clairement son camp, celui de César, leader passionnant qui est en train de construire une société sur les cendres d’un ancien monde qui a conduit les hommes à la folie. Le film est encore plus sombre que l’Affrontement qui a précédé, n’hésitant pas à sacrifier des personnages pour renforcer les enjeux et nous faire plonger dans un film qui respire très clairement l’atmosphère désespérée que l’on ne pouvait ressentir que dans certains grands films des années 70.
Guidant un peuple vers des terres plus clémentes, César doit par contre faire un détour pour affronter l’homme qui est prêt à tout pour mettre fin à la menace des singes. Une trajectoire sombre pour le leader qui va alors devoir faire face à ses propres démons. Heureusement il est aidé dans sa course par ses guerriers acolytes de toujours sur lesquels on va s’attarder un peu pour apprendre à les connaitre, mais aussi des nouveaux venus. Et Matt Reeves, si il choisit le récit relativement simple mais passionnant, voir biblique pour installer la figure mythologique de César, ne va pas forcément prendre le terrain attendu du mega blockbuster guerrier avec immense bataille.
Non, le réalisateur préfère au contraire s’accrocher à ses personnages et montrer, en dehors des batailles, la déliquescence de l’humanité vue par les yeux des seuls survivants de ce monde, les singes. Ainsi, tout le film se fera du point de vue de César. Le personnage est de chaque scène, magnifié par un Andy Serkis impérial dans cette grande figure de leader tourmenté. L’acteur offre au personnage une conclusion magnifique dans ce 3e film qui représente bien la fin d’un cycle pour la Planète des Singes. Il enterre un Woody Harrelson complètement fou et au final pathétique que l’on n’attendait pas pour faire ressortir toute la force de son personnage.
Mêlant l’esthétique et la thématique des films de guerre (Apocalypse Now pour ne pas le citer) et des films post-apocalyptiques, Matt Reeves nous offre ici un film sombre et violent où les sentiments (il y a tout de même quelques moment particulièrement poétique et un personnage qui vient détendre l’atmosphère de temps en temps sans nuire au récit) et la volonté de se battre pour la liberté l’emportent sur l’envie de voir une grosse bataille en CGI. Très clairement, le réalisateur vient de mettre un pied dans la cour des grands avec une vision singulière que l’on ne pensait pas voir ainsi appuyée et soutenue par la Fox (studio qui se montre cette année particulièrement couillu après Logan et Alien Covenant).
Sans trop en dire, La Planète des Singes Suprématie est une conclusion parfaite qui risque pour la première fois de vous faire pleurer pour le destin des singes et en même temps vous faire réfléchir sur l’avenir de l’humanité. Un grand blockbuster intelligent qui survole de très haut la compétition estivale.