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Le héros & le méchant de l’histoire

Par William Potillion @scenarmag

Dans une bonne fiction, le héros et le méchant de l’histoire ont des objectifs clairement définis. Même si la fonction de l’antagonisme est de contrer l’objectif du héros, rien n’interdit que le méchant ait lui aussi un objectif à accomplir.

Idéalement, les objectifs s’affronteront directement à un moment ultime (dénommé habituellement le climax) où l’un des deux personnages l’emportera.
Il est possible de condenser l’itinéraire de ces deux personnages majeurs de l’histoire en quatre étapes.

Pour le héros
  1. Dans son quotidien ordinaire, le héros est dans une impasse. Il n’évolue plus dans sa vie.
  2. Au début de l’intrigue, il remporte quelques succès contre son antagonisme. Les premières épreuves sont habituellement assez simples à surmonter car le héros fonctionne encore comme dans son monde ordinaire.
  3. L’intrigue progressant, les tribulations s’avèrent bien plus compliquées et terribles pour le héros. Il connait ses premiers revers jusqu’à atteindre un moment de grave crise où l’incertitude s’empare de lui. Il n’a jamais été aussi loin de réussir son objectif. Tout semble perdu.
  4. La rencontre finale avec le méchant de l’histoire.

Il est important de comprendre que l’objectif du héros n’est qu’une sorte de faire-valoir pour un besoin interne. Lorsque nous découvrons le héros dans l’acte Un, c’est un être foncièrement blessé (même s’il n’en est pas conscient).
Il y a une faiblesse en lui. Il doit en prendre conscience (en apprenant de ses erreurs au cours de l’intrigue). L’ultime confrontation avec le méchant de l’histoire permettra au héros de s’accomplir pleinement.

Il n’est même pas nécessaire que son désir (c’est-à-dire son objectif) soit rempli. Il suffit qu’il soit allé à la rencontre de lui-même.
S’il n’y parvient pas, nous sommes alors dans une tragédie.

On peut noter aussi que le point 1 (l’impasse du quotidien du héros) est résolu dans le point 4 lors de la résolution de la question dramatique, à savoir le héros réussira-t-il ?

Pour le méchant

Les étapes du méchant sont quelque peu différentes.

  1. Ses premiers succès.
    En effet, l’antagonisme existe déjà avant même que l’histoire commence. Et ses premières actions dans l’histoire sont couronnées de succès. C’est d’ailleurs cela qui permet au lecteur de le percevoir comme un antagonisme pour le héros.
  2. Ses premiers revers.
    C’est la réponse aux succès initiaux du héros.
  3. Il remporte une victoire majeure qui est à l’origine de la crise majeure que connaît le héros. Gardez à l’esprit que cette crise est aussi une étape structurelle pour l’histoire.
  4. Son combat contre le héros. A ce moment de l’histoire, l’antagoniste cherche seulement à accomplir son objectif. C’est un objectif dont nous avons eu les détails en observant ses premiers succès. C’est au cours de ceux-ci que le lecteur doit comprendre après quoi le méchant court.

Par exemple, au début de Star Wars, Darth Vador cherche des informations sur le camp des rebelles. En arraisonnant le vaisseau de la princesse, il remporte une première victoire qui le rapproche de son objectif.

Mais il faut aussi que la dernière étape rappelle pour chacun d’entre eux (protagoniste et antagoniste) leurs objectifs respectifs. L’auteur doit trouver le moyen de lier les parties 1 & 4 pour chacun des intervenants.
Le Terminator par exemple doit d’abord trouver Sarah Connor (c’est la séquence de l’annuaire). Et à la fin, il doit tuer Sarah Connor.

Une incomplétude

Nous avons donc un héros qui est un être incomplet lorsque nous faisons sa connaissance. Comme s’il avait besoin de se prouver quelque chose à lui-même.
Et nous avons un méchant de l’histoire qui a déjà des plans machiavéliques mais qui n’a pas encore eu la chance de les mettre totalement et une fois pour toute à exécution.

Selon le point de vue de l’antagoniste, il pourrait accomplir son objectif dès le début de l’histoire. Mais celle-ci serait probablement bien terne si le propre objectif du héros ne venait pas contrecarrer les desseins immoraux du méchant.
C’est ainsi que l’on comprend que l’antagonisme cherche à contrarier l’objectif du héros parce que ce dernier représente une belle épine dans son pied.

En résumé, ne négligez pas le méchant et accordez-lui autant d’importance que pour le héros.
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