Avec Andy Serkis, Woody Harrelson
Chronique : Suprématie clôt avec force, mais sans réel éclat la trilogie engagée il y a 6 ans avec La Planète des Singes : Les Origines. Intelligent, adulte et spectaculaire, ce prequel au roman de Pierre Boule a surpris par sa puissance iconique, son ambition formelle et technologique et son épatante concision narrative. Les deux premiers opus se démarquaient clairement l’un de l’autre, Origines se déroulant dans notre monde alors que L’Affrontement démarrait dans un univers où les hommes, décimés par le virus, avaient laissé la place aux singes. César, premier primate intelligent est le fil rouge de chacun des trois films, et c’est en chef de clan incontesté qu’on le retrouve dans Suprématie, suite plus évidente de l’Affrontement, alors que les humains s’organisent pour reprendre le pouvoir. Par la force et les armes. Suprématie est un film de guerre, Matt Reeves, à travers ses références évidentes (Apocalypse Now), ne s’en cache pas. Et un bon. Scènes d’assaut, de traque, de confinement, la saga nous emmène avec autorité vers son dénouement pour faire la jonction avec le classique de Franklin J. Schaffner (tout en glissant quelques easter eggs en passant).
La première partie, dense et imprévisible est un gros morceau de cinéma, qui associe imposants moments de bravoure et un approfondissement particulièrement poussé des personnages, en particulier de César qui va devoir composer avec une haine féroce envers l’ennemi, susceptible d’altérer son jugement et ses aptitudes de leader.
Tout comme son prédécesseur, le film s’efforce d’éviter tout manichéisme, chaque camp faisant face à ses peurs primales et répondant au besoin urgent de sauver son espèce.
Cérébral autant que viscéral, La Planète des Singes : Suprématie faiblit malheureusement dans sa dernière partie lorsqu’il lorgne vers le film d’évasion, et se fait moins inspiré, tout comme le final, certes évocateur mais qui nous emporte peu. Les Origines restera largement le volet le plus émouvant.
Malgré cette (légère) déception dans sa conclusion, la saga dans son ensemble se maintient très largement au-dessus du reste des blockbuster hollywoodiens. Elle est toujours aussi puissante dans ses thèmes et ses sous-textes (la survie de l’espèce, la domination, l’exploitation, la tyrannie), vibrante dans sa mise en scène et époustouflante dans son utilisation de la technologie. De film en film, la performance capture atteint des niveaux de réalisme hallucinant. Dans la peau de César, Andy Serkis livre une partition démente, qui mériterait une citation aux prochains Oscars.
A l’image de la trilogie The Dark Knight de Christopher Nolan, celle de la Planète des Singes se sera démarquée du commun des blockbusters par sa complexité et sa profondeur. Son apport technologique, son ampleur dramatique, et sa cohérence d’ensemble feront incontestablement date.
Synopsis : Dans ce volet final de la trilogie, César, à la tête des Singes, doit défendre les siens contre une armée humaine prônant leur destruction. L’issue du combat déterminera non seulement le destin de chaque espèce, mais aussi l’avenir de la planète.