MATRIX REVOLUTIONSLilly et Lana WachowskiDernier opus (pour l'instant) de la saga des sœurs Wachowski, dont je n'avais aucun souvenir. Quant on a décidé de revoir cette trilogie je n'en attendais rien, je me souvenais de ces films, enfin surtout du premier, mais sans plus. Quelle ne fut pas ma surprise de m'apercevoir quel énorme plaisir que je prenais à les redécouvrir. Cet épisode commence ou se termine le précédent. Nos personnages sont réfugiés dans un vaisseau qui n'est pas le leur et Néo est dans le coma après avoir fait quelque chose de tout à fait miraculeux. Trinity le veille. Mais pendant ce temps les sentinelles s’apprêtent à attaquer et détruire Zion. Ce dernier opus, comme tout troisième épisode d'une saga qui se respecte, s'annonce comme la bataille finale. Mais il est avant tout visuellement beaucoup plus diversifié. sIl y a beaucoup moins de scène dans la matrice et par conséquence beaucoup moins de filtres verts (alléluia). Il n'est plus utilisé que lors de moments clés, tel que l'ultime confrontation entre Smith et Néo. C'est une manière d'attirer l'attention délicatement du spectateur et de mettre en corrélation directe l'épilogue avec la problématique initiale. Cette rareté est justifiée aussi par la rencontre dans l'épisode précédent de notre héros avec l'Architecte qui lui a donné une partie des réponses.L'histoire se diversifiant les lieux et les décors le font aussi. Et le film se colore. Comme on l'avait vu dans matrix reloadedZion amène les couleurs chaudes et ocres dans le paysage. Il sont les points de chaleurs du film. Les vaisseaux qui semblaient crasseux dans le premier épisode, la sont plus perfectionnés presque aseptisés par moment. Ils sont d'un gris métallique et lumineux. Puis il y a la ville des machines, avec un univers plus proche des cannons de la science fiction habituelle. Un univers sans ligne d'horizon, noir avec des éclairages mauve. C'est à la fois inquiétant et rassurant, la beauté dans la frayeur.Ce chapitre étant dédié aux combats, c'est le moment d'admirer la créativité autour des effets spéciaux et leurs inventivités. Les sentinelles sont plus détaillées et c'est un régal. Il y a tout un petit monde inventé autour d'elles. On les voit combattre, on les admire en train d'évoluer en faisant bouger et flotter leurs tentacules. Leurs techniques de guerres et leurs déplacements sont assez hypnotiques et c'est la preuve de la minutie avec laquelle, elles ont été pensées. En face il y a les résistants de Zion. Et si les robots dans lesquels se glissent les hommes pour combattre on des airs de déjà vu, ils sont quand même fascinants. La manière dont ils se meuvent, dont ils tirent, ou dont on recharge les armes nous captive. C'est un vrai plaisir de le découvrir. J'avoue avoir eu un moment de fangirlisme quand je me suis aperçue que les réalisatrices avez baptisé un de leurs généraux Mifune. Si au début j'ai cru que c'était juste un clin d’œil à un immense acteur, je me suis dit après avoir vu le long métrage que c'était peut être également un marqueur de la philosophie du film et du héros. Néo ressemble beaucoup à un samouraï. Il a intégré différentes techniques, différentes philosophies et différentes sagesses. Puis il a du faire des choix déchirants. Tout cela a forgé un homme nouveau. Dans cet opus, il est plus solitaire,il prend ses décisions et se transcende, il fait ce qu'il croit juste sans plus en référer à Morphéus. Il est d'une humilité qui détonne face à ce qu'il a déjà accompli. Et il est intéressant de noter que comme dans les films de samouraï, des le début on devine le devenir de Néo,on sait pourquoi car ça nous est expliqué par l'oracle.L'un des principes sur lequel repose l'histoire est la recherche d'un équilibre, le yin et le yang; et ça se décline à différents niveaux. Il est le principal enjeu du film mais je ne veux pas trop en dévoiler, mais il est aussi présent quand le Hammer arrive à Zion qu'il détruit toutes les sentinelles; mais qu'en même temps il rend inutiles tous les appareils qui pouvaient éviter la prochaine attaque des mêmes sentinelles. Cette quette est également là lors de la conversation entre l'architecte et l'oracle. Ou encore lors de cette question qui revient sans cesse sur ce qui a changé et ce qui est resté le même?Dans cet épisode la destinée de Néo s'accomplit. Fini les atermoiements autour de l'homme providentiel. Les choses doivent être faites et c'est Trinity et Néo qui s'y collent. J'ai toujours aimé le personnage interprété par Carrie Anne Moss. Il est parfaitement écrit. Elle est forte, badass, sure d'elle, c'est une combattante. Mais c'est aussi une femme amoureuse, qui assume ses sentiments. Elle est farouchement actuelle. Je la trouve extraordinaire dans Matrix Revolutions. Elle est plus sure d'elle. Elle prend les choses en main, se détachant de l'ombre de Morphéus. C'est le duo qu'elle forme avec Néo et l'amour qui les lie qui prend le dessus. De plus vu que les incursions dans la matrice sont moins nombreuses, elle lâche un peu son total look en latex qui lui va si bien, pour des tenues plus simples mais qui mettent plus en valeur son humanité et les sentiments qui la traversent. Elle est bouleversante et émouvante, son jeu moins monolithique renforce l'impression d’honnêteté et de franchise. Néo voit l'aboutissement de son combat arrivé. Il finit le film les yeux bandés. Cette image nous rappelant à la fois un héros mythologiques, mais aussi les personnages des films d'arts martiaux qui arrivent à voir bien qu'aveugle. Il perçoit ce qui l’entoure malgré sa cécité. A partir de ce moment il est pleinement un héros. Dans ce film le personnage est beaucoup plus secret, réfléchit, et silencieux. Ce qui se reflète dans le jeu dépouillé de Keanu Reeves. La plus grande partie des choses passent par son regard, ses expressions, sa posture. Son minimalisme lui confère une aura de guide. Quant à leur histoire d'amour elle devient l'un des ressort principal de l'action. Ils se nourrissent l'un de l'autre. Ils lient leurs destins aussi étroitement que possible. Les sœurs wachowski arrivent à montrer l'étroitesse de leurs liens au détour de diverses scènes, sans s'appesantir sur eux, pour ne pas détourner le sujet du film, tout en démontrant l'importance de ce binôme.Quant aux combats entre Néo et Smith même s'ils sont moins nombreux , ils sont toujours plus intenses et spectaculairement chorégraphiés. Ce film est assez différent des autres et pourtant dans la parfaite lignée de ce qu'ils sont! J'ai adoré cette diversité.Revoir la trilogie Matrix a été un bonheur pour moi. Les redécouvrir m'a fait les réévaluer et j'ai adoré. J'ai redécouvert le travail impeccable des réalisatrices et l'investissement bluffant des acteurs.