SYNOPSIS: Jeanne Deber, dite " La Mante ", célèbre tueuse en série qui a terrorisé la France il y a plus de 20 ans, est contrainte par la police de sortir de l'isolement pour traquer son copycat. Elle accepte de collaborer à une seule condition : n'avoir qu'un seul interlocuteur, Damien Carrot, son fils, devenu flic pour racheter les crimes de sa mère, et qui refuse tout contact avec elle depuis son arrestation.
On le dit souvent désormais, la fiction sur TF1 a évoluée sensiblement depuis quelques années. Le traitement frontal de sujets à priori anxiogènes est désormais récurrent et la frilosité et le conformisme que l'on a longtemps reprochés à la chaine n'ont fort heureusement plus cours, n'en déplaise à ceux qui s'ingénient à ne vouloir voir aucune évolution. Aussi quand on découvre La Mante, nouvelle mini-série lancée ce lundi 4 septembre, on n'est guère étonné si l'on observe avec régularité le travail de la chaine, que ce projet ne déroge pas à cette nouvelle règle. Oui La Mante est un thriller, oui le sujet est d'une noirceur implacable et n'étirons pas le suspense plus longtemps, c'est extrêmement réussi. Cet attelage à priori inattendu d'un scénario noir de geai, de Carole Bouquet dans le rôle d'une tueuse en série et de Fred Testot en flic qui porte son ascendance comme une croix, pouvait de prime abord laisser circonspect. Sauf qu'une telle addition de talents (entourés, excusez du peu, de Jacques Weber, Frédérique Bel, Pascal Demolon, Manon Azem, Adama Niane, Serge Riaboukine, Robinson Stévenin ...) ne pouvait potentiellement pas décevoir. Mais les comédiens, aussi talentueux soient t-ils, ne peuvent se singulariser, qu'enjolivés par une mise en images et un texte qui soient à l'avenant. Et La Mante réussit magistralement à combiner le tout. Le scénario d'abord, signé Nicolas Jean, Alice Chegaray, Grégoire Demaison et Laurent Vivier est très réussi, agençant un récit policier tendu et cohérent et dont la plupart des scènes fonctionnent bien (quelques situations rocambolesques empêchent le sans-faute mais sans nuire à l'immersion dans le récit). La réalisation ensuite, confiée aux bons soins d' Alexandre Laurent, qui a déjà montré ses qualités sur Profilage et Le Secret d'Élise. Sur La Mante, de vrais choix esthétiques marqués, une direction artistique affirmée, une cohésion entre la forme et le fond, permettent aux six épisodes de former un ensemble parfaitement homogène.
L'histoire nous tient en haleine, nous embarque entre fausses pistes et rebondissements inattendus, surprises et effrois, le tout sur un rythme fluide, ni endiablé, ni trop lent mais avançant ses pions au fur et à mesure, nous agrippant par le col grâce à son efficacité. Les scènes chocs ne sont pas édulcorées et la violence graphique ne nous est pas épargnée, sans pour autant être ostentatoire, la caméra sachant s'échapper au bon moment mais sans laisser hors champ les images frappantes. La Mante fait penser notamment aux romans de Jean-Christophe Grangé ( Les Rivières Pourpres, Le Passager ....), les ramifications psychologiques des personnages, leur cheminement et la noirceur latente qui imprègne le récit ainsi qu'un enchainement de révélations sans temps mort, rappellent l'univers de l'écrivain bien que la série trouve sa propre identité visuelle et narrative sans concessions.
Le face-à-face entre Carole Bouquet et Fred Testot notamment tient ses promesses bien que la comédienne semble vraiment en retrait pendant la première moitié de la série avec un jeu très en dedans et monocorde. Fred Testot dévoile une palette extrêmement juste dans le drame, lui que l'on sait à l'aise dans le registre comique, bien qu'il se soit déjà illustré dans des tonalités plus contrastés ( Gardiens de l'Ordre de Nicolas Boukhrief ). Si leur duo fonctionne bien, montant en intensité au fil des épisodes, le comédien, très impliqué, impressionne par les variations dont il est capable. Autour d'eux, on l'a dit, c'est tout le casting qui est au diapason du génial Pascal Demolon au toujours juste Jacques Weber en passant par la superbe Manon Azem qui dévoile des possibilités dramatiques sous-exploitées jusqu'ici. C'est donc une belle réussite que La Mante prouvant si besoin était qu'une bonne histoire alliée à une mise en scène léchée et une distribution homogène était bien souvent une combinaison gagnante, quand bien même la série s'inscrivait dans un sillage déjà fortement labouré. La Mante ne révolutionne pas les séries, elle n'est certes pas parfaite mais elle nous prend dans ses filets et on s'y abandonne comme on plonge dans un polar haletant jusqu'à ce que le mot fin s'inscrive sur notre écran.
Crédits: TF1