Si l’été était rempli de blockbusters qui cherchaient à attirer l’attention au ciné, on peut dire que tous les regards étaient plutôt braqués sur HBO. Avec de nouveaux records d’audience, Game of Thrones a une nouvelle fois alimenté toutes les conversations avec une saison plus courte mais plus intense, bourrée de moments d’anthologie alors que la fin de la série approche.
A la fin de la sixième saison, les grands conflits en cours étaient résolus. Jon Snow récupérait Winterfell et devenait roi du Nord. Cersei faisait exploser le septuaire pour se débarrasser de ses ennemis et s’installait sur le trône. Et Daenerys sauvait Meereen et grâce aux Greyjoy voguait vers Westeros avec une puissante armée pour récupérer ce qui lui était dû. Une grande avancée qui augurait d’enfin voir le dernier acte de la série se resserrer sur ses principaux protagonistes et se recentrer sur les deux grands enjeux que sont la conquête du Trône de Fer et la lutte contre les Marcheurs blancs.
Cette saison plus courte (7 épisodes au lieu de 10) attaque d’emblée avec un rapide rappel de la situation et l’approche d’une guerre entre les trois monarque. Daenerys accoste à Peyredragon pour lancer son offensive avec ses alliés Greyjoy, Martel et Olenna Tyrell. Pendant ce temps Cersei prépare sa défense en s’alliant avec Euron Greyjoy (personnage haut en couleur qui fait tout pour irriter Jaime) et négocie avec la banque de fer. A Winterfell, Jon prévoit déjà de descendre négocier avec Daenerys pour lutter contre les marcheurs blanc et doit faire face à une Sansa qui ne se laisse plus faire alors que des retrouvailles sont proches.
A partir de ce point de départ, la saison va multiplier les rebondissements et révélations. Ainsi côté action, nous aurons droit à une attaque en mer en pleine nuit qui va mettre à mal les troupes de Daenerys qui part donc du mauvais pied, mais surtout à une grande bataille surprise entre les armées Lannisters et Dothrakis avec l’appui d’un dragon bien énervé. Une bataille éclair mais intense car il y a des personnages que nous aimons dans les deux camps et, en tant que spectateurs, ce ne sont pas seulement les images qui sont impressionnantes mais aussi les sentiments contradictoires qui surgissent. Et cela n’est rien par rapport à ce qui nous attend au nord du mur.
Mais il y a aussi beaucoup pour faire avancer les personnages. Arya retrouve enfin de l’intérêt et va devoir déjouer les plans que Littlefinger a réservé à sa soeur, Cersei se montre encore plus diabolique que jamais dans le sadisme et la manipulation et Sam pourrait bien découvrir certaines clés qui aideront Jon. Mais ce que tout le monde attendait, c’était la rencontre de Daenerys et Jon. Et celle-ci est parfaitement gérées, les deux personnages étant dans un rapport de respect et de tension permanent qui pourrait mener leur alliance très loin si ils arrivent à bien s’entendre.
Remplie de tension et de grands moments guerriers mais aussi d’émotions (le couple Missandei et Ver Gris est sans doute le plus touchant de la série, la rencontre entre Jon et Drogon est très forte) qui donnent à Game of Thrones une ampleur encore plus grande que précédemment. Le seul défaut est de maintenant sembler précipiter les événements avec des personnages qui se déplacent très vite d’un lieu à un autre là où il fallait parfois une demi-saison pour arriver à destination. Mais c’est un défaut minime quand on voit tout ce que le récit apporte en terme d’épique, de mythologie forte (des grandes références au début de la série illustrent bien la boucle de l’histoire), de discours politique, de machinations militaires, d’émotions et de divertissements.
Et si l’on pourra parfois reprocher à cette saison de privilégier l’action (sacrément bien mise en scène sans toutefois arriver au niveau de la bataille des bâtards) et le rythme à la psychologie, les créateurs reprennent le contre-pied dans le final en fouillant à nouveau les personnages et en s’intéressant à leurs interactions. En effet, c’est dans une sorte de Conseil d’Elrond final plus noir et plus tordu que nous assistons pour voir l’avenir de Westeros qui annonce de nouvelles alliances et tensions dans le pire moment possible pour les sept royaumes !
De manière parfois prévisible (car plus on approche de la fin, plus l’étau se resserre et les fans de théories vont voir bon nombre de leurs prédictions s’accomplir) mais mis en scène avec talent, et parce que c’est plus le voyage qui importe que la destination, les événements s’enchaînent et les personnages voient leur destin prendre forme. Mais sans oublier quelques impressionnantes surprises (certains personnages qui peuvent se révéler au dernier instant, d’autres se dérober), toutes les intrigues convergent vers un grand final qui devrait nous laisser bouche bée, même si il faudra de la patience pour y arriver. Bref, Game of Thrones met comme d’habitude les petits plats dans les grands, intensifie ses enjeux relationnels et politique, et développe des images fascinantes et intrigues passionnantes qui en font bien la série la plus impressionnante du moment.